Le président de la République promet réformes et changements aux médias

Modernisation du système de distribution de la presse, suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques, texte sur la protection des sources, chaîne internationale en français... Autant de réponses que le président a apporté ce mardi matin devant les 500 journalistes venus assister à sa première conférence de presse. D'importantes modifications à venir, donc.

Le "premier problème" est celui de la distribution de la presse écrite

Sur la situation préoccupante de beaucoup de quotidiens nationaux, le chef de l'Etat a estimé que le "premier problème" était celui de la distribution. Il explique que "le journal aujourd'hui n'est plus accessible", déplorant qu'il y ait "de moins en de moins de kiosques" et que "le portage coûte une fortune". Sa solution: un "plan de modernisation de la distribution de la presse". Le gouvernement de François Fillon est prêt "à aller très loin" a t-il ajouté.

Les NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne), principale société chargée de la distribution de la presse en France, qui ont lancé au printemps un plan de développement, baptisé "Défi 2010" destiné à assainir sa situation financière, à améliorer l'offre et à enrayer la baisse du nombre de marchands de journaux, pourraient être réformées davantage. Le directeur général des NMPP, Rémy Pflimlin, a en tout cas estimé mardi après-midi que ces propos du chef de l'Etat constituaient un "formidable encouragement" au plan de modernisation de son institution.

Le "deuxième problème" est celui de la sous-capitalisation de la presse

Nicolas Sarkozy a estimé que le deuxième problème qui se posait à la presse était celui de sa "sous-capitalisation", qui "ne permet pas aux organes de presse d'investir". Il a critiqué les "grandes déclarations un peu ridicules auxquelles nous avons assisté récemment sur la propriété de tel ou tel" journal. Le président faisait notamment référence au rachat récent du groupe Les Echos par Bernard Arnault, PDG du groupe de Luxe LVMH (propriétaire de La Tribune jusqu'à sa vente imminente à Alain Weill). "Que des gens qui ont des moyens investissent dans un journal, c'est une très bonne nouvelle", a-t-il dit. "On ne peut pas dire, a-t-il rajouté, que la presse est une industrie et refuser d'avoir des actionnaires pour financer cette industrie". Puis de répéter: "ce qui nuit à l'indépendance c'est qu'on ne puisse pas acheter son journal parce qu'il n'y a plus d'endroits où on le vend".

"Un journaliste digne de ce nom ne donne pas ses sources"

Le président a promis un texte en 2008 sur la protection des sources des journalistes, répondant à Mireille Lemaresquier, présidente de l'association de la presse présidentielle. Il a affirmé: "un journaliste digne de ce nom ne donne pas ses sources. Chacun doit le comprendre, chacun doit l'accepter. Sa promesse: "En 2008, on fera ce texte" sur la protection des sources, qui doit permettre d'étendre au domicile privé des journalistes les garanties prévues pour les locaux d'entreprise de presse. Plus largement, il a néanmoins ajouté: "il m'arrive d'être mitigé sur le respect d'une certaine déontologie professionnelle de certains de vos confères, je ne l'ai jamais caché et je l'assume", tout en rajoutant toutefois: "je préfère les excès de la presse à l'absence de la presse".

"Je souhaite donc que le cahier des charges de la télévision publique soit revu"

Autre thème abordé pendant son discours, autre volonté de changement. Pour Nicolas Sarkozy, "le service public son exigence, son critère, c'est la qualité. Sa vocation, c'est offrir au plus grand nombre un accès à la culture, c'est favoriser la création française". "Je ne veux pas dire que la télévision publique doit être élitiste ou ennuyeuse. Mais seulement qu'elle ne peut pas fonctionner selon des critères purement mercantiles", a-t-il expliqué. Et pour parvenir à mettre en oeuvre une "véritable révolution culturelle dans la télévision publique". il a ainsi annoncé: "Je souhaite donc que le cahier des charges de la télévision publique soit revu, profondément, et que l'on réfléchisse à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques qui pourraient être financées par une taxe sur les recettes publicitaires accrue des chaînes privées et par une taxe infinitésimale sur le chiffre d'affaires de nouveaux moyens de communication, comme l'accès à Internet ou la téléphonie mobile".

Une annonce qui a aussitôt provoqué un mouvement de fièvre boursière sur les titres TF1 et M6 dont les performances atteignaient des gains de respectivement 11,13% et 5,34% en fin d'après-midi.

Réagissant à cette annonce, le PDG de France Télévisions, Patrick de Carolis, a estimé qu'une "clarification" avait ainsi été faite aujourd'hui par le président de la république, clarification qui "valide notre stratégie éditoriale". L'annonce du chef de l'Etat devrait ainsi permettre de "renforcer encore l'identité du service public, en confortant le travail mené depuis deux ans et que nous souhaitons amplifier". Elle entraînera "évidemment de nombreuses conséquences pour le groupe France Télévisions, car elle modifie profondément notre modèle économique", a-t-il ajouté.

"Avec l'argent du contribuable je ne suis pas disposé à diffuser une chaîne qui ne parle pas français"

Enfin, parmi les souhaits exprimés, la volonté de créér "cette année" une nouvelle chaîne appelée France Monde, regroupant les moyens de TV5, France 24 et Radio France Internationale, et qu'elle ne diffuse qu'en "français". "Une chaîne publique, France Monde, qui garderait l'identité de chacun des participants, ne peut que parler français", a fait valoir le président expliquant qu'"avec l'argent du contribuable je ne suis pas disposé à diffuser une chaîne qui ne parle pas français", a-t-il dit. Nicolas Sarkozy a expliqué qu'"on peut parfaitement avoir un sous-titrage par région: espagnol, arabe, anglais, pour porter une vision française". "Entre Al Jazira, vision arabe, et CNN, vision anglo-saxonne, nous aimerions porter une vision française", a-t-il dit. L'idée est de créer un label France Monde "le plus rapidement possible, en tout cas cette année", a-t-il dit, en rappelant qu'il s'agissait de regrouper les moyens de TV5, de France 24 et de RFI "selon des modalités à débattre" pour "porter une présence de la France beaucoup plus massive que ce ne l'est aujourd'hui".

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