L'ex-patron de Deutsche Telekom dans le viseur de la justice

L'affaire d'espionnage au sein de Deutsche Telekom est désormais instruite par le parquet de Bonn, lequel vise plusieurs anciens responsables, dont l'ex-président Kai-Uwe Ricke. Les représentants des salariés au conseil de surveillance ont porté plainte.

L'ex-patron de Deutsche Telekom, Kai-Uwe Ricke, débarqué fin 2006, et l'ancien président du conseil de surveillance Klaus Zumwinkel, font partie des personnes visées par l'enquête ouverte ce jeudi par le parquet de Bonn, la ville abritant le siège du géant allemand des télécoms.

Avant la publication d'un article lundi dans le Spiegel révélant une vaste affaire d'espionnage chez l'ex-monopole public, son actuel président, René Obermann, avait admis dans un communiqué que le groupe avait dans le passé fait surveiller les communications de membres de son conseil de surveillance, représentants les salariés, et de journalistes:

Deutsche Telekom se défend d'avoir écouté des conversations téléphoniques, mais a bien fait examiner des listes d'appel par des cabinets de détectives ou entreprises de sécurité, afin d'identifier les sources de fuites à la presse.

S'estimant les victimes d'une vaste opération de surveillance organisée à leur insu, les dix représentants des salariés au conseil de surveillance, soit la moitié du collège, ont décidé de porter plainte, a déclaré jeudi le vice-président de l'organe Lothar Schröder, qui y représente le syndicat Verdi.

Deutsche Telekom reconnaît les faits pour les années 2005 et "vraisemblablement" 2006. Mais jeudi, le quotidien Financial Times Deutschland rapportait que les premiers cas pourraient dater de l'an 2000. Et que l'un de ses journalistes aurait été parmi les cibles du groupe.

Si l'actuel conseil de surveillance fait front uni derrière le patron René Obermann, qui dirigeait la branche mobiles à l'époque des faits (entre 2005 et 2006 du moins) , l'étau se resserre en revanche autour de son prédécesseur, Kai-Uwe Ricke et de l'ex président du conseil de surveillance, Klaus Zumwinkel, même s'ils démentent catégoriquement. Ce dernier, ex-patron de Deutsche Post, a dû abandonner ses mandats en début d'année, mis en cause dans un autre scandale, d'évasion fiscale cette fois-ci.

Un prestataire de Deutsche Telekom a expliqué au Handelsblatt comment il avait été chargé d'identifier l'origine de fuites à des journalistes, en filtrant des milliers de communications, et que les ordres "venaient d'en haut". Le parquet de Bonn va vérifier cette hypothèse, une autre possibilité étant que les prestataires ont pris l'initiative eux-mêmes de rechercher les auteurs de fuites.

Le groupe a souligné dans un communiqué vouloir aider à faire la lumière sur cette affaire, mais a reconnu mercredi avoir étouffé l'an dernier le premier cas porté à sa connaissance. A l'époque, le groupe qui affrontait un mouvement social lors de la mise en place d'un vaste plan d'externalisation de personnel, ne souhaitait pas mettre un peu plus d'huile sur le feu.

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