EDF : le chargement du combustible de l'EPR de Flamanville est retardé

Le chargement du combustible du réacteur EPR de Flamanville est repoussé à mi-avril au moins, au lieu du 31 mars comme initialement prévu par le groupe électricien, a indiqué mardi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). « Ça fait douze ans qu'on l'attend. On n'est pas à deux semaines près », a réagi le ministre l'Industrie Roland Lescure sur France Info ce mercredi.
Si le démarrage de l'EPR se confirme à l'été 2024, il interviendra avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d'euros, selon EDF. Soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d'euros.
Si le démarrage de l'EPR se confirme à l'été 2024, il interviendra avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d'euros, selon EDF. Soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d'euros. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

[Article publié le mercredi 27 mars 2024 à 7h15, mis à jour à 10h59] Nouveau retard pour l'EPR de Flamanville d'EDF. Selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le chargement du combustible du réacteur est repoussé à mi-avril au moins, au lieu du 31 mars. Un léger accroc, compte tenu de tous les déboires rencontrés par ce chantier.

En effet, si le démarrage se confirme à l'été 2024, il interviendra avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d'euros, selon EDF, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d'euros.

« L'ASN va lancer dans les prochains jours la consultation sur le projet de décision de mise en service, c'est-à-dire qu'on va le soumettre aux commentaires du public pendant au moins 15 jours (...), voire 3 semaines, et à l'issue l'ASN prendra la décision de mise en service », a expliqué l'autorité de sûreté à l'AFP ce mardi, confirmant des informations des Echos.

Cette décision de mise en service est « un préalable » pour qu'EDF puisse charger les barres de combustible nucléaire dans le réacteur. Compte tenu des « délais incompressibles » de cette consultation, le chargement du combustible ne pourra donc pas intervenir avant « mi-avril », a estimé l'ASN.

« Ça fait douze ans qu'on l'attend. J'allais dire, on n'est pas à deux semaines près », a réagi le ministre l'Industrie Roland Lescure sur France Info ce mercredi.

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Un délai supplémentaire sans grandes conséquences

À cette date de mi-avril, le délai de mise en service de l'installation, fixé au 10 avril dans le décret d'autorisation de création, sera expiré mais cela est « sans conséquence immédiate », et « n'empêche pas l'ASN d'autoriser la mise en service du réacteur », expliquait mi-mars l'ASN à l'AFP.

Jusqu'ici, le groupe EDF avait annoncé le chargement du combustible au 1er trimestre 2024, un objectif plusieurs fois répété. Mais l'Autorité de sûreté avait prévenu en janvier que le calendrier était « tendu » en raison des dernières vérifications de conformité à mener sur certains équipements sous pression, comme la cuve, pièce maîtresse d'un réacteur nucléaire. Ces derniers échanges ont prolongé la durée de l'instruction du dossier qui s'est finalement achevée « la semaine dernière », a précisé l'ASN à l'AFP.

« Après le chargement en combustible nucléaire du réacteur, les opérations de démarrage se poursuivront, avec notamment des contrôles de tous les systèmes liés à la sûreté, des essais et des qualifications de matériels réalisés tout au long de la montée en température et pression de la chaudière, puis lors de la montée en puissance du réacteur. A 25% de puissance, l'unité de production sera connectée au réseau électrique national », détaillait EDF en décembre 2022.

Prudence sur le calendrier

Pour l'heure, la date du « couplage », c'est-à-dire son raccordement au réseau, est maintenue à mi-2024, selon les dernières informations réglementaires d'EDF publiées en décembre 2023.

Interrogé sur un maintien de ce calendrier ce mercredi, le ministre s'est montré très prudent. « Démarrer une centrale nucléaire, ce n'est pas comme démarrer une Clio ou une 208, ça prend un peu plus de temps », a-t-il répondu. « Ce qui, normalement, va se passer, c'est qu'on va charger le combustible, donc, si tout se passe bien après la consultation publique, donc d'ici la fin du mois d'avril. Ensuite il y a quelques mois de montée en puissance et ensuite la centrale tourne », a-t-il développé.

Interrogé sur un fonctionnement de la centrale avant la fin de l'année, Roland Lescure a répondu : « J'espère bien, en tout cas, après douze ans, je l'espère bien ».

« On l'a attendu pendant longtemps, cet EPR, il va tourner », a-t-il conclu, espérant « apprendre de ces leçons » pour construire les EPR2 prévus par Emmanuel Macron, dans le cadre de la relance de l'atome.

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Ce projet de centrale ne fait en tout cas pas l'unanimité. Samedi dernier, une manifestation a eu lieu contre la mise en service du réacteur. « L'EPR de Flamanville ne doit pas démarrer, la relance du nucléaire doit être arrêtée, l'IRSN et l'ASN doivent être re-séparés », a déclaré la députée écologiste Sandrine Rousseau.

La parlementaire faisait référence à l'adoption en début de semaine par l'Assemblée nationale de la fusion controversée des deux acteurs de la sûreté nucléaire en France, l'ASN, gendarme des centrales, et l'IRSN, chargé de l'expertise technique.

EDF vise la construction de « deux lancements par an »

Après avoir fixé en novembre le cap à « 1 voire 1,5 (réacteur EPR2) par an » en Europe dès la prochaine décennie, le PDG Luc Rémont a revu en hausse  l'ambition du groupe à « deux réacteurs par an » dans un entretien accordé à Contexte, publié vendredi. Aujourd'hui, seules deux centrales dotées d'EPR d'EDF sont en marche dans le monde, en Finlande et en Chine.

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Le groupe est en discussion avec les Pays-Bas, en Slovénie, Pologne, Finlande et Suède, au moment où l'atome retrouve la cote, à la faveur de l'impératif climatique de sortir des énergies fossiles et d'une plus grande indépendance vis-à-vis de la Russie, plus grand exportateur de centrales. En République tchèque, EDF est présélectionné avec son concurrent sud-coréen Kepco dans un appel d'offres pour quatre réacteurs.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 28/03/2024 à 17:23
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On est vraiment malade de nos normes qui nous empêchent de faire une centrale nucléaire alors que chinois et Américains en mettent en services à la chaîne. Mais maintenant on préfère mettre des milliers d'éolienne américaine (GE) moches sur nos côte...

à écrit le 27/03/2024 à 11:18
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L'EPR de Flamanville mais également cette technologie résolument trop complexe constitue un scandale financier que tôt ou tard les consommateurs et les contribuables devront tôt ou tard payer!!!

à écrit le 27/03/2024 à 9:19
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Un retard de plus après douze ans !!

à écrit le 27/03/2024 à 8:01
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Enfin pour l'EPR de Flamanville et pour ce si long projet, construction. Soyons fier de ce que on fait les ingénieurs d'EDF et tous les personnels pour Flamanville 3 mais il faudra que ce reacteur fonctionnne longtemps très longtemps au moins 45 ans ...

à écrit le 27/03/2024 à 7:46
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EPR = Retards et surcoûts. Voilà le résumé de ses informations toutes ces années. Le titre "EPR ça fonctionne nickel !" On ne l'a jamais vu.

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