Affaire du parachute doré de Gautier-Sauvagnac : Laurence Parisot se fâche

L'ancien président de l'UIMM, l'Union des industries et métiers de la métallurgie, Denis Gautier-Sauvagnac, a négocié une indemnité de départ de 1,5 million d'euros et la prise en charge financière par l'organisation patronale d'une éventuelle condamnation dans l'affaire des retraits suspects. La patronne du Medef, Laurence Parisot, veut réagir.

L'ancien président de l'UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac, a négocié une indemnité de départ de 1,5 million d'euros et la prise en charge financière intégrale par l'organisation patronale d'une éventuelle condamnation dans l'affaire des retraits suspects.

Révélés par l'hebdomadaire Marianne à paraître samedi, ces deux accords conclus entre DGS et l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) ont été confirmés ce vendredi par l'UIMM. Ils auraient été négociés respectivement début novembre et fin décembre.

M.Gautier-Sauvagnac a obtenu le versement d'une indemnité de départ de "plus d'un million d'euros" peu avant son départ le 15 novembre de la présidence du patronat de la métallurgie, selon cette source. Cette indemnité s'élève à 1,5 million d'euros, affirme de son côté Marianne.

Le second accord "garantit à M.Gautier-Sauvagnac que toutes les condamnations éventuelles liées à la procédure judiciaire en cours seront financièrement prises en charge par l'UIMM", assure Marianne. Le contenu de ce second accord aurait été, selon l'hebdomadaire, "partiellement dissimulé à certains membres du bureau" de l'UIMM qui réunit des dirigeants de grands groupes industriels français.

"Il y a une tradition d'opacité considérable dans cette fédération", a pour sa part estimé une source proche du dossier. Sa signature est intervenue à la même époque que l'élection de Frédéric Saint-Geours à la tête de l'organisation patronale.

L'UIMM, une des principales fédérations patronales française, a confirmé ces deux points, précisant que les 1,5 million d'euros constituaient une somme "brute, soumis à cotisation et à impôt".

Ces accords, négociés avec Michel de Virville, mandaté par le bureau de l'union patronale, auraient pour objectif, selon une source proche du dossier, de s'assurer du silence de M. Gautier-Sauvagnac dans le dossier des retraits suspects, pour lequel il a été mis en examen le 15 janvier, notamment pour "abus de confiance".

Quelque 19 millions d'euros ont au total été retirés entre 2000 et 2007 sous son autorité. Les enquêteurs soupçonnent que la majeure partie de ces sommes a pu servir au financement occulte de syndicats.

Denis Gautier-Sauvagnac n'en dit rien et se contente d'affirmer qu'il avait procédé, comme ses prédécesseurs, "à des remises de fonds aux représentants des organismes participant à la vie sociale du pays"

"Je n'ai sur ce sujet aucun commentaire à faire", a réagi à l'AFP Me Jean-Yves Le Borgne, avocat de DGS. "Pour moi le coeur du débat, c'est la fluidification des relations sociales", a-t-il ajouté.

Ces deux contrats n'ont pas été versés au dossier instruit par le juge financier Roger Le Loire, selon des sources judiciaires. Ces contrats pourraient conduire la justice à envisager des poursuites contre l'organisation en tant que personne morale pour "complicité" des chefs reprochés à M. Gautier-Sauvagnac, selon une source proche du dossier.

L'ancien président du patronat de la métallurgie reste délégué général de l'organisation et continue de percevoir un salaire d'environ 20.000 euros par mois. Il a annoncé le 11 décembre qu'il quitterait l'UIMM en 2008. Selon Marianne, le contrat conclu en novembre stipulerait qu'il "quittera ses fonctions de délégué général au plus tard le 31 janvier 2009".

Dans ce dossier, le délégué général adjoint de l'UIMM, Dominique de Calan, a lui aussi été mis en examen le 14 février pour complicité et recel d'abus de confiance. Selon une source proche du dossier, il pourrait avoir conclu des accords similaires à ceux de Denis Gautier-Sauvagnac.

Interrogé ce vendredi en marge d'une visite de soutien à Nicolas Perruchot, maire-candidat du Nouveau Centre à Blois, Le Premier ministre Fillon a indiqué: "je ne suis pas à l'UIMM, je n'ai pas d'informations précises à ce sujet. Je crois que ce qui est important dans ce domaine, c'est que la justice fasse son travail, c'est à dire qu'on sache s'il y a eu des erreurs, des fautes commises à l'UIMM et qu'ensuite les sanctions soient prises. Naturellement, s'il doit y avoir des sanctions, j'imagine que ces questions d'indemnités de départ seront revues".

Selon le Medef, sa présidente, Laurence Parisot, a réagi de façon beaucoup plus radicale. Elle a interrompu ses vacances et promis d'"analyser la situation et prendre les décisions qui s'imposeront".

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