Occidental Petroleum rachète son concurrent CrownRock, et devient le troisième pétrolier à se renforcer dans le bassin permien

Le groupe pétrolier américain a annoncé ce lundi qu'il allait racheter CrownRock, un producteur de gaz et de pétrole, lui aussi américain, pour quelque 12 milliards de dollars. Il s'agit du troisième acteur à annoncer ce type de rachat, dans un secteur qui se concentre.
Cette opération va permettre au géant américain d'étendre sa position dans le bassin permien, dans le sud des Etats-Unis (Photo d'illustration).
Cette opération va permettre au géant américain d'étendre sa position dans le bassin permien, dans le sud des Etats-Unis (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

La concentration dans le secteur pétrolier américain continue. La compagnie pétrolière américaine Occidental Petroleum a annoncé prévoir de racheter son concurrent CrownRock pour quelque 12 milliards de dollars d'ici le premier trimestre 2024, apprend-on dans un communiqué publié ce lundi. L'entreprise qui est un des plus grands producteurs de pétrole au pays de l'Oncle Sam, avec d'importantes activités pétrochimiques et de production électrique, explique notamment qu'elle financera cette acquisition avec une dette de neuf milliards de dollars.

Lire aussiPétrole : la croissance de la demande mondiale va ralentir en 2024

Cette opération va permettre au mastodonte américain d'étendre sa position dans le bassin permien, dans le sud des Etats-Unis, en ajoutant à sa propre production environ 170.000 barils d'équivalent pétrole par jour en 2024.

« Nous pensons que l'acquisition des actifs de CrownRock s'ajoute au portefeuille le plus solide et le plus différencié qu'Occidental ait jamais eu », a fait valoir la directrice générale de la compagnie, Vicki Hollub, citée dans le communiqué.

A l'ouverture de la Bourse de New York, à 15h30 heure française, le titre d'Occidental progressait de 0,01% à 56 dollars.

Le bassin permien, région stratégique pour les pétroliers

Pour le pétrolier, augmenter son poids dans une immense région riche en gaz et en pétrole de schiste est stratégique. Il n'est d'ailleurs pas le seul à avoir fait une telle opération cette année. Le secteur pétrolier, fort d'une trésorerie solide après les importants bénéfices enregistrés en 2022, voit se multiplier les opérations de grande ampleur ces derniers mois aux États-Unis.

Lire aussiL'orientation du prix du pétrole de plus en plus dépendante de la Chine et des Etats-Unis

En octobre, le groupe pétrolier américain ExxonMobil avait annoncé qu'il allait racheter son compatriote Pioneer Natural Resources pour environ 60 milliards de dollars. Il s'agissait, là aussi, de se renforcer dans le bassin permien, qui attise les convoitises. « Ensemble, les sociétés disposeront d'environ 16 milliards de barils d'équivalent pétrole dans le bassin permien, assurait-on dans le communiqué. Au final, le volume de production d'ExxonMobil au Permien ferait plus que doubler pour atteindre 1,3 million de barils équivalent pétrole par jour. »

Il s'agissait d'ailleurs de la plus importante acquisition pour ExxonMobil depuis sa méga-fusion avec sa compatriote Mobil en 1999. Quelques jours plus tard, une autre annonce au montant colossal a été faite par le géant de l'énergie Chevron. Ce dernier avait alors officialisé le rachat de son concurrent Hess pour 53 milliards de dollars.

La fin de la fête ?

Cette concentration du secteur arrive intervient alors que les perspectives de croissance dans le secteur sont abaissées, sous couvert de dégonflement des cours du pétrole.

Loin de son plus haut à 120 dollars (111 euros) le baril, à l'été 2022, le pétrole Brent de mer du Nord, est repassé sous les 80 dollars ces derniers jours pour atteindre 75,6 dollars ce lundi vers 15h30. Son équivalent américain, le WTI, lui, s'affiche à 71,2 dollars. Les investisseurs se montrent prudents avant une semaine riche en rapports sur le marché et les décisions de politique monétaire de banques centrales. En outre, ils sont toujours préoccupés par les perspectives économiques mondiales moroses.

« Les inquiétudes persistantes concernant l'état de l'économie mondiale ainsi que les désaccords entre les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) sur la stratégie de production pèsent sur le marché », commentent les analystes d'Energi Danmark.

« L'ampleur du repli des prix depuis les sommets atteints après les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre est telle » que la prime de risque géopolitique a été complétement effacée, note John Evans, analyste chez PVM Energy.

De même « tous les gains réalisés après que l'Arabie saoudite a entamé sa longue réduction volontaire de la production, qui a débuté en juillet ».

Malgré la prolongation de ces réductions jusqu'en mars 2024, et l'amputation de 900.000 barils supplémentaires par d'autres membres du groupe Opep+ (l'Opep et ses alliés), les investisseurs se montrent toujours sceptiques.

Une bonne nouvelle pour Warren Buffet ?

L'opération de Occidental Petroleum est un coup de poker pour Warren Buffet. Et pour cause, sa société d'investissement Berkshire Hathaway dispose d'environ 228,1 millions d'actions du pétrolier, soit une participation de 25,8% d'une valeur d'environ 14,4 milliards de dollars. Si le groupe voit le cours de ses actions augmenter suite au rachat de CrownRock, la société d'investissement du milliardaire américain pourrait donc en profiter. D'autant qu'il semble vouloir augmenter sa participation depuis le début de la guerre en Ukraine. D'ailleurs, Berkshire Hathaway a obtenu le feu vert du régulateur américain pour acquérir jusqu'à 50% de la compagnie pétrolière à l'été 2022.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.