Des courgettes cultivées en musique pour lutter contre les virus

Depuis près de 15 ans, Gilles Josuan, producteur de courgettes des Alpilles, a troqué les pesticides pour des mélodies.
Musique, ça pousse !
Musique, ça pousse ! (Crédits : © Lionel Moulet/Courtesy L'Oustalet)

Cheveux courts et regard pétillant, Gilles Josuan est une nouvelle fois satisfait. Aucun nuisible n'a assombri la saison et il a produit comme chaque année ses 900 tonnes de courgettes sans produits chimiques. Son truc à lui pour renforcer ses récoltes et éviter les nuisibles : des mélodies appelées protéodies. Toujours émerveillé après dix-sept ans de pratique, il montre avec plaisir les boîtiers solaires sur le toit de ses serres qui émettent chaque nuit des séries de notes entre sept et quinze minutes.

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Quand il hérite de son père l'exploitation familiale, il s'engage dans une lutte contre les nuisibles à coups de purin d'ortie, de coccinelles, d'araignées ou de bicarbonate de soude. Mais contre la mosaïque, l'une des principales maladies virales de la courgette de variété ancienne, rien n'y fait. En 2006, il perd sa récolte, « j'ai dû tout arracher », se souvient-il. Cette même année, il découvre les protéodies (contraction de protéines et mélodies), un principe breveté par Joël Sternheimer. Ce physicien a constaté que chaque protéine contenue dans l'organisme émet une suite spécifique d'ondes, semblables à des notes sur une partition. Transposée en musique, cette suite peut stimuler une plante (pour sa photosynthèse, sa floraison, etc.) Ou, si elle est inversée, inhiber un agent pathogène (virus, bactéries et champignons). Chaque protéodie est par conséquent singulière et sur mesure.

Gilles Josuan a été le premier client de Genodics, qui exploite cette solution depuis 2008. Aujourd'hui ils sont 162 agriculteurs en France à n'utiliser que cette ressource comme anti-nuisibles. Gilles a tâtonné longtemps avant de trouver le « bon dosage » musical. Lors de ses premiers essais, il diffusait trop longtemps la mélodie et fragilisait la plante. Résultat : il a eu une attaque de pucerons. Puis plus rien pendant quatre ans avant qu'une autre attaque surgisse, sous une autre forme insensible à la protéodie diffusée : « Ce n'était pas la même souche. Il fallait faire vite, je pouvais de nouveau tout perdre. » L'entreprise lui conçoit alors une autre protéodie, qu'il diffuse à la suite de la première. Sa culture est sauvée en trois jours.

Aujourd'hui, l'agriculteur a installé 17 boîtiers sur ses 8 hectares de cultures, qu'il pilote depuis son smartphone. Dans sa playlist, il possède actuellement cinq protéodies, dont une contre le champignon oïdium. Elles font partie des 200 applications développées par Genodics pour le maraîchage, l'arboriculture, la viticulture et l'élevage. Les agriculteurs alentour, longtemps circonspects, sont aujourd'hui une bonne quinzaine à utiliser cette innovation.

Ce passionné, qui teste en ce moment les huiles essentielles, le dit tout de go : « Sans la musique, je ne produirais plus de courgettes, car économiquement je ne m'en sortais plus. »

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