La réforme de l'audiovisuel extérieur s'accélère

Après l'annonce mardi par Nicolas Sarkozy du regroupement des moyens de TV5, France 24 et Radio France Internationale (RFI) au sein d'une nouvelle chaîne appelée France Monde, Antoine Schwarz, PDG de RFI, annonce pour 2008 l'intégration de France 24 dans un GIE commun avec France 24.

Mardi, le président Nicolas Sarkozy a donné sa vision de la refonte de l'audiovisuel extérieur, en débat depuis son arrivée au pouvoir, exprimant son souhait qu'une nouvelle chaîne appelée France Monde, regroupant les moyens de la chaîne francophone TV5, de la chaîne d'information France 24 et de Radio France Internationale, soit créée "cette année".

Il a semblé, au passage, enterrer le concept même de France 24, créé il y a un an par la volonté de Jacques Chirac, et qui a basé son développement, son organisation et le recrutement de ses équipes sur la diffusion multilingue, français-anglais d'abord, puis en étendant progressivement ses plages de diffusion en arabe. Pour Nicolas Sarkozy, France Monde ne doit diffuser ses programmes qu'en "français". "Une chaîne publique, France Monde, qui garderait l'identité de chacun des participants, ne peut que parler français", a fait valoir le président. "Avec l'argent du contribuable je ne suis pas disposé à diffuser une chaîne qui ne parle pas français", a-t-il dit.

Nicolas Sarkozy a expliqué qu' "on peut parfaitement avoir un sous-titrage par région: espagnol, arabe, anglais, pour porter une vision française". "Entre Al Jazira, vision arabe, et CNN, vision anglo-saxonne, nous aimerions porter une vision française", a-t-il dit. Une démarche inverse à celle des concurrents internationaux de France 24: Al Jazira a ouvert un canal en anglais, quand BBC World a créé une version arable, tout comme la télévision russe...

Les modalités du regroupement des moyens de TV5, de France 24 et de RFI, sont "à débattre" pour "porter une présence de la France beaucoup plus massive que ce ne l'est aujourd'hui", a précisé le président.

Pour le PDG de Radio France Internationale (RFI) Antoine Schwarz, ces modalités semblent déjà plus ou moins connues: dans ses voeux de début d'année au personnel, il a indiqué que 2008 sera "une année de transition" vers "l'intégration plus ou moins grande dans un nouvel ensemble qui sera formé au niveau de l'audiovisuel extérieur". Il y aura "très probablement" une holding qui détiendra le contrôle de RFI, de TV5Monde et de France 24, et il a précisé que le comité de pilotage qui a travaillé à la réforme de l'audiovisuel extérieur public a proposé la création d'un groupement d'intérêt public (GIE) entre RFI et France 24, "qui serait rattaché à la holding".

Antoine Schwarz a estimé que la formule était "astucieuse" et a souhaité que la "période de transition et d'attente" qui s'ouvre désormais "soit la plus courte possible". Selon le PDG de RFI, la radio doit cependant "conserver son identité de chaîne, son autonomie et ses moyens propres de diffusion".

En revanche, il estime que France 24 (diffusé en français, anglais et arabe) et RFI, qui est diffusé dans plusieurs langues, peuvent mettre en commun "la production de l'information"

Selon Antoine Schwarz, le GIE, prévu dans le rapport, permettrait "une mutualisation de la collecte et du traitement de l'information" et assurerait "la gestion d'un portail Internet commun". Rappelant que la France dispose, grâce à RFI, du "premier réseau FM du monde", avec près de 170 émetteurs sur quatre continents, Antoine Schwarz a jugé que RFI, "par son organisation et ses capacités intrinsèques" avait "une longueur d'avance qui lui donne vocation à être le principal fournisseur de ressources à une structure de ce type".

Le PDG de RFI a par ailleurs indiqué que la radio avait pour objectif de se développer sur de nouveaux territoires. Il estime que le développement de la radio numérique permettra à RFI d'être diffusé nationalement en France, "au moins sur les grandes villes". Il se propose de développer des programmes continus sur la journée pour l'anglais (à destination de l'Afrique), pour le portugais (à destination du monde lusophone) et pour l'espagnol.

Le syndicat SNJ de RFI a cependant dénoncé dans un communiqué distribué à l'occasion des voeux les fermetures d'émetteurs effectives ou prévues dans plusieurs pays. Interrogé après le discours, un délégué s'est déclaré "inquiet" devant "le flou" du projet.

Antoine Schwarz a jugé que les remarques du président Nicolas Sarkozy, souhaitant que l'audiovisuel extérieur s'exprime en français, éventuellement sous-titré, ne concernaient "que la télévision" France 24.

Ces discours contradictoires sur le multilinguisme ne semblent pas aller dans le sens de la simplification et la plus grande cohérence de l'action audiovisuelle extérieure que la réforme est censée rechercher.

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