Le FMI retient un scénario très sombre pour l'économie mondiale

Selon le Fonds monétaire international (FMI), la crise financière affecterait durablement la croissance américaine qui ne dépasserait pas 0,5% en 2008 et 0,6% en 2009. La croissance mondiale passerait de 4,9% l'an dernier à 3,7%. Les pays émergents résisteraient plutôt bien.

L'économie mondiale ne pouvait pas sortir indemne de la crise financière la plus grave depuis la Grande Dépression de 1929. Mais le scénario de croissance retenu par le Fonds monétaire international (FMI), dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, fait froid dans le dos, confirmant les "fuites" de la semaine dernière.

Non seulement l'économie américaine n'échapperait pas à une "légère récession" cette année, un avis partagé par la Réserve fédérale, mais elle continuerait de se languir l'an prochain. Les Etats-Unis croîtraient de seulement 0,5% en 2008 et 0,6% en 2009. L'économie mondiale ralentirait sensiblement de 4,9% l'an dernier à 3,7% cette année et 3,8% l'an prochain.

Les grands argentiers du G7 qui se réunissent ce week-end à Washington, en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, auront fort à faire pour rassurer les marchés même si certains pays ont déjà fait savoir qu'ils ne partageaient pas le pessimisme des prévisions du FMI, qui envisage une crise économique durable. Paris les trouve "exagérément négatives" tandis que le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, les a qualifiées d'"exagérées".

L'activité au sein de la zone euro progresserait de 1,4% seulement cette année, selon le FMI, ce qui revient à dire que "la croissance stagnerait au cours des trois derniers trimestres", relève-t-on à Paris. Peu touché par la crise financière, le Japon ralentirait à 1,4% cette année et 1,5% l'an prochain.

Pour le FMI, "il est particulièrement préoccupant de noter que l'économie mondiale fait maintenant face à une réduction générale du levier d'endettement alors que les mécanismes de création de crédit ont été affectés à la fois dans le système bancaire et les marchés des valeurs mobilières - c'est-à-dire que les deux moteurs du système financier ont des ratés en même temps". Les pertes occasionnées par la crise des "subprimes" pourraient être "de l'ordre de 440-510 milliards de dollars pour le secteur bancaire sur un total de pertes potentielles de 945 milliards de dollars".

Faut-il dès lors craindre un "credit-crunch" (contraction du crédit) généralisé? "Les répercussions sur les prêts bancaires ne sont pas forcément directement proportionnelles à la détérioration des fonds propres", reconnaît le Fonds. Les banques américaines en particulier ont levé des capitaux - environ 85 milliards de dollars pour des pertes déclarées de 190 milliards - notamment auprès de fonds souverains.

Mais pour l'heure, estime le patron de la Société Générale, Daniel Bouton, "il n'y a pas la moindre raison qu'il y ait un resserrement quantitatif du crédit en France". Le FMI estime pourtant que la croissance de l'économie française ralentirait à 1,4% en 2008 et 1,2% en 2009.

Les pays émergents tireraient en revanche plutôt bien leur épingle du jeu. Au cours des cinq dernières années, rappelle le FMI, la Chine explique à elle seule un quart de la croissance mondiale, le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie environ la moitié. Les pays émergents représentent désormais un tiers du commerce mondial.

La croissance des pays émergents et en développement ralentirait donc légèrement, passant de 7,9% en 2007 à 6,7% en 2008 et 6,6% en 2009, selon le FMI. La croissance chinoise passerait ainsi sous la barre des 10% et elle se maintiendrait autour de 8% en Inde. Le continent africain se maintiendrait à près de 7% cette année et l'an prochain.

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