Musique : Texas en version soul

Le groupe de Glasgow célèbre trente-cinq ans de carrière avec un best of de ses classiques revisités. Rencontre avec sa chanteuse, Sharleen Spiteri.
Sharleen Spiteri et le claviériste Spooner Oldham devant le studio Fame à Muscle Shoals (Alabama), où le dernier album de Texas a été enregistré.
Sharleen Spiteri et le claviériste Spooner Oldham devant le studio Fame à Muscle Shoals (Alabama), où le dernier album de Texas a été enregistré. (Crédits : © LTD / Clyde Gates)

La semaine dernière, elle était de passage à Paris pour une visite menée au pas de charge. « Je viens d'arriver, je repars demain matin à Londresconfie Sharleen Spiteri dans un salon rococo de l'hôtel Costes à Paris. Des amies voulaient m'inviter à l'exposition Rothko à la Fondation Louis Vuitton. J'aurais adoré, mais je n'ai malheureusement pas le temps. » Joviale, volontiers loquace et d'une franchise désarmante, la chanteuse du groupe Texas assure en solo l'exercice de la promotion sans son complice, le pianiste Eddie Campbell, venu pour l'accompagner lors de son passage à l'émission Taratata prévu en fin d'après-midi. « Les interviews, c'est mon domaine; normal, je suis la chanteuse du groupe. Nous avons déjà essayé de donner des entretiens avec d'autres membres de Texas, c'est impossible à cause de notre légendaire accent écossais, s'amuse la native de Glasgow. Il est déjà difficile de me faire comprendre, même avec des journalistes anglais, alors quand nous sommes deux ou trois, c'est impossible. »

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C'est donc avec son accent à couper au couteau, qui disparaît comme par magie quand elle chante, que Sharleen Spiteri nous raconte la genèse du nouvel album de Texas, The Muscle Shoals Sessions (sortie vendredi). Un best of parcourant trente-cinq ans de carrière en douze chansons (dont deux reprises) revisitées avec le claviériste et compositeur Spooner Oldham, 80 ans, homme de l'ombre de la musique soul intronisé au prestigieux Rock and Roll Hall of Fame en 2009. Parmi ses faits d'armes, il a joué au côté de Percy Sledge pendant l'enregistrement de When a Man Loves a Woman. On entend également son orgue Hammond sur Think et Respect d'Aretha Franklin ; sans oublier ses contributions sur des albums de Bob Dylan, Neil Young et J.J. Cale. « Quand Kenny Gates, le patron de notre label, nous a proposé d'enregistrer un album piano-voix, son nom s'est imposé comme une évidence, détaille Sharleen Spiteri. Cette rencontre faisait sens car nous avons toujours été fans de son œuvre et notamment de sa chanson Keep On Talking. »

Le résultat est de toute beauté

La rencontre aura lieu dans le bastion du musicien, à Muscle Shoals, au nord de l'Alabama. « Nous avons travaillé dans le légendaire studio Fame, se souvient l'artiste. J'étais comme un enfant dans un magasin de bonbons. Spooner est un homme charmant, d'une grande humilité, il ne frime jamais. Tout s'est fait très naturellement. Il jouait sur son piano électrique Wurlitzer, je m'asseyais à ses côtés et je chantais. Les 14 titres ont été enregistrés en à peine une semaine. » Le résultat est de toute beauté. On redécouvre les classiques de Texas sublimés dans des versions soul aussi épurées que vibrantes. « Spooner a un profond respect pour les vocalistes. Son jeu est d'une grande subtilité, discret et très inspirant », poursuit Sharleen Spiteri, qui chante avec l'intensité et les écorchures d'une diva soul que l'on ne soupçonnait pas. « J'ai grandi avec cette musique grâce à ma mère, confie-t-elle. Al Green, Marvin Gaye, Etta James et tous les classiques de la Motown ont enchanté mon enfance. » L'Écossaise espère bien prolonger l'aventure sur scène avec Spooner Oldham. « Rien n'est encore fait, dit-elle, mais j'ai vraiment envie de montrer notre complicité au public. »

Al Green, Marvin Gaye, Etta James et tous les classiques de la Motown ont enchanté mon enfance

En attendant, elle travaille avec ses acolytes sur le nouvel album de Texas, le onzième d'une carrière qui décolle en 1989 avec I Don't Want a Lover, tube planétaire qu'elle avait coécrit avec le bassiste Johnny McElhone. À 57 ans, l'ex-coiffeuse de Glasgow se dit consciente du « privilège » d'être toujours sur le devant de la scène, comme l'année dernière lors d'un concert événement donné au festival de Glastonbury devant deux générations de fans. « Mon pire cauchemar serait d'être une jeune artiste en 2024s'émeut Sharleen Spiteri. Les maisons de disques bradent notre musique aux géants du streaming. Aujourd'hui, les tournées internationales sont la principale source de revenus pour les musiciens. Or, depuis le Brexit, c'est devenu extrêmement compliqué avec tous les coûts liés à la paperasse, à l'obtention des visas... Pour les jeunes artistes anglais, c'est une catastrophe. Au moins, je peux me consoler en me disant que l'Écosse a voté "non" au Brexit. » Et quand on lui demande le secret de la longévité de Texas, sa réponse fuse. « Nous sommes une famille, à 100 %. » Avant de conclure, malicieuse : « La présence d'une femme au sein d'un groupe d'hommes a sans doute aidé à désamorcer les tensions et tous les problèmes d'ego liés à une trop forte concentration de testostérone. Mais attention, Texas est un groupe sans leader, même si j'ai toujours le dernier mot. »

Texas sera en concert unique en France le 18 juillet au théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône).

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