Il devient de plus en plus difficile de manger cinq fruits et légumes par jour, comme recommandé. Et pour cause, des bénévoles de l'association Familles Rurales ont effectué, comme chaque année en cette période, des relevés de prix dans différents types de commerces, hypermarchés, supermarchés, discounters et spécialistes bio. Au total, 114 relevés des prix de 9 fruits et 10 légumes ont été réalisés du 7 au 21 juin dans 39 départements. Et le constat qu'ils dressent est alarmant.
Il ressort, en effet, que le prix de la plupart des fruits et légumes a fortement augmenté en un an. Quelques exemples à l'appui : 2,51 le kilogramme de bananes « conventionnelles » (c'est-à-dire non issues de l'agriculture biologique), soit 30% plus chères qu'un an plus tôt; 15,23 euros le kilo de fraises rondes bio (+22%), 2,96 euros le kilo de carottes bio (+35%)...
Entre 134 et 241 euros mensuels
Dans le détail, le prix du panier de fruits a augmenté de 14% en conventionnel et de 8% en bio, celui du panier de légumes de 17% en conventionnel et 15% en bio. Résultat : pour manger cinq fruits et légumes par jour et par personne et respecter les préconisations officielles du Plan national nutrition santé (PNNS), une famille de deux adultes et deux enfants « a dû dépenser entre 134 et 241 euros » mensuels, « soit entre 10% et 18% d'un SMIC net mensuel », relève l'association.
En se contentant des 5 fruits et légumes les moins chers de l'été (bananes, pastèque, concombre, laitue et courgette ou carotte), il en coûte encore entre 65 euros (en conventionnel) et 100 euros (en bio) par mois à cette famille.
+43% et +73% en 10 ans
En 10 ans depuis 2013, l'envolée du prix des fruits et légumes est spectaculaire, note Familles Rurales en s'appuyant sur l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Ainsi, le prix des fruits s'est apprécié de 43% sur la période, celui des légumes de 73%.
« Sur la même période, les prix de l'alimentation et l'indice général des prix à la consommation ont augmenté respectivement de 28% et de 17% », observe l'association qui milite pour l'instauration d'une allocation alimentaire dédiée aux produits sains, à hauteur de 65 euros par mois à destination des ménages les moins favorisés.
L'association appelle également à une « meilleure régulation des marges », le système actuel pénalisant selon elle « autant les consommateurs que les producteurs ».
Pas de retour attendu aux prix d'avant
D'après les derniers chiffres de l'Insee, les prix des produits frais ont augmenté de +11,2% en juin sur un an. Soit un rythme plus soutenu par rapport à mai (+10,7%) du fait de l'accélération des prix des fruits frais (+9,0% après +7,0%). À l'inverse, ceux des légumes frais ont ralenti (+17,0% après +18,0%).
De façon générale, c'est l'ensemble des prix qui sont en hausse en France depuis plusieurs mois. Ils ont augmenté de +4,5% sur un an en juin, ce qui est toutefois moindre que les mois précédents (5,1% en mai, 5,9% en avril). Concernant l'alimentaire, ils ont augmenté de +13,7% en juin, après +14,3% en mai. « L'inflation alimentaire était de quasiment 16% au mois de mars, la baisse est en train de s'amorcer », avait déclaré il y a quelques jours la ministre déléguée au Commerce et aux PME Olivia Grégoire sur Sud Radio.
« On ne reviendra à mon avis jamais aux prix de 2019 », a néanmoins averti le président de la principale organisation représentative des entreprises de transformation alimentaire (Ania), Jean-Philippe André mi-juillet.
Une réduction du niveau d'inflation n'est pas une baisse de prix mais une moindre hausse, et la comparaison des prix à un an est biaisée par le fait que la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022 : en juin 2022, les prix alimentaires avaient déjà commencé à augmenter. En moyenne, de 5,8% par rapport à 2021.
(Avec AFP)