L’UE valide sa sortie d’un traité sur l'énergie jugé trop favorable au fossile

Les députés européens ont approuvé ce mercredi le retrait coordonné de l'Union européenne du traité international sur la Charte de l'Énergie. Ce texte, datant des années 1990, est critiqué de longue date car considéré comme trop protecteur des investissements dans les énergies fossiles.
Les Européens ont tenté, à partir de 2020, de moderniser le traité sur la Charte de l'Énergie, sans jamais réussir à se mettre d'accord.
Les Européens ont tenté, à partir de 2020, de moderniser le traité sur la Charte de l'Énergie, sans jamais réussir à se mettre d'accord. (Crédits : Luis Enrique Ascui)

C'est (quasiment) officiel : l'UE va se retirer du traité international sur la Charte de l'Énergie. Le Parlement européen, réuni en session plénière ce mercredi à Strasbourg, a donné son feu vert à cette décision, par 560 voix (43 contre, 23 abstentions). Une ultime confirmation formelle par les États sera désormais nécessaire, sachant que les ministres des Vingt-Sept ont déjà donné leur validation à ce sujet début mars.

Pour rappel, ce texte signé en 1994 permet à des entreprises de réclamer, devant un tribunal d'arbitrage privé, des dédommagements à un État dont les décisions et l'environnement réglementaire affectent la rentabilité de leurs investissements. Y compris lorsqu'il s'agit de politiques pro-climat. A sa signature, le traité réunissait l'UE et 52 pays (d'Europe, d'Asie centrale, mais aussi la Turquie ou encore l'Australie) dans le but d'offrir des garanties aux investisseurs dans les pays d'Europe de l'Est et de l'ex-URSS.

La Hongrie obtient le droit de rester dans le traité

Une autre proposition, adoptée conjointement, laisse cependant aux États qui le souhaitent la possibilité d'approuver la « modernisation » du traité en cours de discussion et d'en rester membres, ce que réclamaient notamment la Hongrie, la Slovaquie, Malte et Chypre. Et tous les pays restent concernés par la « clause de survie », qui protège les installations d'énergies fossiles couvertes par le traité pendant les 20 années qui suivent le retrait du ou des pays.

Reste que la décision européenne de ce mercredi « est un signal collectif, un vrai poids politique qui renforce notre feuille de route climatique », a indiqué à l'AFP l'eurodéputé Renew (libéraux) Christophe Grudler, rapporteur du texte. Selon lui, ce retrait concerté peut contribuer à dissuader les poursuites au sein de l'UE, qui restent possibles en raison de la clause de survie.

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La fin d'une époque

Ce vote marque en tout cas la fin d'un long épisode d'échanges et de discussions autour de ce texte. Des entreprises ont notamment utilisé ce dernier pour poursuivre des États en justice. Parmi les cas les plus emblématiques : la condamnation de l'Italie, en 2022, obligée de verser une compensation d'environ 200 millions d'euros à la compagnie pétrolière Rockhopper pour avoir refusé un permis de forage offshore. Et l'énergéticien allemand RWE avait réclamé - avant d'y renoncer - 1,4 milliard d'euros à La Haye pour compenser ses pertes sur une centrale thermique affectée par une régulation néerlandaise anti-charbon.

Face à la multiplication des contentieux, les Européens ont d'abord tenté, à partir de 2020, de moderniser le texte pour empêcher les réclamations opportunistes et en exclure progressivement les fossiles. Sans jamais réussir à trouver de compromis, si bien qu'au fil du temps, une dizaine d'États s'en sont progressivement retirés fin 2022. Comme la France, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg ou encore la Pologne - sachant que l'Italie l'avait quitté dès 2015. Hors UE, le Royaume-Uni a annoncé son retrait le 22 février dernier.

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(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 25/04/2024 à 9:49
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"Ce texte, datant des années 1990" Ben voilà, Van Leyen n'était pas là pour prendre son du ! Ca peut pas fonctionner du coup en UERSS empire de la corruption prévu pour durer mille ans.

à écrit le 24/04/2024 à 21:13
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Et alors, qu'est ce que ça change ? L'Europe va continuer à se tirer des balles dans le pied pour sauver la planète, qui ne se sauvera que si tout le monde y va. Et si l'Europe croit encore qu'elle peut donner des leçons au reste de l'humanité, elle ...

le 25/04/2024 à 9:05
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Vous avez raison. Que les riches ne montrent pas l’exemple (oui, nous sommes riches par rapport au reste du monde, même vous, qui avez maison, voiture, téléphone, télé, et tout les jours de quoi mettre dans la marmite), que tous, nous allions de plus...

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