Hausse des prix : Leclerc menace de retirer des produits populaires de ses rayons

Le groupe de distribution fait savoir via une campagne de publicité que six produits de grandes marques tels que le fromage La Vache qui rit ou une crème anti-rides L'Oréal, pourraient être retirés des rayons de ses supermarchés prochainement. En cause: la hausse exagérée, selon lui, des prix de ces produits.

La guerre des prix entre distributeurs et industriels fait rage dans la grande distribution. Alors qu'une réforme de la loi Galland devrait intervenir prochainement, le groupe de supermarchés Leclerc est monté d'un cran ce mercredi dans "sa bataille" contre les hausses des tarifs des industriels. Le groupe a en effet menacé publiquement de retirer de ses rayons certains articles de grandes marques, accusant les industriels d'exagérer leurs hausses de tarifs. Une première dans la grande distribution.

Le leader de la grande distribution en France, via une campagne publicitaire dans la presse, menace de retirer de la vente à partir du 1er février six produits très populaires dans les rayons. Il s'agit du fromage La Vache qui rit (Bel), d'un produit d'entretien Ajax (Colgate), de crèmes anti-rides (L'Oréal et Nivea), d'un sirop Pulco (Orangina) et d'un cake (Brossard), dont les tarifs auraient augmenté de 18,29% à 20,63% entre août 2007 et janvier 2008, selon Leclerc.

Un scandale pour les industriels, qui sans contester ces hausses de tarifs, dénoncent "les exemples caricaturaux" pris par Leclerc. Selon le président de l'Institut de liaison et d'études des industries de consommation (Ilec), Olivier Desforges, ces exemples induisent "en erreur le consommateur en donnant l'idée que ce sont les prix qui vont augmenter de 20%", alors qu'il ne s'agit que de propositions de tarifs.

"C'est démagogique, scandaleux et pas correct. Leclerc veut passer pour une ONG qui défend le pouvoir d'achat du consommateur alors qu'il en fait son business", a renchéri de son côté Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). Ce dernier a souligné qu'un préavis variant entre un mois à un an était nécessaire avant tout déréférencement et a menacé d'"action judiciaire" si Leclerc passait outre ce cadre juridique.

En fait, les menaces de "déréférencement" des produits sont courantes dans le secteur, mais elles interviennent discrètement, lors de négociations internes entre distributeurs et industriels. C'est la première fois qu'un distributeur utilise cet argument publiquement, par voie publicitaire. Pour le patron du distributeur, Michel-Edouard Leclerc, il s'agit de pousser "les industriels à accepter de baisser leurs tarifs à un niveau raisonnable. Les hausses des matières premières ont beau dos", dénonce-t-il.

Un argument d'ailleurs utilisé par le groupe fromager Bel. Réagissant à la publicité, celui-ci a insisté sur le fait que "tous les cours des matières premières utilisés dans ses produits ont augmenté de 25% à 40% entre août 2007 et janvier 2008", pour expliquer la proposition de hausse de tarifs de 20,63%.

De leur côté, les industriels, tels que l'Ilec et l'Ania, soulignent que les propositions de tarifs sont traditionnellement très éloignées des tarifs finaux, après les négociations sur les ristournes ou les volumes fournis. Ainsi, les tarifs finaux n'auraient augmenté "que" de 5% entre 1998 et 2007, à euros courants, selon l'Ilec.

Derrière ce bras de fer se joue l'éventuelle réforme de la loi Galland qui pourrait être inscrite dans la "loi de modernisation de l'économie", prévue pour le printemps. Celle-ci pourrait mettre fin au principe de la "non-discrimination", qui permet aux industriels d'imposer le même tarif à tous les distributeurs, comme le demandent les commerçants, Leclerc en tête, alors que les fournisseurs y sont opposés. En décembre, une réforme partielle était intervenue, en donnant une plus grande marge de manoeuvre aux distributeurs pour baisser les prix, en assouplissant le seuil de revente à perte dont la définition était jusque là trop rigide

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