Biodéchets : Moulinot étend la massification des collectes en France

Au 1er janvier prochain, tous les déchets alimentaires produits par les professionnels et les ménages devront être triés à la source et valorisés. A Angers et à Bordeaux, l’entreprise Moulinot commence à déployer un concept de pré-traitement et de massification des collectes, expérimenté depuis dix ans en région parisienne. Alternative au compostage, cette solution veut répondre aux besoins de la restauration, des métiers de bouche, de la distribution alimentaire et des collectivités.
Lancé le 1er septembre auprès de 400 établissements publics, le marché de la collecte des déchets alimentaires remporté auprès de la Ville de Paris sera étendu aux 1.200 restaurants collectifs de Paris le 31 décembre prochain.
Lancé le 1er septembre auprès de 400 établissements publics, le marché de la collecte des déchets alimentaires remporté auprès de la Ville de Paris sera étendu aux 1.200 restaurants collectifs de Paris le 31 décembre prochain. (Crédits : Moulinot)

C'est une forme d'industrialisation de la collecte, du tri et de la valorisation des déchets alimentaires. Expérimentée à Stains et Réau, en région parisienne depuis dix ans, la solution imaginée par la société Moulinot débarque dans les régions. A Bordeaux, où les collectes ont déjà démarré, et à Angers, l'entreprise a en effet lancé la construction de sites de collecte et de tri.

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Objectif, capter respectivement 30.000 tonnes de biodéchets en Nouvelle-Aquitaine et 15.000 tonnes dans le Maine-et-Loire. A travers ces quatre sites, Moulinot devrait ainsi absorber 125.000 tonnes de déchets alimentaires par an. Un chiffre qui paraît encore loin des dix à douze millions de tonnes de biodéchets produits chaque année en France. Pour rappel, loi AGEC (lutte contre le gaspillage alimentaire pour une économie circulaire) impose désormais, à tous les producteurs de déchets, de trier à la source, les biodéchets, et ce, dès le 1er janvier 2024.

« Autant vous le dire tout de suite, on ne sera pas prêt, mais le sujet avance. La prise de conscience des restaurateurs de la nécessité de gérer les déchets, de faire progresser l'économie circulaire et d'allonger la durée de vie des produits pour limiter le gaspillage est bien là », assure Catherine Quérard, vice-présidente du Groupement des Hôtelleries & Restaurations de France (GHR) et présidente du GRH Ouest.

Face aux solutions techniques (assécheur, désyhdrateur, digesteur), cette dernière préfère militer pour une massification des collectes, plus facile à organiser et moins coûteuse. Pour la représentante des restaurateurs, un des objectifs majeurs est donc de renégocier avec les communautés de communes une tarification adaptée. En clair, la taxe des ordures ménagères (TOM), ainsi qu'une redevance spéciale, selon la quantité réelle de déchets générés par le professionnel, et non forfaitaire, comme c'était le cas jusqu'à présent.

Une plateforme de pré-traitement de 1000 m²

Dans ce contexte, l'enjeu est de taille. « A ce jour, en France, seuls 4% des biodéchets sont valorisés », appuie Stéphan Martinez, ex-restaurateur et fondateur de Moulinot, devenue la première entreprise spécialisée dans le recyclage des déchets alimentaires à grande échelle.

« Ils ont dix ans d'avance. Aujourd'hui, personne ne proposait cette solution. Ils vont être les premiers à bâtir un centre d'hygiénisation sur le territoire », félicite Jean-Louis Demois, vice-président d'Angers Loire Métropole, en charge des déchets et de l'économie circulaire.

La collectivité a signé en janvier dernier une convention d'occupation permettant à Moulinot de prendre pied sur le site du Biopole, à Saint-Barthélemy-d'Anjou. Celui-ci concentre déjà plusieurs opérateurs de traitement des déchets. Comme à Bordeaux, l'entreprise va investir cinq millions d'euros dans la banlieue d'Angers.

Trois millions d'euros seront affectés à l'aménagement d'une plateforme de 1.000 m² pour le pré-traitement des déchets (séparation des éléments solides, ndlr) qui, transformés sous forme de soupe, « un digestat 100% méthanisable », sera ensuite transportée chez quatre ou cinq agriculteurs-méthaniseurs partenaires, situés à proximité.

Deux millions d'euros, eux, sont fléchés vers l'acquisition d'une flotte de vingt à quarante véhicules roulant au bioGNV pour assurer les collectes (restaurant scolaires, cuisines centrales...) et acheminer le digestat chez les agriculteurs-méthaniseurs.

Une solution globale de proximité

Dans la région parisienne, les 60.000 tonnes de déchets alimentaires collectés et valorisés auraient permis de produire l'équivalent de plus de 5 millions de m3 de biométhane.

« Notre concept vise à garantir un traitement des déchets au plus près des villes qui bénéficieront du gaz vert issu de la méthanisation, fait valoir Edouard Van Heeswyck, directeur de Moulinot Pays de la Loire. Le fertilisant produit par la valorisation permet de nourrir les terres agricoles sans ajout de produit chimique. Nous sommes une alternative au compostage, et surtout, nous offrons une solution globale de collecte et de traitement  ».

Il entend désormais se positionner sur tous les appels d'offres, et notamment sur celui lancé prochainement par la métropole angevine pour la collecte des biodéchets.

Six ou sept sites d'ici 2027

A Angers, où Moulinot participe à une des expérimentations menées par Angers Loire Métropole, les premiers travaux d'aménagement du site viennent de démarrer. L'unité, qui emploiera dix personnes dans un premier temps et 30 à 40 à terme, devrait être opérationnelle au printemps 2024. L'objectif est de rayonner sur le Maine-et-Loire, avec un réseau de méthaniseur situé entre 10 et 30 kilomètres.

« On veut être une solution de proximité sur le territoire et non pas transporter les déchets à 100 kilomètres », défend Edouard Van Heeswyck, face aux opérateurs comme Suez ou Veolia.

En croissance depuis dix ans, Moulinot a levé 18 millions d'euros l'an dernier, afin de déployer son concept de massification sur six ou sept territoires en France d'ici 2027. Des discussions seraient en cours avec la métropole lyonnaise.

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Commentaire 1
à écrit le 26/09/2023 à 18:52
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Est ce que le Schmilblick des biodechets il est vert? A quoi pensez vous? A un vers de terre de chez Moulinoooooot.

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