LA SEMAINE DE PHILIPPE VANDEL : Réflexions sur la réflexion

CHRONIQUE - Schopenhauer pour vendre des voitures et la sœur de Xavier Dupont de Ligonnès dénonçant une science « non factuelle » : une semaine à se griller les neurones.
La semaine de Philippe Vandel
La semaine de Philippe Vandel (Crédits : DR)

📻 L'Assemblée nationale en procès dans les médias. Les médias en procès à l'Assemblée. Les médias qui critiquent l'Assemblée qui recevait les médias à l'Assemblée. Les infos à la radio. Sans cesse plus complexes. Ne comptez pas sur la pub pour vous divertir. Je tombe sur la nouvelle campagne Nissan : « Quand on veut, on peut. Vous conviendrez que ce n'est pas toujours vrai. Sinon le pouvoir d'achat s'appellerait le vouloir d'achat, non ?... »

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🚗 Cette conjecture inattendue m'a grillé les neurones. Je me tourne vers Schopenhauer, icône du concept de volonté. Pour le taciturne philosophe, la volonté est l'unique force qui dirige l'homme, plus puissante que sa raison, au point de l'asservir. La volonté de l'homme fait son malheur, il en est l'esclave. Je lis tout cela et plus encore dans son chef-d'œuvre : Le Monde comme volonté et comme représentation (1818). Nietzsche arrive plus tard. Il valide Schopenhauer puis le conteste : la volonté peut au contraire grandir l'homme, le transcender. Qui a raison ? Tout ça rien qu'avec une pub pour des bagnoles...

⚽ Puisqu'on est chez les philosophes allemands, je n'oublie pas Franz Beckenbauer, star mondiale de la Bundesliga, qui passe du vouloir au pouvoir : « Il n'y a qu'une seule possibilité : gagner, perdre, ou faire match nul. »

🌍 Lundi, l'académicien François Sureau est l'invité de la matinale de France Inter. Son livre s'appelle S'en aller (Gallimard). Mauvais présage. Grosse présence. On est dans le dur : « Depuis que je suis enfant, j'ai eu continûment l'impression que ce monde était en réalité la version imparfaite d'un monde parfait. Une idée un peu platonicienne, une idée de caverne : tout ce que nous voyons avait son sens ailleurs, et trouvait son sens ailleurs. Il existait un monde dans l'éternité où notre conversation à trois de ce matin prenait un sens que nous-mêmes en ce moment ne sommes pas capables d'imaginer. »

⚰️ Rappel : c'est de l'oral. Il parle comme si peu écrivent. Ses interlocuteurs mesurent chaque mot. L'ancien avocat du Conseil d'État est interrogé sur la loi sur la fin de vie, voulue par Emmanuel Macron. Accrochez-vous : « Cette déclaration m'a rendu prodigieusement inquiet. Je pense en réalité qu'il faut se tenir à quelques principes simples, si l'on ne veut pas, tôt ou tard, basculer dans des choses extrêmement fâcheuses. Et ce principe de base cumule "tu ne tueras point" avec le fait que l'État ne peut être mêlé, en aucune manière, fût-ce par la production d'un dispositif, à la mort d'une personne. » Léa Salamé : « La loi Leonetti, ça a été une loi... »

Sureau : « Je n'engage que moi, je n'ai pas vocation de prophète sur ces sujets. La vocation d'un principe, c'est qu'on ne peut pas exciper de la difficulté des circonstances pratiques, des circonstances de fait, pour s'écarter du principe. Bien sûr que c'est difficile. » Difficile, c'est le mot. Détendons-nous.

💇‍♂️ « Sois beau et tais-toi ! » C'est le titre d'un article du magazine Elle qui analyse ce nouveau phénomène : « L'homme-objet comme nouvel accessoire des post-féministes branchées [sic]. »

🩳 Voici le himbo, version virile de la bimbo écervelée. Car il ne suffit pas que Jeremy
Allen White, Paul Mescal ou Barry Keoghan soient sexy. Encore faut-il qu'ils soient le moins vêtus possible, dans des publicités en calbute, ou des rôles de gentils benêts, tel Ryan Gosling dans Barbie. « Moins ils sont intellos, plus ils ont du succès. » Alix Girod de l'Ain observe : « On pense aussi au personnage principal de Simple comme Sylvain, le fi lm québécois qui a volé la vedette au super cerveau d'Oppenheimer lors des derniers Césars, et dans lequel une femme quitte son mari universitaire pour un magnifique homme des bois... bien bas du front. » François Sureau, t'as zéro chance.

🧬 Xavier Dupont de Ligonnès vivant ! C'est la thèse de sa sœur Christine, qui donne une longue interview à Paris Match. Pourtant, tout accable son frère, notamment les sept cadavres sous la terrasse de la maison de Nantes : cinq personnes et deux chiens. Pendant près de deux ans, Christine a décortiqué les 15 000 pages du dossier. Elle pointe les lacunes de l'instruction. Un exemple ? « Agnès mesurait 1,67 mètre, comme indiqué sur sa carte d'identité. Alors que le corps exhumé, d'après l'autopsie, mesure 1,72 mètre. Ma belle-sœur avait des cheveux gris presque blancs, là où elle est dépeinte comme brune aux cheveux mi-longs. » Christine s'interroge : « Pourquoi devrais-je croire en la véracité de l'ADN et des empreintes digitales alors que les caractéristiques physiques des corps ne correspondent pas ? Deux preuves semblent s'affronter : l'une est scientifique et technique, l'autre est factuelle. »

🔬 Nous voici en pleine interrogation épistémologique : la science ne serait pas factuelle. Les faits ne seraient pas techniques. Des preuves ne prouveraient rien. J'avoue ma perplexité.

🗓️ Vite, rendez-nous Beckenbauer ! Tu sens que le gars a bien excipé de la difficulté
des circonstances pratiques : « Il y a une année où j'ai joué quinze mois de suite. »

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