Londres redoute une gouvernance mondiale de la finance

Avec le vote au Sénat américain, la réglementation financière prend tournure aux États-Unis. Londres y voit des prémices inquiétantes.

'Ceci est la reproduction de la Chronique de la City, publiée tous les samedis dans La Tribune numérique)

Il y a bien quelques éternels optimistes, qui pensent que le pire n'est jamais sûr. « Si les banques n'ont plus le droit de faire du trading pour leur propre compte, on imagine que quelqu'un d'autre prendra leur place. Cet argent pourrait toujours être géré ailleurs », veut croire un haut dirigeant d'un groupe financier coté.

Ces voix positives commencent cependant à se faire rare. Après la tempête de l'euro, la décision unilatérale d'Angela Merkel d'interdire la vente à découvert nue et le vote par le Sénat américain d'une loi de régulation financière inquiète la City.

« Peu de survivants »

Ce texte, qui reste à réconcilier avec celui de la Chambre des représentants, est considéré comme le premier pas vers des règles internationales très dures contre la finance.

Le titre d'un séminaire qui se tient la semaine prochaine à Londres résume le sentiment général : « des nuages réglementaires recouvrent les institutions financières internationales. Peu de survivants. »

Alors que voilà quelques années, la City se réjouissait des règles américaines en espérant que cela ferait venir les affaires à Londres, ce n'est plus du tout le cas. Les décisions de Barack Obama sont désormais considérées comme un prémice de ce qui attend les financiers à travers le monde.

Gouvernance mondiale

« Certains amendements envisagés aux États-Unis, notamment la nécessité des banques de se séparer leurs opérations de swaps, pourraient provoquer des changements gigantesques », avertit Xavier Rolet, le directeur général de la bourse de Londres.

Lui-même se dit persuadé qu'une « gouvernance mondiale de la finance » est en train d'émerger. Mais il avertit, faisant référence à la récente décision d'Angela Merkel, "à chaque fois qu'une décision unilatérale a été prise, elle a été punie."

L'inquiétude est d'autant plus grande que le nouveau gouvernement britannique préconise lui aussi une séparation entre banques d'investissement et de détail. Pour l'instant, seule une commission a été mise en place sur le sujet, avec copie à rendre dans un an. Mais politiquement, le projet est sérieux et toute réforme américaine pourrait lui apporter des idées.

Personne n'est d'accord

La réaction corporatiste de la City ne surprend pas. Bien que tous les leaders financiers clament haut et fort qu'une nouvelle réglementation est nécessaire, personne n'est plus d'accord quand les détails en sont dévoilés.

C'est vrai sur la directive européenne encadrant les hedge funds ; c'est vrai sur la séparation des banques en deux ; c'est vrai aussi sur l'augmentation de leurs fonds propres...

Après avoir fait semblant de coopérer, il est de plus en plus évident que deux camps s'affrontent directement : les gouvernements et les marchés. Le vote au Sénat américain a fait un peu plus pencher la balance vers les premiers.

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