Nos critiques cinéma de la semaine

« Amal – Un esprit libre », de Jawad Rhalib, « La Machine à écrire et autres sources de tracas », de Nicolas Philibert, « Borgo », de Stéphane Demoustier : découvrez nos critiques des sorties cinéma de la semaine.
Lubna Azabal dans Amal - Un esprit libre
Lubna Azabal dans Amal - Un esprit libre (Crédits : © LTD / UFO distribution)

Thriller carcéral (3⭐/4)

« Ici, ce sont les détenus qui surveillent les gardiens et non l'inverse. » C'est la directrice de la prison de Borgo qui prévient ainsi sa nouvelle recrue, Melissa, fraîchement débarquée de Paris pour repartir de zéro en Corse avec son mari et sa fille. En arrivant dans cette prison particulière où les portes des cellules sont ouvertes toute la journée et sont peuplées d'hommes corses, elle décide vite de montrer autant d'autorité que d'empathie, en discutant avec eux ou en leur fournissant des cigarettes. Dès lors, les limites des rôles se brouillent et l'on ne sait plus si la mystérieuse Melissa va se laisser manipuler ou être volontairement complice d'un coup mafieux. Et ce ne sont pas les deux inspecteurs de police avec leur vidéosurveillance qui y voient plus clair... Le réalisateur de La Fille au bracelet, Stéphane Demoustier, offre à Hafsia Herzi un rôle rare de surveillante de prison insaisissable, à la fois battante et perdue dans un engrenage qui la dépasse, et un film qui casse les clichés carcéraux américains pour montrer la prison telle qu'elle est, plus humaine mais pas moins vénéneuse. (Charlotte Langrand)

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Borgo, de Stéphane Demoustier. Avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Florence Loiret Caille, Michel Fau. 1 h 58. Sortie mercredi.

L'humanisme à tout prix (3⭐/4)

Et de trois ! Le « thriller scolaire » devient un genre en soi et il ne passe pas inaperçu. Juste après Pas de vagues et La Salle des profs, qui dépeignent avec justesse la solitude d'enseignants malmenés par leurs élèves et leurs pairs, voici Amal, du réalisateur belge Jawad Rhalib... À Bruxelles, Amal, professeure de français, veut bien faire : elle encourage ses élèves à s'exprimer par eux-mêmes, en toute liberté. Soudain confrontée à une situation de harcèlement, elle se doit de protéger une adolescente soupçonnée d'homosexualité par ses camarades qui, pour la plupart de confession musulmane, font bloc contre elle. Tâchant de leur faire entendre que leur intolérance est une impasse dangereuse, elle leur fait découvrir Abu Nuwas, ce poète qui, au VIIIe siècle, célébrait l'amour, la vie, et donc un islam humaniste. Mais cela ne fait qu'attiser les tensions... Captivant de bout en bout, Amal est bien un thriller. S'il fait écho à tout ce qui complique la mission enseignante aujourd'hui, il se concentre sur une situation singulière malaisante : celle d'une école belge où l'obscurantisme et les fake news d'un islam sectaire parviennent à infuser... sournoisement. Cette intrigue inspire une confrontation réussie entre Lubna Azabal et Fabrizio Rongione, très convaincants. Le risque en traitant un tel sujet serait la récupération par l'extrême droite islamophobe. Alors qu'ici, pas de doute, c'est la montée des extrémismes de tous bords prônant le rejet de l'autre qui est dénoncée, pas l'islam en soi. (Alexis Campion)

Amal - Un esprit libre, de Jawad Rhalib, avec Lubna Azabal, Fabrizio Rongione, . 1 h 51. Sortie mercredi.

Un atelier de réparation (3⭐/4)

Après Sur l'Adamant et Averroès & Rosa Parks, Nicolas Philibert nous livre le troisième volet de sa trilogie psychiatrique : La Machine à écrire et autres sources de tracas. Sous ces titres énigmatiques au premier abord se cachent trois films qui décrivent le quotidien du pôle psychiatrique de Paris-Centre. Beaucoup plus court que les deux premiers volets, cet ultime voyage se présente comme une série de portraits de patients que des infirmiers visitent chez eux ou dans leur chambre. L'un pour réparer une antique machine à écrire sans laquelle rien ne peut se faire. L'autre pour tenter de ménager un peu d'espace vital dans l'appartement qu'un moderne Diogène emplit de livres et de tableaux. Autant de prétextes pour tenter sinon de réparer, du moins d'atténuer les pathologies et les névroses de ces vivants qui perdent le contact avec la réalité. Le cinéaste filme leurs échanges avec humanité, recueillant des paroles en liberté. Car la raison du plus fou est parfois la plus sage. (Aurélien Cabrol)

La Machine à écrire et autres sources de tracas, de Nicolas Philibert. 1 h 12. Sortie mercredi.

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