🛌 Cette semaine a bizarrement commencé. Lundi, c'était la journée mondiale de la procrastination. Pour avoir la paix, j'ai commencé ce papier mardi. Et j'ai failli rater ça : dimanche, Marine Tondelier, la cheffe des Verts, publiait une vidéo sur X (ex-Twitter) : « Pour clôturer mon 1ᵉʳ déplacement officiel en outre-mer direction la Guyane 🇬🇫 » Fin de citation. NB : l'émoji Guyane est de Marine Tondelier en personne.

Lire aussiLA SEMAINE DE PHILIPPE VANDEL : Méfions-nous des apparences

🌴 Elle est donc à Cayenne, après être passée par la Martinique et la Guadeloupe. Sa phrase sert d'introduction à une vidéo où elle monologue devant un arbre : « Je voulais vous parler, avant de rentrer, de cet arbre. C'est un fromager, il est chargé de légendes, d'histoire, notamment, il a la réputation chez beaucoup de Guyanais de faire le lien entre les vivants - ceux qui sont là - et l'invisible.

🌳 Mais pourquoi je voulais vous parler de cet arbre, celui-là derrière moi, en particulier ? C'est parce qu'il a été planté il y a vingt ans, jour pour jour, par des copains de Guyane Écologie. Et moi, je reviens tous les ans, maintenant, voir comment cet arbre va pousser... »

⚡Que n'a-t-elle pas dit là ?!? Les réseaux sociaux s'enflamment, et la pourrissent. Je retire les insultes et je résume : Honteux ! Indécent ! Foutage de gueule : ça se dit écolo et ça prend l'avion une fois par an pour voir pousser un arbre !

🛫 L'argument des haters est purement démagogique : l'avion n'est pas hors la loi, et il n'est pas anormal de l'utiliser. Alors pourquoi tant de haine ? Car Marine Tondelier s'est tiré une balle dans le pied. Toute à son monologue, elle a dû oublier que le 1ᵉʳ janvier 2023 elle avait publié ce tweet, ruisselant de contrition et de sobriété : « J'ai mes poules. Je ne prends plus l'avion. Je me chauffe à 19°. »

🛬 Voilà ce qui a mis le feu aux poudres. Pas son bilan carbone crasseux (3 tonnes de CO2 pour dix-huit heures de vol A/R), mais sa promesse non tenue de ne plus voler, et la leçon faite au petit peuple diesel (qui ne prend jamais l'avion pour ses déplacements pro). La vengeance est un plat qui se mange plus froid que 19°. On n'est jamais aussi mal servi que par soi-même.

📺 Le petit Émile a disparu. Donc toutes les télés sont là. Jeudi, dans le hameau du Haut-Vernet, la gendarmerie procède à une mise en situation, dans un périmètre bouclé, pour retracer cette journée funeste. En quoi cela consiste-t-il ?

🏔️ Au plus près des cordons de sécurité, l'envoyé spécial de BFMTV intervient en duplex dans le 13 Heures : « Cette mise en situation concerne 17 personnes, qui ont donc été convoquées. Il y a forcément les grands-parents, les voisins, les personnes à proximité de la résidence familiale, et puis surtout les deux témoins oculaires, puisque, vous le savez, deux personnes disent avoir aperçu Émile avant 17 heures. Une personne a déclaré que Émile [sic] se dirigeait vers une cabane qu'il avait construite, au-dessus de la maison familiale ; l'autre personne indique que le petit Émile descendait vers le lavoir. » Quoi ? Une cabane qu'il avait construite lui-même ?

👶 Après avoir potassé le dossier, le reporter trouve normal qu'un bambin (2 ans et 8 mois exactement) puisse se construire tout seul une cabane en Haute-Provence. De quoi est-on capable à cet âge ?

🚼 Je me tourne vers l'Unicef, le fonds des Nations unies pour l'enfance. Le prestigieux organisme publie « Les grandes étapes du développement de votre enfant à 2 ans ». C'est prometteur : « À 2 ans, votre enfant parle, marche, grimpe, saute, court et déborde d'énergie. Son vocabulaire s'enrichit régulièrement de nouveaux mots. Il sait trier les objets par forme et par couleur et peut même commencer à s'asseoir sur le pot. À mesure qu'il gagne en indépendance, votre petit bout peut montrer des signes de rébellion : il tente de repousser les limites et explore le monde qui l'entoure. » Même dans un village de montagne ?

L'Unicef précise : « Il construit des tours de quatre cubes ou plus. »
🟥🟧🟩🟦 Quatre ? Oh putain ! Tu ajoutes en prime quelques cubes et ça te fait une cabane...
Charité bien ordonnée commence par soi-même.

🗞️ Vendredi, ce gros titre du Parisien : « Le cavalier seul de Jean-Luc Mélenchon ». Candidat aux européennes à une place non éligible (il s'est positionné avant-dernier), le leader de La France insoumise se lance dans une série de meetings et de conférences. Oui, mais seul. Sans la tête de liste LFI pour ces élections : Manon Aubry. Le quotidien s'étonne : « Les affiches ont fleuri ces derniers jours sur les réseaux sociaux, sans aucune mention de Manon Aubry. » On n'est pas mieux tout seul ?

📲« Sommes-nous devenus plus bêtes ? » C'est la couverture et le dossier principal du Nouvel Obs cette semaine. Suivent douze pages nuancées, pour ne pas dire alambiquées. Oui, mais non. Non mais oui. Au final, impossible de répondre à la question qu'ils se sont eux-mêmes posée. Il ne faut stigmatiser personne. Mais l'ennemi est désigné : l'ordinateur, le portable, les applications, les réseaux sociaux. Chacun devient de plus en plus seul avec lui-même. Les applications de jeux te font gagner. Les réseaux te mettent principalement en contact avec des gens de ton avis, donc sans aucun challenge intellectuel. Extension au domaine de la politique : tu peux te retrouver seul à vouloir convaincre les autres.

↔️ Comme elle a débuté, cette semaine s'est étrangement terminée. Hier, samedi, c'était la Journée mondiale des troubles bipolaires. L'hebdomadaire Marianne ironise : « Certains y participeront, d'autres non. Et parfois, les mêmes. »