Ah, les vocalises ! En appuyant sur la touche « RS », cette petite Clio émet un bruit rauque et rageur dont on ne se lasse jamais. Au rétrogradage, ultra-rapide, on a droit au double « vroum » évoquant les anciennes voitures de rallye sur lesquelles il fallait pratiquer le double débrayage. Un son jamais envahissant, mais d'une sensualité… Bien sanglé par une ceinture de sécurité rouge, virevoltant d'un virage à l'autre, l'œil sur les envolées du compte-tours, on s'y croirait. Avis aux amateurs : cette sportive, mise au point par les sorciers de Renault Sport - ceux qui concoctent les F1 -, est une réussite. Bravo, les gars !

Utilisable en (petite) famille

Bon d'accord, les puristes ne la trouveront pas assez extrême. Mais, les autres apprécieront une bombinette utilisable au quotidien sans vous matraquer les vertèbres. Bref, du plaisir tous les jours et même en (petite) famille. La RS reprend en effet la carrosserie de la Clio IV à cinq portes - dont les deux arrière ont leur poignée dissimulée pour donner de loin l'impression d'une deux portes. Elle est donc tout à fait utilisable par un couple et un enfant en bas âge. Seules les moulures de bas de caisse, à l'avant et à l'arrière, l'allure surbaissée, des grandes jantes au dessin spécifique, et la double sortie d'échappement distinguent cette RS des autres Clio. On remarque son allure affinée, mais, pour le reste, rien qui attire le regard. Une discrétion de bon aloi.

A l'intérieur, à part les sièges et les touches rouges orangées de-ci de-là, rien de spécial non plus. Ici, on regrette cette insuffisante différenciation. Mais il fallait faire des économies. Au moins, les sièges en cuir - en option à 1.000 euros - rehaussent-ils l'ensemble ! La vitesse s'affiche en gros devant les yeux. Parfait. Les cadrans sont lisibles. L'ergonomie est bonne, la position de conduite adéquate et facile à trouver. Mais l'absence de réglage lombaire avec des dossiers trop mous fatigue à la longue. Les plastiques sont bien assemblés mais durs. La finition est meilleure que sur le Captur, mais en baisse par rapport aux versions de pointe de sa devancière, la Clio III . L'écran tactile, simple, pratique est une excellente idée. Malheureusement, il n'est pas toujours très sensible, et il faut en roulant parfois tâtonner à deux ou trois fois. Nous avons aussi subi quelques dysfonctionnements - comme lors de l'essai du Captur.

Boîte à double embrayage

Le contact vous met tout de suite dans l'ambiance. Disons-le d'emblée : le 1,6 turbo de 200 chevaux, couplé à une boîte à double embrayage d'origine allemande Getrag, est vif, souple, rond. Il nous a conquis. On déplore une certaine lenteur au démarrage. Mais, ensuite, sur le mode sport « RS », la voiture distille une très bonne réactivité. On ne retrouve pas ici les à-coups dont nous avait affublés la Peugeot 208 GTi, sa rivale, lors d'un essai l'an dernier.

On peut utiliser les palettes au volant pour rétrograder de façon manuelle encore plus rapidement. Ce qu'elle fait sans rechigner. Et, si on ne retouche pas lesdites palettes, la voiture repasse en utilisation automatique au bout d'une ou deux minutes. Remarquablement agréable. Un parcours sur petite route sinueuse dégagée constitue un véritable régal. Il y a longtemps qu'on ne s'était pas autant amusés. Ah, elle est sympa, cette « RS » !

Train avant parfois limite

Bon, il y a quelques petits défauts : si jamais on rétrograde manuellement au moment où la voiture allait le faire automatiquement, la boîte s'emmêle un peu les pinceaux. Avec des réactions intempestives. Mais, globalement, rien à redire. Même si le mode « RS » peut être assez brutal. Mais, sur une sportive, ce n'est pas un reproche.

