Dix cépages oubliés à redécouvrir

De la Loire au Roussillon, vendange express de raisins rares travaillés à la mode du XXIe siècle.
(Crédits : © LTD / CHÂTEAU MANGOT)

Seuls 40 des 200 cépages recensés sur les différents terroirs viticoles français sont aujourd'hui cultivés par les vignerons. Parmi ceux-ci, certains, curieux d'expérimenter le potentiel de variétés anciennes ou oubliées, ont fait le choix de les ressusciter à travers des cuvées remarquables. Petit tour de France sélectif de ces raisins d'antan à boire aujourd'hui, en 10 vins aussi goûtus que surprenants.

Lire aussiVins et fromages français : les grands perdants du rejet du CETA

vins

ROUGES

AUSTRALE
(LE ROC DES ANGES - ROUSSILLON)

En quittant les côtes du Rhône il y a près de vingt-cinq ans, Marjorie et Stéphane Gallet ont emporté avec eux quelques pieds de serine, le cépage originel de la syrah. À force de patience, cette variété presque disparue a fini par s'acclimater aux schistes argileux d'un terroir rarement ménagé par l'ensoleillement local. Tel un miracle, ce rouge gagne en fruits noirs comme en éclat impavide.
25 euros. rocdesanges.com

IRANCY CÔTES DU MOUTIER 2019
(DOMAINE COLINOT - BOURGOGNE)

Vignes

Les vignes du Domaine Colinot à Irancy, en Bourgogne.

En complément du pinot noir emblématique de la région, l'antique césar - qui ne pousse que dans ce petit village - se fait une place (moins de 10%) dans l'assemblage d'un rouge pour le moins exotique. Une touche épicée qui marque le pas côté palais, en adéquation avec une robe aussi profonde qu'appétissante.
23 euros. irancy-colinot.com

MANSENG NOIR
(PLAIMONT - CÔTES DE GASCOGNE)

Sans les travaux titanesques menés par le Conservatoire ampélographique de Plaimont pour réhabiliter moult variétés autochtones, jamais le manseng noir (issu d'un seul pied survivant !) ne serait réapparu dans le patrimoine viticole gascon. Plus basse en alcool que ses voisines, cette cuvée au nez de violette a le corps d'un monocépage trapu. À servir légèrement frais, donc, sur des mets ensoleillés ou dignement paysans (fromages, charcuteries, abats...).
10,50 euros. plaimont.com

PERSAN 2018
(DOMAINE NICOLAS GONIN - ISÈRE)

Porte-étendard des cépages oubliés, le vigneron Nicolas Gonin fut l'un des premiers, en Isère, à sortir de l'anonymat la jacquère, la verdesse, le mècle ou encore le persan. Son rouge structuré, taillé pour la garde, exhale des arômes de fruits rouges, herbes aromatiques et réglisse. Une singularité qui exhume avec elle toute une histoire de terroirs, de moins en moins méconnue au fur et à mesure que les connaisseurs passent commande.
25 euros. vins-nicolas-gonin.com

ÉCLAT DE GRANITE 2022
(DOMAINE SÉROL - CÔTE ROANNAISE)

Petit cousin du gamay cher au Beaujolais, l'autochtone gamay saint-romain se plaît ici sur les coteaux granitiques de la Loire volcanique. Charnue, souple, vibrante et facile à boire, celle qui aurait pu en rester au statut de cuvée expérimentale mérite ses lauriers de vin 100% plaisir.
14 euros. domaine-serol.com

BLANCS

PRÉFACE MMXXIII
(CHÂTEAU MANGOT - SAINT-ÉMILION)

Massivement arraché dans le Bordelais dans les années 1950, le merlot blanc est ici réhabilité par la famille Todeschini à travers un vin tendu, frais et juteux, tout juste équilibré par 10% de sauvignon gris dans le millésime 2023. Un tour de force plein de témérité, qui aboutit cette année à 4 500 cols que les amateurs ont raison de se disputer.
19 euros. Sur le marché en septembre 2024 (sous allocation, 6 bouteilles max.) chateaumangot.fr

SEYVE-VILLARD 2022
(DOMAINE DIDIER & JULES GRAPPE - JURA)

Élevé sous voile de levures, cet hybride garanti zéro traitement doit sa vivacité et sa rondeur au croisement rustique de deux variétés antiques. Robe jaune dorée rehaussée par un bouquet de fruits à coque et une acidité en bouche parfaitement mesurée.
23 euros. vindujura.com

