Six mois après son pic, où en est la Bourse de Paris ?

Si le CAC 40 a terminé à un peu plus de 4.900 points en fin de semaine dernière, il culminait à plus de 6.100 points six mois plus tôt. Mais la crise du Covid-19 est passée par là, provoquant une des pires dégringolades de son histoire. L'indice parisien se revigore doucement, restant néanmoins en retard par rapport à ses homologues américains ou allemands.
(Crédits : Regis Duvignau)

Retour six mois en arrière, le 19 février 2020 précisément, époque où le Covid-19 n'avait pas encore atteint le stade de pandémie mondiale et où le confinement total de la population française était loin d'être envisagé. Ce mercredi-là, la Bourse de Paris atteint des records : 6.111,41 points précisément, son plus haut niveau en douze ans. La chute n'a pas attendu longtemps pour arriver puisqu'à la mi-mars, l'indice vedette parisien tombait sous les 3.800 points (-38,7%). Il a depuis rattrapé la moitié du chemin en terminant à 4.962,93 points vendredi 14 août.

Comment la catastrophe financière a été évitée ?

Tel Icare s'envolant trop près du soleil, la cote parisienne est vite rattrapée après son plus haut par les craintes liées à la pandémie, redescendant nettement dès les jours suivants. Le mouvement s'accélère début mars : le CAC enregistre la pire séance de son histoire le 12 mars (-12,28%), et dans la foulée sa pire semaine depuis douze ans (-19,86%). L'indice touche un plus bas à 3.747,84 points le 18 mars.

Lire aussi : Coronavirus : semaine noire, les Bourses mondiales en panique

Incapables d'enrayer leur effondrement, les Bourses mondiales s'en remettent à des soutiens extérieurs : les gouvernements et surtout les Banques centrales. « Les Banques centrales ne voulaient pas ajouter une crise financière à une crise économique. C'est une différence fondamentale avec 2007, où tout était parti d'une crise financière », rappelle Tangi le Liboux, analyste du courtier Aurel BGC.

Rachats massifs de dette d'États et d'entreprises, plans pour favoriser la liquidité des marchés, baisse des taux d'intérêt : les banques centrales ont sorti le "bazooka" monétaire pour revitaliser l'économie. De plus, la baisse des taux rend le marché obligataire encore moins rémunérateur, poussant les investisseurs vers les marchés actions. En parallèle, les gouvernements ont aussi sorti l'artillerie lourde pour circonscrire les effets des confinements avec le chômage partiel, des aides directes... Le 26 mars, le CAC repasse au-dessus des 4.500 points. Le pire est passé.

Lire aussi : Le gendarme de la Bourse prend des mesures fortes pour limiter le stress des marchés

Pourquoi le CAC 40 est-il en retard sur les marchés américains et allemands ?

En fin de séance vendredi, l'indice vedette américain, le Dow Jones, n'était plus qu'à 4,9% de son niveau du 19 février. L'indice à forte coloration technologique Nasdaq le dépassait de 12,3%. En Allemagne, le Dax ne cédait plus que 6,4% à sa marque du 19 février, contre 18,8% pour le CAC français.

Première raison pour expliquer le retard par rapport aux États-Unis : « La réserve fédérale américaine a agi plus vite et plus fort que la BCE », estime Alexandre Baradez, analyste chez IG. Idem pour les plans de relance gouvernementaux de part et d'autre de l'Atlantique, relève Lara Nguyen, experte en investissements financiers au sein de Milleis Banque.

Deuxième raison : la composition des indices. Les américains intègrent des géants technologiques tels Facebook, Apple, Amazon ou Alphabet, la maison mère de Google, grands gagnants de la nouvelle donne sanitaire : le recours accru au télétravail, au streaming et au commerce en ligne a contribué à faire bondir leur valorisation. À l'inverse, les poids lourds du CAC sont liés au luxe et à la consommation, au tourisme, aux banques... Autant de secteurs qui ont subi la crise de plein fouet. Quant à l'Allemagne, « la Bourse de Francfort est davantage constituée de valeurs industrielles et d'exportations, qui ont profité de la reprise de l'activité en Chine », explique M. Baradez. Lara Nguyen note également que « les performances du Dax étaient moins bonnes depuis deux ans, le rattrapage était plus facile à atteindre ».

Lire aussi : Le moral des investisseurs décolle en Allemagne

Quelles sont les valeurs gagnantes et perdantes de la crise ?

L'aéronautique a beaucoup souffert de l'arrêt de l'économie mondiale : Airbus a perdu 45,9% de sa valorisation du 19 février, Safran 30,5%. Les banques sont pénalisées par les taux bas et le risque accru de faillites : Société Générale a dégringolé de 55,8%, BNP de 36,7% et Crédit Agricole de 34,1%.

Lire aussi : Plombé par la crise du Covid, Société Générale perd plus d'un milliard d'euros au 2T

Plus grande perdante de la crise, la foncière Unibail-Rodamco-Westfield a plongé de presque 66%, sans rebond depuis mars. « Pour l'immobilier commercial, il y aura un avant et un après coronavirus. La conception même des bureaux va définitivement évoluer », entraînant la baisse de la demande, justifie John Plassard, spécialiste de l'investissement chez Mirabaud.

Dans le secteur du luxe, dépendant de la reprise de l'activité chinoise et poids lourd du CAC, si Hermès est presque remonté à son niveau de février, ce n'est pas le cas de LVMH et Kering. À l'inverse, les valeurs technologiques (Wordline, Dassault Systèmes) ont un temps dépassé leur valorisation d'avant-crise, même si elles sont retombées depuis, ne bénéficiant pas du dynamisme des valeurs américaines. Au final, seuls Schneider Electric, L'Oréal et Teleperformance (qui a intégré le CAC en juin) ont progressé depuis février.

Lire aussi : L'exécutif va proposer de nouvelles règles sanitaires en entreprise

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 18/08/2020 à 17:16
Signaler
Au point mort.

à écrit le 18/08/2020 à 13:11
Signaler
La brousse de Paris file un mauvais coton, il y pousse de mauvaises herbes.

à écrit le 18/08/2020 à 7:01
Signaler
Danger pour la bourse de Paris toujours extrêmement sensible. La deuxième vague du CODIV-19 est en cours de réapparition. Donc, elle ne devrait que rebaisser drastiquement.

à écrit le 17/08/2020 à 14:14
Signaler
Tout est en lévitation sachant que la banque centrale fera tout pour que cela ne s'effondre pas! On est dans un monde virtuel en attendant de revenir "au terre a terre"... faites votre jardin!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.