Audiovisuel public : Nicolas Sarkozy envisage une disparition "progressive" de la publicité

Suppression de la publicité sur la télévision publique, mais peut-être progressivement, pas de privatisation de chaîne: c'est ce qu'a annoncé Nicolas Sarkozy ce mardi à l'occasion de l'installation d'une commission chargée de réfléchir à la "nouvelle télévision publique". Le rapport de la Commission doit être prêt fin mai.

Nicolas Sarkozy a donné le coup d'envoi ce mardi à la commission chargée de mettre en oeuvre son projet de suppression de la publicité à la télévision publique. Tentant de calmer les craintes, le Chef de l'Etat a répété qu'"il n'y aurait pas de privatisation de France Télévisions" et que "chaque euro" de publicité serait compensé.

Tout en maintenant la date butoir du 1er janvier comme entrée en vigueur de la réforme, Nicolas Sarkozy a demandé aux membres de la commission de réfléchir à deux options. Il s'agit soit de supprimer toute publicité à cette date, soit d'agir progressivement "en commençant en 2009 par supprimer la publicité après 20h00 sur l'ensemble des chaînes de France Télévisions".

"Le service public doit marquer davantage sa différence et s'efforcer de tirer vers le haut un paysage audiovisuel que la gravité naturelle entraîne vers le bas", a-t-il ajouté, plaidant pour une télévision publique "dangereuse et audacieuse" qui "doit prendre des risques".

Alors que l'annonce brutale de la réforme le 8 janvier dernier semble avoir commencé à perturber la régie publicitaire de France Télévisions, Nicolas Sarkozy a également tenu à rassurer les équipes. "Pour appuyer les investissements nécessaires au passage au tout numérique, j'ai demandé au gouvernement d'expertiser la possibilité d'apporter à France Télévisions une dotation en capital dès 2008".

Parmi les pistes étudiées pour compenser le 1,2 milliard d'euros de manque à gagner, comme l'estiment les syndicats de France Télévision, le chef de l'Etat a demandé à la commission d'examiner la mise en place d'un "panachage de ressources" incluant une contribution des chaînes de télévision privées qui bénéficieront d'un report de recettes publicitaires et une contribution des opérateurs de télécommunications "assise sur l'assiette la plus large possible".

Reste que les groupes privés susceptibles d'être mis à contribution - chaînes de télévision privées, opérateurs de téléphonie mobile, fournisseurs d'accès Internet... - se livrent depuis lors à un lobbying effréné pour payer le moins possible.

Mangeant son pain noir, le président de France Télévision Patrick de Carolis a jugé à sa sortie de l'Elysée, que "la feuille de route est claire. Nous avons eu des réponses à certaines demandes que nous formulions", a-t-il expliqué.

Présidée par Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, la Commission est dotée de 28 membres venus de tous bords parmi lesquels, la ministre de la Culture Christine Albanel, la Ministre de l'Economie Catherine Lagarde, le conseiller à l'Elysée, Claude Guéant, mais aussi le producteur Jacques Chancel, le directeur de Dailymotion Martin Rogard le patron de l'agence CAPA Hervé Chabalier, ou encore les députés UMP Patrice Martin-Lalande et le sénateur Louis de Broissia.

Une première réunion est prévue le 27 février. "Nous aurons quatre ateliers de travail: nouveau contrat de service public, nouveau modèle économique, nouvelles technologies et gouvernance", a déclaré Jean-François Copé à la presse en indiquant que le rapport devrait être prêt "fin mai".

Le président du groupe UMP a l'Assemblée nationale a également souhaité que cette commission comprenne des parlementaires d'opposition. Interrogé par l'AFP (Agence France Presse), le député PS Michel Françaix, spécialiste des questions d'audiovisuel, a déclaré qu'il n'était "pas hostile par principe" à y participer "à condition que tout ne soit pas pipé d'avance", même si pour le moment, "les conditions ne sont pas encore remplies". Le député attend des "précisions" sur "la parité et "sur la proportionnalité majorité-opposition".

En parallèle, Jean-François Copé, a plaidé pour une "co-production" législative associant le gouvernement, des experts et les parlementaires. "Sur ces deux sujets, le rapport Attali et la télévision publique, la volonté qui est la nôtre, nous les députés UMP, c'est de participer très activement au travail législatif", autrement dit de participer activement à la rédaction des textes de loi.

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