La consommation de gaz au plus bas depuis 30 ans en France

La consommation de gaz des Français est tombée en 2023 à son plus bas niveau depuis les années 1990, sous la barre des 400 térawattheures, selon le bilan annuel de GRTgaz. Le gestionnaire du réseau l'explique par un climat plus doux, des efforts de sobriété et des changements de comportement liés à la transition énergétique.
La baisse de la consommation en France est même qualifiée d’« historique » sur les deux dernières années, car elle a reculé de 20% rien qu’entre 2021 et 2023.
La baisse de la consommation en France est même qualifiée d’« historique » sur les deux dernières années, car elle a reculé de 20% rien qu’entre 2021 et 2023. (Crédits : Reuters)

 [Article publié le mardi 27 février 2024 à 11h32 et mis à jour à 12h01] Jamais les Français n'avaient utilisé si peu de gaz. En 2023, la consommation nationale - particuliers, entreprises, grands industriels, centrales électriques - s'est établie à 381 térawattheures (TWh), selon le bilan annuel du gestionnaire du réseau de transport de gaz GRTgaz, publié ce mardi 27 février. Soit une baisse de -11,4% sur l'année et, surtout, un niveau qui n'avait plus été vu depuis les années 1990, a indiqué à la presse Sandrine Meunier, la nouvelle directrice générale de GRTgaz. « C'est un élément important qui démontre une vraie évolution de la consommation de gaz », a-t-elle ajouté.

Le repli est même qualifié d'« historique » sur les deux dernières années. Car la consommation a reculé de 20% rien qu'entre 2021 et 2023 - elle avait été de 474 TWh en 2021 et 430 TWh en 2022. Le pic de consommation remonte, lui, à 2010 avec 547 TWh de gaz consommé.

Nouveaux comportements

Cette tendance à la baisse observée depuis 2021, avec la flambée des prix du gaz sur les marchés de gros, s'est confirmée en 2023 « malgré une stabilisation des prix du gaz en Europe et un retour à leurs niveaux d'avant-guerre en Ukraine », indique GRTgaz. Le prix moyen du gaz sur les marchés selon l'indice du TTF néerlandais - considéré comme la référence européenne du gaz - s'affiche à 22 euros le mégawattheure (MWh) actuellement. C'est deux fois moins qu'en 2023 (43 euros) et 5 fois et demi moins que pendant l'année 2022 (121 euros), marquée par une flambée inédite après la guerre en Ukraine et la réduction drastique des approvisionnements de Moscou vers l'Europe.

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Cette baisse « reflète de nouveaux comportements en matière de sobriété et d'usages », souligne GRTgaz dans un communiqué. Elle s'explique ainsi, selon le gestionnaire, par les effets cumulés d'un climat plus doux, d'efforts de sobriété et d'un moindre recours au gaz pour produire de l'électricité. « Nous commençons à voir apparaître des substitutions entre énergies », a également indiqué Sandrine Meunier. Autrement dit, certains usages industriels, reposant habituellement sur le gaz, commencent à s'électrifier.

Forte baisse du côté des industriels

Dans le détail, la consommation des distributions publiques (ménages, tertiaire, petite industrie) a baissé de -6,5% en 2023 par rapport à 2022, à 253 TWh, en données corrigées du climat. Un recul similaire à celui observé entre 2021 et 2022 (-6,2%).

La consommation des grands clients industriels énergivores (chimie, verre, etc) recule de -7,4% à 103,8 TWh, après -11,5% en 2022. Depuis 2021, la baisse atteint -18,2%, traduisant le fait que certains industriels, avec la hausse des prix, ont « arrêté des process industriels ».

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En 2022, la baisse de la consommation nationale gazière avait été moins importante (-9,3%), mais l'année avait été marquée par un recours record au gaz pour alimenter les centrales thermiques afin de pallier l'indisponibilité de nombreux réacteurs nucléaires touchés par des problèmes de corrosion. Grâce à la remontée du nucléaire en 2023, la consommation de gaz pour produire de l'électricité est revenue au niveau de 2021 à 36 TWh, en baisse de 40% par rapport à 2022.

Un recul généralisé en Europe

La baisse de la consommation de gaz n'est pas propre à la France mais commune à l'échelle européenne. Elle est en effet tombée en 2023 à son plus bas niveau depuis dix ans sur le Vieux continent, selon une étude du groupe de réflexion international IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) publiée mercredi dernier. Cela s'explique par le fait que « les pays intensifient leurs mesures d'efficacité énergétique et le déploiement des énergies renouvelables », indique l'organisme dans son rapport.

