Alors qu'en 2022 la plupart des fournisseurs d'énergie cessaient de prendre de nouveaux clients et relevaient leurs tarifs en raison de la flambée des prix du marché, poussant les consommateurs dans les bras d'EDF, le contexte a bien changé. Depuis le début de l'année, en effet, la concurrence fait rage : les offres alléchantes de ces opérateurs alternatifs pour souscrire un contrat d'électricité se succèdent. Avec un objectif clair : alpaguer un maximum de nouveaux arrivants, grâce à des conditions plus avantageuses que chez l'électricien historique. « -21 % sur le prix du kilowattheure hors taxes » par rapport au tarif réglementé de vente (ou TRV, l'offre d'EDF réglementée par l'État), propose ainsi le fournisseur Ohm Énergie, pourtant toujours sous le coup d'une enquête en raison d'une hausse prohibitive de ses prix en 2021 et 2022.
Et il n'est pas le seul : jusqu'à mi-février, la jeune entreprise Chez Switch allait jusqu'à promettre une remise de 23 % HT... avant que la Commission de régulation de l'énergie (CRE) ne ferme ses souscriptions parce qu'il n'avait pas répercuté à ses clients des ristournes octroyées par l'État pendant la crise. Mint et La Bellenergie affichent, quant à eux, un prix inférieur à 20 % HT à ce même TRV. TotalEnergies garantit de son côté une réduction de 17 % HT, tandis qu'Alpiq et Octopus Energy mettent en avant des contrats à -15 % HT par rapport au TRV. Et pour cause : ces fournisseurs profitent de la baisse impressionnante des prix sur les marchés de gros, où ils s'approvisionnent puisque la majorité d'entre eux ne génère pas l'énergie qu'ils vendent. Alors que les cours flirtaient autour de 200 à 400 euros le mégawattheure (MWh) en 2022 et 2023 (avec des pics jusqu'à 1 000 euros le MWh au plus fort de la crise), le MWh s'échangeait à 62 euros pour la journée du 2 mars 2024. Soit un monde bien différent de celui connu ces deux dernières années...
La situation pourrait s'inverser
EDF ne peut pas faire de même avec son tarif réglementé de vente (TRV), auquel sont abonnés quelque 20 millions de ménages. Car ce tarif encadré par l'État et actualisé tous les six mois se fonde, entre autres, sur les cours du marché des deux années précédentes. Le TRV qui s'applique depuis le 1er février 2024 (jusqu'en août) reflète donc en partie les prix de l'électricité en 2022 et 2023... soit les pires années de la crise, avec des cours plus de deux fois supérieurs à ceux d'aujourd'hui. Ses concurrents (et EDF lui-même, à travers ses offres de marché hors TRV) en profitent donc pour sortir les crocs. Mais, dans cette guerre des prix, attention à ne pas se faire avoir.
Si les cours du marché repartent à la hausse, la situation pourrait s'inverser de nouveau : rien n'empêchera les fournisseurs alternatifs de modifier leurs formules et leurs grilles tarifaires, si tant est qu'ils informent leurs clients un mois à l'avance - ce que ne peut pas faire EDF avec le tarif réglementé. C'est d'ailleurs à cause de ce risque que La Bellenergie augmente les coûts fixes de son offre : « -20 % par rapport au TRV actuel » si l'usager choisit un prix garanti au-delà de 2024 : 2 euros par mois en plus sur deux ans, et presque 6 euros supplémentaires par mois sur trois ans.
« C'est une sorte d'assurance », explique son président. Ce n'est pas tout : dans ses conditions générales de vente (CGV), cet opérateur écrit qu'il « peut modifier les CGV sans le consentement du client aux fins de remédier à toute ambiguïté ou de corriger ou de compléter toute disposition des présentes de la manière que le fournisseur peut juger nécessaire ou souhaitable, sous réserve qu'une telle modification ne porte pas préjudice aux intérêts des clients ou de corriger toute erreur manifeste ou de se conformer à la législation applicable ». Un cadre flou, qui appelle à la vigilance.
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