Exposition : le pouvoir des fleurs

Le musée des Impressionnismes Giverny réunit 120 œuvres consacrées aux motifs floraux, symboles de sensualité mais aussi de mort
« Les Roses d’Héliogabale », Lawrence Alma-Tadema (1888).
« Les Roses d’Héliogabale », Lawrence Alma-Tadema (1888). (Crédits : © Studio Sébert Photographes)

Non loin des bords de Seine apparaît le musée des Impressionnismes Giverny. « Un lieu où on se détend, note son directeur. Le musée a un rôle d'apaisement dans notre monde. » Cyrille Sciama a ainsi choisi d'envelopper ses visiteurs d'effluves floraux. Du jardin, où une sélection hivernale a été plantée, aux salles qui accueillent l'exposition « Flower Power ». Les 120 œuvres présentées révèlent la place des fleurs dans les arts à travers les siècles, de l'Antiquité à nos jours.

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Parmi elles, de petites merveilles prêtées par de nombreux musées internationaux et collections privées : un bouquet d'Eugène Delacroix, motif rarement exploré par l'artiste ; une Vierge à l'Enfant du XVIe siècle provenant du musée de Cluny ; une statue de femme datant d'environ 1427 prêtée par le Louvre ; des robes Saint Laurent, des photographies de Man Ray... Une belle occasion de voir tous ces joyaux rassemblés ici. L'exposition débute par des figures mythologiques, « prétextes à dessiner des corps nus », s'amuse le directeur.

Deux magnifiques œuvres se font face. L'une est une tapisserie d'Edward Burne-Jones de 1901 à la végétation luxuriante réalisée par William Morris ; l'autre est une peinture de Lawrence Alma-Tadema de 1888. Elle révèle toute l'ambiguïté du motif floral, symbole de sensualité mais aussi de mort. À première vue, le tableau représente une joyeuse bacchanale. La scène qui se joue est en réalité la mise à mort des convives, étouffés par les kilos de roses déversés par l'empereur Héliogabale.

« Flower Power » dévoile des merveilles prêtées par de nombreux musées internationaux

Dans les salles suivantes, les fleurs sont portraiturées. Par la peintre américaine Georgia O'Keeffe, redécouverte il y a peu au Centre Pompidou. Par la photographe Dora Maar, maîtresse de Pablo Picasso. Décoratives, elles agrémentent des faïences du XVIIIe siècle, une coupe chinoise de l'époque Qing ou un vase signé Émile Gallé. Symboles politiques, le dissident chinois Ai Weiwei les sculpte pour affirmer sa soif de liberté alors qu'il est assigné à résidence.

L'exposition ne pouvait faire l'impasse sur la représentation des fleurs par les impressionnistes, « hymne au bonheur » selon le directeur. Et c'est effectivement un vrai plaisir que de découvrir des œuvres d'Eugène Bourdin, qui inspira Claude Monet, des tableaux de Paul Cézanne aux tons cubistes, un bouquet de chrysanthèmes peint par Caillebotte et offert par son frère à Claude Monet.

À quelques mètres de là, une vidéo de Rob & Nick Carter met en mouvement une peinture florale. « C'est sans doute mon œuvre préférée », dévoile Cyrille Sciama. Un choix étonnant pour un conservateur spécialisé dans le XIXe siècle. Et pourtant, l'une des nouveautés depuis son arrivée en 2019 est justement l'intégration d'œuvres contemporaines dans ce lieu consacré aux impressionnismes. Une manière pour lui d'attirer un nouveau public. Comme il le fait lorsqu'il organise chaque année une soirée électro au musée, qui accueille plusieurs centaines de jeunes de la région. « L'art est fait pour surprendre et émerveiller », conclut Cyrille Sciama. Ce que fait l'exposition en dévoilant le pouvoir de séduction des fleurs sur les artistes. Et sur les visiteurs.

« Flower Power », au musée des Impressionnismes Giverny jusqu'au 7 janvier. mdig.fr

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