Nucléaire : au Royaume-Uni, EDF va investir 1,5 milliard d'euros pour maintenir en état cinq centrales

L'énergéticien français qui opère au Royaume-Uni va débourser cette somme pour assurer la production dans le pays sur la période 2024-2026. EDF prévoit de maintenir des centrales mais aussi d'en construire de nouvelles.
EDF gère les huit sites de centrales nucléaires du Royaume-Uni.
EDF gère les huit sites de centrales nucléaires du Royaume-Uni. (Crédits : STEPHANE MAHE)

L'énergéticien français EDF, opérateur du parc nucléaire outre-Manche, a annoncé mardi dans un communiqué qu'il « prévoit d'investir 1,3 milliard de livres (1,5 milliard d'euros, ndlr) supplémentaires dans les cinq centrales nucléaires en production du Royaume-Uni sur la période 2024-2026 ».

Cette somme « porte le total investi dans le parc à près de 9 milliards de livres depuis 2009 », date à laquelle l'énergéticien a acquis les centrales, a précisé dans un communiqué EDF, qui prévoit aussi « d'embaucher plus de 1.000 personnes en 2024 dans ses différentes activités nucléaires au Royaume-Uni ».

EDF face au vieillissement des centrales britanniques

Le groupe gère les huit sites de centrales nucléaires du Royaume-Uni, cinq en production (Sizewell B, Torness, Heysham 2, Heysham 1, Hartlepool) et trois en phase de déchargement de combustible (Hunterston B, Hinkley Point B et Dungeness B). L'ensemble des sites est passé dans le giron de l'énergéticien français EDF Energy après le rachat début 2009 de British Energy. Mais l'énergie nucléaire représente moins de 20% du mix énergétique britannique et tend à diminuer.

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« La production nucléaire britannique en 2023 était de 37,3 TWh, soit 15% de moins qu'en 2022 en raison de fermetures de centrales et d'arrêts réglementaires, mais près de quatre fois celle prévue lors de l'acquisition du parc » en 2009, a fait valoir EDF.

Et pour cause, construits pour la plupart entre 1970 et 1980, les 9 réacteurs nucléaires opérationnels du Royaume-Uni sont en fin de vie. Dans ce pays pionnier de l'atome civil, où la construction des premières centrales a débuté en 1957 et les premières mises en service en 1962, quelque 36 réacteurs sont à l'arrêt définitif - dont, depuis 2021, une série de 6 réacteurs (sur 3 sites), désormais en cours de démantèlement.

Une situation qui a amené l'énergéticien français à prolonger, pour deux années supplémentaires, la durée de vie des centrales Heysham 1 et Hartlepool en mars 2023 pour maintenir sa production à ce niveau au moins jusqu'en 2026. A noter d'ailleurs, au moment où l'énergéticien français a pris possession du parc nucléaire britannique la fermeture de ces centrales là était initialement programmée pour 2014, mais elle a déjà été repoussée de dix ans. EDF avait néanmoins voulu rassuré les autorités et le public en indiquant que les coeurs de réacteurs en graphite ont été inspectés en 2022 et que « les centrales peuvent produire plus longtemps en respectant les strictes normes réglementaires » en vigueur.

De nouvelles centrales en construction

Outre le maintien du parc existant, l'énergéticien a de grands projets au Royaume-Uni. Le groupe porte aussi les deux projets de nouvelles centrales, Hinkley Point C, en construction, et Sizewell C, et il a été désigné en octobre finaliste lors d'un appel d'offre pour construire de petits réacteurs nucléaires dans le pays. Hinkley Point C a franchi une étape majeure en décembre avec l'installation spectaculaire d'un immense dôme d'acier qui recouvrira son premier réacteur. Destinée à alimenter environ six millions de foyers britanniques en électricité, d'un coût de 25 à 26 milliards de livres (29-30 milliards d'euros) - voire 32,7 milliards de livres en comptant l'inflation -, sa mise en service est prévue en juin 2027.

Et le PDG du géant de l'électricité Luc Rémont n'arrête pas ses ambitions au Royaume-Uni.

« Nous tablons sur une cadence accélérée de la capacité de construction des réacteurs de grande taille, pour aller de ce que nous avons aujourd'hui, c'est-à-dire un ou deux par décennie (...) et pour monter progressivement à 1 voire à 1,5 par an », a-t-il affirmé le 29 novembre, en précisant que cette montée en cadence allait « progressivement » se faire « sur le reste de la décennie » avant d'arriver à ce rythme-là lors de la décennie suivante. Et ce, sur son marché prioritaire, l'Europe. Si une telle cadence peut sembler incroyable au regard des déboires rencontrés par l'EPR depuis une vingtaine d'années en France à Flamanville, mais aussi ailleurs dans le monde, comme en Finlande, en Chine ou au Royaume-Uni, elle n'est pas non plus impossible si l'on songe à la capacité de production d'EDF dans le cadre du fameux plan Messmer de déploiement du nucléaire dans l'Hexagone il y a cinquante ans.

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« On a déjà fait quatre par an », dans les années 1970-80, « mais c'était il y a longtemps, donc s'ils y sont arrivés, c'est que c'est possible », a souligné Luc Rémont. Outre les gains de productivité, cette cadence doit aussi, et surtout, permettre de maintenir à niveau la filière tricolore sur le long terme, après qu'elle ait failli péricliter, faute de chantiers. Objectif : de gagner en productivité grâce à la répétabilité afin de faire baisser ses coûts.

« Dans toute industrie, vous cherchez l'effet de massification pour améliorer la compétitivité, c'est quelque chose qui n'a pas été possible dans les 20 dernières années parce qu'il y avait trop peu de projets », a expliqué le PDG d'EDF.

« A partir du moment où on sait qu'on va en faire un certain nombre, on organise la supply chain (chaîne des fournisseurs, Ndlr), on organise les travaux pour réaliser cette série, on y arrivera et on montera en cadence, comme dans toute industrie », a-t-il fait valoir.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 10/01/2024 à 17:57
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L'État français va investir 1.5 milliards d'euros (en plus à devoir supporter une dette à plus de 65 milliards d'euros pour cette entité nationale). L'État est actionnaire à 100% (donc l'ensemble des contribuables). Si jamais, "le jeu des maux" (mots...

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