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La demande européenne de gaz a diminué surtout ces deux dernières années, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, pointe l'IEEFA. Elle a ainsi baissé de 20%, avec des réductions les plus fortes en Allemagne, et en Italie et, hors UE, au Royaume-Uni, précise le document. L'Europe a cherché à s'adapter après la fermeture des expéditions d'hydrocarbures russes par gazoduc et s'est tournée davantage vers le gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par bateau.

Pas de dégringolade pour les toutes prochaines années

Reste que l'invasion russe n'est pas la seule raison. Comme pour la consommation française, le facteur météo a joué, tout comme le raccordement de toujours plus d'énergies renouvelables. Français et Européens ont aussi rationalisé leurs usages, par souci écologique et en raison de la flambée des prix en 2022.

Malgré cette chute spectaculaire, GRTGaz demeure confiant pour les toutes prochaines années.« Sur les années 2024-2025, nous serons plutôt sur une tendance stable de la consommation de gaz en France, anticipe Sandrine Meunier. Nous ne pressentons pas une dégringolade qui s'accentuerait dans les années à venir », a-t-elle affirmé.

(Avec AFP)

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Commentaires 11
à écrit le 27/02/2024 à 20:16
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LeFig "La consommation de gaz au plus bas depuis trente ans en France : un signal alarmant pour l’industrie" alarmons nous ! (C'est censé montrer que l'industrie française va mal en consommant moins ! Parfois elle peut changer d'énergie, optimiser se...

à écrit le 27/02/2024 à 18:58
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"Des réductions les plus fortes en Allemagne, et en Italie Logique, les plus accros au gaz russe. Transition écologique et virage économique. Plus simple pour l'Italie proche du moyen orient et du Caucase, et moins dépendante pour le chauffage. Ga...

le 28/02/2024 à 14:46
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Ceci contraint l'Allemagne à trouver toujours plus de solutions pour encore plus raboter ses couts. Et la France ferait bien de ne pas négliger cet effort, pour ne pas finir perdante. Que l'Allemagne n'ai plus accès au gaz russe à bas cout devrait fa...

à écrit le 27/02/2024 à 15:57
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Mince alors il y a encore 10 ans il fallait consommer du gaz pour faire de l'électricité et d'autres produits nécessitant de l'énergie, tout ceci arrangeait bien l'union européenne et surtout la Deutsche compagnie qui menait les débats, même au dép...

le 27/02/2024 à 16:13
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Le gaz pour faire du courant, c'est mieux que le charbon (au Japon 75% du courant c'est le charbon, comme dans quantité de pays), moins de CO2 au MWh généré, moins de particules grosses ou petites. Mais c'est lui qui fait le prix de l'électricité, l'...

à écrit le 27/02/2024 à 15:23
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Ce qui est extrêmement curieux, c'est que l'on parle sans cesse des effets supposés de l'activité humaine sur le climat, mais jamais de la réciproque: les effets du climat sur l'activité humaine. Combien de tonnes de CO2 seront économisées grâce au ...

à écrit le 27/02/2024 à 12:51
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"Le gestionnaire du réseau l'explique par un climat plus doux, des efforts de sobriété et des changements de comportement liés à la transition énergétique." : Et peut-être aussi a cause du tarif du gaz qui a augmenté, à moins que ca soit trop évident...

le 27/02/2024 à 16:22
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Souvent ça provoque de la sobriété, la hausse des tarifs et taxes et abonnement (les 3 peuvent augmenter en parallèle, chacune à leur tour), même si le gaz en soi voit son prix baisser, me semble (article récent, moins de demande, stocks encore très ...

à écrit le 27/02/2024 à 12:04
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Les énergies renouvelables vont monter en puissance , éolien, solaire , hydrogène etc.... au final , les menaces russes et américaines (OTAN , énergie) ont réveillé les europeens et c'est une bonne nouvelle.

à écrit le 27/02/2024 à 11:53
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Heureusement que nous consommons moins car nous payons toujours de plus en plus cher et ce n'est pas terminé.

à écrit le 27/02/2024 à 11:44
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Ben surtout avec la hausse des températures, cette année c'est flagrant. A surveiller quand même le Gulf Stream car pour l'instant c'est un bon timing cette hausse des prix de l'énergie avec les températures mais si demain les températures devaient s...

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