Le ministre allemand Peer Steinbrück prône une réforme pour stabiliser le système financier

Avant que ne s'ouvre la réunion du Fonds monétaire international à Washington, le ministre des Finances allemand estime ce jeudi dans les colonnes du Handelsblatt que les mécanismes de correction par les marchés ne suffisent pas pour réparer les errements des banques.

Les mécanismes de correction des marchés ne sont pas efficaces si les banques peuvent compter sur les Etats ou banques centrales pour leur venir en aide en cas de péril, déclare le ministre des Finances allemand, Peer Steinbrück, dans une interview donnée ce jeudi à notre partenaire Handelsblatt. Un tel comportement conduit à laisser la porte ouverte à de nouvelles manoeuvres spéculatives pouvant créer des bulles financières, estime-t-il.

"Certains acteurs sur les marchés pensent que l'Etat peut plonger en cas de doute pour éviter de plus fortes secousses pour l'ensemble de l'économie", observe le ministre, qui reconnaît dans le même temps qu'il n'existe pas à ce jour de parade convaincante à ce problème. En Allemagne, l'Etat est intervenu, via la banque publique KfW, pour couvrir les pertes endurées par la petite banque semi-publique IKB.

En ayant dans ses comptes 24 milliards d'euros de dépôts détenus en majorité par des caisses d'épargne locales, la faillite d'IKB aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Aussi l'Etat "a eu raison d'intervenir", explique le ministre.

Cependant, ce sauvetage d'IKB "ne peut signifier que l'Etat a délivré un chèque en blanc pour de futures opérations de sauvetage ailleurs. Les dirigeants bancaires doivent en avoir conscience", souligne le ministre.

Mercredi, un lobby bancaire, l'Institut of International Finance, présidé par le patron de Deutsche Bank, Jo Ackermann, a prôné l'auto-régulation pour sortir les banques de la crise. Steinbrück s'en prend de son côté aux financiers ayant fait perdre des milliards de dollars par leurs investissements hasardeux sur le marché immobilier. "La cupidité a court-circuité la réflexion", sermonne-t-il.

Peer Steinbrück redoute que le besoin de recourir à de nouvelles dépréciations dans les comptes des établissements bancaires "puisse perdurer jusqu'à la fin de l'année, peut-être plus longtemps".

La crise du crédit et ses conséquences seront au coeur des discussions de la réunion du Fonds monétaire international (FMI) à Washington se tenant ce week-end. L'institution vient de porter à 950 milliards de dollars son estimation des risques globaux encourus par les banques du fait de la crise du "subprime".

Le ministre allemand s'en prend également, pour la première fois publiquement, à la politique de réduction massive des taux d'intérêts pratiquée par la Réserve fédérale américaine (Fed): "les risques existent effectivement que les taux bas américains conduisent à créer une nouvelle bulle qu'il s'agit précisément d'éviter", déclare Steinbrück. Il a déjà évoqué ce sujet dans le cadre du G7 des grands pays industrialisés.

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