ROMO
(DOMAINE DES HUARDS - LOIRE)

Rapporté de Bourgogne au XVIe siècle par François Ier, le romorantin est un cépage issu du croisement pinot noir-gouais blanc. Sous l'AOC cour-cheverny, les Gendrier en font un vin fruité, acide et minéral, aussi croquant qu'un fruit du verger.
20 euros. domainedeshuards.com

PAR-DELÀ LES VERSANTS
(DOMAINE SAINT-GERMAIN - SAVOIE)

Bien connue en Vallée d'Aoste, la petite arvine a franchi la frontière pour se fondre dans la mosaïque d'un blanc onctueusement granuleux, presque toasté. Surnommé « le raisin des glaciers », ce cépage se distingue par une finale saline incomparable.
25-30 euros. domainesaintgermain.com

TROP M'EN FAUT !
(DRAPPIER - CHAMPAGNE)

Ancêtre du pinot gris au Moyen Âge, le fromenteau a usé de son grain mauve et doré pour refaire surface à Urville en 2015-2016, à l'initiative d'Hugo Drappier. Bilan : un brut nature teinté de miel et d'agrumes, au nom de baptême sous forme de contrepèterie, qui étonne par son atypicité historique.
50-70 euros. champagne-drappier.com

Mise en bouteille

Mas Karolina, Soleil Blanc

Qui va là ? Un vin ultra-féminin à dominante de grenache gris, typique de l'IGP côtes-catalanes, contrastant en l'espace d'une gorgée avec la rudesse parfois aride des contreforts pyrénéens et un terroir de marnes rouges. À parts égales, grenache blanc et macabeu fusent tels un courant de tramontane.

Empreintes digitales. Autocatapultée en 2003 dans la région de Maury, Caroline Bonville ne savait « pas à quoi [s'] attendre avec ces cépages ». L'œnologue girondine a, depuis, imprimé son style chic et choc sur ce domaine certifié en bio.

De face et de profil. Un nez enjôleur doublé d'une étonnante salinité avant que n'explosent des notes de pêche blanche, épicées en fin de bouche. Merci aux touches de vanille torréfiée pour la rondeur ; bravo au pressurage en grappes entières pour la fraîcheur.

En quête de proximité. Au choix : un crush assoiffé ou des compères à surprendre.

Heure du délice. « À l'heure où les phalènes s'envolent » (Meryl Streep à Clint Eastwood).

Meilleurs complices. Un poisson grillé entier ; un sorbet d'été.

Garde à vue. Dispensé ! Quitte à en faire patienter une, cap sur la cuvée L'Enverre, 100 % vieilles vignes en macabeu.

Règlement de comptes. 14 euros (millésime 2022).

Mas Karolina
Saint-Paul-de-Fenouillet
(Pyrénées-Orientales).
Tél. : 06 20 78 05 77.

vin

Faute de goût

Coquillettes et grand cru classé ?

S'il est un terrain sur lequel se rejoignent sommeliers et stylistes de renom, c'est peut-être celui-ci : il n'y a pas contradiction à marier souliers haute couture et paire de jeans. Il en va donc ainsi de ce plat de pâtes insolemment régressif, auquel on serait tenté d'adjoindre une quille franchement millésimée. En risotto comme dans leur plus simple appareil (mais dûment beurrées !), les coquillettes peuvent donc prétendre à un puligny-montrachet ou un grand meursault. Si le rouge est mis et le mets dénudé, en revanche, il est préférable de ne pas monter dans les tours et de s'en tenir à un sympathique mais honorable saint-nicolas-de-bourgueil, quoiqu'un pomerol puisse éventuellement avoir droit de cité.

Dans sa version canaille d'enfant gâté - ainsi que les prépare le chef Éric Frechon chez Lazare (Paris) -, le combo truffe-crème-comté-jambon est quant à lui un sésame pour la cave d'exception. « Pour casser le côté gras, partir sur un bourgogne en monocépage comme un chambolle-musigny premier cru, conseille Xavier Fofingue chez Lazare. L'équilibre parfait consiste à sublimer la truffe sans jamais l'éteindre. » Autre allié liquide susceptible de marquer le coup avec panache : une grande cuvée de champagne, comme le blanc de blancs de la maison Agrapart & Fils, à Avize.

L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.