La superbe puissance a aussi parfois du mal à passer dans les roues sur route mouillée ou dégradée. Le train avant manifeste alors sa réprobation par quelques louvoiements. Mais, sur une traction avant, c'est inévitable. Le phénomène est toutefois moins accusé que sur une Ford Focus ST, par exemple. La Clio  est moins sophistiquée que la Mégane revue par Renault Sport, mais il fallait garder un prix abordable. Pour combattre efficacement ces réactions parasites, il faudrait en fait quatre roues motrices, mais ce serait plus lourd, complexe et… onéreux.

Confort acceptable

Hormis ces réactions du train avant, dont il faut apprendre à tenir compte avant d'accélérer à fond, la voiture réagit avec précision et agilité. On apprécierait évidemment encore plus de finesse dans le pilotage. Mais la voiture représente un formidable compromis entre sportivité et confort. Car, malgré des trains roulants durcis, des pneus taille basse (40 R 18), justifiés sur une telle voiture, le confort demeure acceptable. Même s'il est évidemment ferme sur de fortes dégradations du bitume. Mais, comme la voiture est bien maintenue, on n'est jamais secoués. Nous sommes par contre plus réservés sur le freinage. Il faut appuyer fort. La pédale manque de mordant. Renault aurait pu faire plus efficace sur ce plan.

Terminons en notant l'absence notable de crissements ou grincements, si agaçants sur les voitures du groupe PSA ou sur le Captur. Les suspensions ne sont pas non plus sonores. Bref, on entend bien le bruit du moteur - mais ça, c'est voulu. Pour le reste, rien. Cette Clio « RS » apparaît donc bien construite.

Les consommations sont contenues, les émissions de CO2 corrélées aussi, à 144 grammes au kilomètre. La « RS » n'est donc taxable qu'à hauteur de 500 euros. Un joli résultat pour une sportive. Une Peugeot 208 GTi à boîte manuelle n'est cependant passible que de 250 euros de malus. Rappelons une fois de plus l'escroquerie que constituent les calculs officiels avec des cycles normalisés très, très loin de la réalité. Si les chiffres d'homologation donnent une consommation de 6,3 litres aux cents sur cette Clio, autant dire que, dans la vie quotidienne, il en va tout autrement. Une voiture comme ça, on en profite. Nous, nous avons donc avalé 10 litres aux cents en moyenne, sans se priver. Ce qui, en utilisation intense, demeure convenable.

Prix plus élevé que chez Peugeot

Cette Clio « RS » vouée au plaisir du pilotage est séduisante.  Elle coûte 25.490 euros. Soit un chouïa plus que sa rivale Peugeot 208 GTi. Mais l'avantage chez Renault de la boîte à double embrayage justifie largement la différence. Sans parler des cinq portes (au lieu de trois). Pour 600 euros de plus, on peut choisir un châssis « Cup » plus sportif et moins confortable. Pas à recommander pour une utilisation dans la vie de tous les jours. 450 euros sont demandés pour une aide au parking et une caméra de recul (utile). La jolie peinture rouge métallisée de notre modèle d'essai est à 570.

Vous pourrez en tous cas profiter du réseau après-vente Renault, dense et réputé en France, avec un coût d'entretien pas excessif. La Clio IV en général a une bonne réputation de fiabilité. Et, cette « RS » est...  française, puisque fabriquée à Dieppe (Seine maritime), dans l'usine historique d'Alpine ! La future berlinette censée reprendre la fameuse appellation Alpine devrait y être aussi produite.

Modèle d'essai : Renault Clio RS: 25.490 euros (+500 euros de malus)

Puissance du moteur : 200 chevaux (essence)

Dimensions : 4,06 mètres (long) x 1,73 (large) x 1,45 (haut)

Qualités : Formidable plaisir de conduite, ensemble moteur-boîte globalement réussi, bruit très évocateur, belle réactivité d'ensemble, bon rapport dynamisme-confort

Défauts : intérieur trop proche d'une Clio de base, train avant parfois dépassé, manque de mordant au freinage, transmission perfectible, dossiers mous

Concurrentes : Fiat Abarth Punto 180 ch : 21.900 euros ; Ford Fiesta ST : 24.200 euros ; Peugeot 208 GTi : 25.000 euros.

Note : 15,5 sur 20