LA SEMAINE DE PHILIPPE VANDEL : Simplifications

CHRONIQUE - Notre chroniqueur explore le monde médiatique tel qu’il va... ou pas.
Philippe Vandel
Philippe Vandel (Crédits : DR)

📺 La conférence de presse d'Emmanuel Macron, lundi soir, huit chaînes, 8,7 millions de téléspectateurs. Il veut en finir avec « la France du tracas » pour redonner la main à « la France du bon sens ». Effet waouh espéré.
Depuis le temps qu'on attend ça. Pompidou, le premier, avait lancé : « Arrêtez donc d'emmerder les Français ! » En 2013, François Hollande, emmerdé, avait annoncé le « choc de simplification ». Bilan : aucun choc. Zéro simplification.

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📚 Encore moins ce mercredi. Sur BFM/ RMC, le chroniqueur éco Emmanuel Lechypre s'emporte : « La France c'est plus de 80 codes, 400 000 normes, une complexité qui coûte au bas mot 100 milliards d'euros par an si on extrapole les données de l'OCDE. » Le magazine Capital renchérit, citant la CPME : « Au cours des dix dernières années, les pouvoirs publics ont empilé 567 lois, comptant un total de 17 843 articles, 665 ordonnances, soit 12 442 articles, et 7 451 décrets. »
Notre vie quotidienne devient-elle aussi trop sophistiquée ? Chaque minute se complexifie. Même une banale présentation radio.

📻 Mercredi après-midi sur France Inter, émission La Terre au carré. Thème : « À qui profitent les mégabassines ? » L'animateur présente son invitée : « Florence Denier-Pasquier, vous êtes juriste de l'environnement spécialisée dans le droit de l'eau et des milieux aquatiques, vous êtes responsable associative dans le domaine de l'eau à France Nature Environnement, vous êtes aussi représentante au Comité national de l'eau et vous venez de publier Agir pour une gestion équilibrée de l'eau aux éditions du Passager clandestin. » C'est tout ?

💦 On en est là : juriste de l'environnement spécialisé dans le droit de l'eau et des milieux aquatiques. En quoi cette profession est-elle très différente de celle de juriste de l'environnement spécialisé dans le droit du sable et des milieux arides ? Je sèche.

♻️ Les nouveaux métiers seront alambiqués ou ne seront pas. Le site Je-change-de-metier.com en dévoile une trentaine. Au choix : diagnostiqueur de produits, matériaux et déchets issus du bâtiment ; chargé de process numériques de production en plasturgie ; intervenant médico-technique à domicile pour les prestataires de santé à domicile (je n'invente rien : ils viennent chez lui avant d'aller chez les autres).

🚧 Mon préféré : préparateur en déconstruction. Quand le BTP rend hommage à Derrida. Car il ne suffit pas de tout péter. Encore faut-il élaborer la destruction des constructions. Construire pour mieux détruire, un résumé de l'époque.

🎓 Où apprendre ces nouveaux métiers ?
À l'école, tiens.

🌊 La ministre de l'Éducation affronte un tsunami médiatique. À peine promue, Amélie Oudéa-Castéra a dû justifier l'inscription de ses fils dans le privé. La faute à « des paquets d'heures pas remplacées ». Tollé ! Libération révèle alors que seul son aîné a été scolarisé dans le public, seulement six mois, et en petite section de maternelle. Le journal publie aussi le témoignage de son institutrice de l'époque, qui n'a noté aucune absence.

🏫 La ministre dément tout mensonge à l'AFP. Libé en remet une couche : « Amélie Oudéa-Castéra répète ne pas avoir menti mais concède que la réalité lui "donne tort". » Nuance. Le quotidien persiste et signe :

« La ministre répète avoir parlé avec "sincérité" au sujet des raisons de la scolarisation de ses enfants dans le privé, tout en admettant que les faits contredisent sa version. »

✖️ Pour tenter de passer à autre chose, AOC poste un message sur X (ex-Twitter). Elle salue la mission que le président et le Premier ministre lui ont confiée : « Un continuum de responsabilités aux synergies nombreuses avec, en son cœur, une ambition : le réarmement civique de notre jeunesse. »
Possible de faire plus amphigourique ? Je rappelle que c'est de l'écrit. Ce qui signifie qu'elle y a réfléchi. Je vous laisse y réfléchir...

✂️ À l'automne, j'avais salué ici le « bonus réparation » pour les vêtements et chaussures. Exemple : un trou dans la chemise, c'est 12 euros chez la couturière, mais l'État vous en offre 7, donc ça ne coûtera que 5 euros. Pas si simple. Le 13 Heures de TF1 avait relevé pas moins de 14 niveaux de bonus en fonction des tâches réalisés. Exemple : « Couture doublée : 8 euros ; non doublée : 6 euros. »

📸 Ça se complique encore : « Pour chaque intervention, le commerçant doit prendre une photo du vêtement avant et après réparation, soumettre le dossier à l'administration, puis attendre deux mois. »

📈 C'était en novembre, et vous savez quoi ? Le prix des réparations a explosé. Quand les artisans ont vu que les clients touchaient un bonus de 5 euros, ils ont augmenté les tarifs de 5 euros.

📉 Inversement, le gouvernement a réduit pour cette année la prime sur les véhicules électriques, de 5 000 à 4 000 euros. Vous devinez ? les constructeurs ont baissé leurs prix de 1 000 euros.

🚘 Voilà qui rappelle Johnny au Dakar.
En 2002, la star participait au rallye au volant d'un 4×4. À la fin d'une étape marquée par les problèmes techniques, il analysa : « Tu te rends compte que si on n'avait pas perdu une heure et quart... on serait là depuis une heure et quart ? »
La France du bon sens contre la France du tracas.

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