Séquence frissons à Gérardmer

Verdict du jury ce soir pour le festival du film fantastique, riche en sensations entre le lac, les forêts et les pistes de ski de la petite cité lorraine.
Sur le domaine skiable de la station.
Sur le domaine skiable de la station. (Crédits : © GÉRARDMER TOURISME)

La séance débute par le même rituel depuis des années. Les premières notes du générique du Festival international du film fantastique s'égrènent dans des tonalités graves, pleines de mystère. Puis un cri est lancé, immuablement, par un spectateur fidèle prénommé David. Il ressemble à un rire de sorcière. « Cet habitué a un remplaçant pour les rares fois où il n'est pas là », s'amuse Pierre Sachot, président de l'association du festival. Ce dernier faisait partie de la bande de copains qui décida, fin 1993, de répondre à l'appel d'offres pour succéder à Avoriaz, en Haute-Savoie, berceau du plus gros rassemblement français des amateurs de zombies et d'extraterrestres. En janvier 1994, Gérardmer reprenait le flambeau, gagnant ainsi en visibilité grâce au cinéma. L'affiche orange de cette 31e édition orne la majorité des vitrines du centre-ville de cette petite ville de 8 000 habitants : un vampire toutes griffes dehors par une nuit de pleine lune. « Cette couleur symbolise le passage de l'obscurité vers la lumière : il ne faut pas confondre horreur et fantastique, qui peut même être féerique », nuance Pierre Sachot.

Lire aussiPatrimoine : une cinémathèque aux sommets

Il reste encore une journée pour frissonner de plaisir devant des films de la compétition sur grand écran. Mais d'autres activités prendront le relais pour susciter des sensations fortes... de saison : le ski, sur les pistes qui surplombent la ville. Celle du Tétras, rouge, est la plus emblématique du domaine de la Mauselaine. On y slalome entre les sapins, le plus grand lac naturel des Vosges à nos pieds. Elle est l'une des seules pistes ouvertes en ce moment, en attendant les flocons. « Nous avons suffisamment de stock de neige pour février », assure Benoît Perrin, directeur de cette station gérée par la municipalité. La fondation d'une société des sports d'hiver remonte à 1908 à Gérardmer, qui avait tenté sa chance face à Chamonix pour accueillir les JO d'hiver de 1924. Ses pentes douces attirent désormais des vacanciers du nord-est de l'Hexagone ainsi que d'Allemagne, de Grande-Bretagne, du Luxembourg... Les résidences secondaires fleurissent depuis quelques années sur les anciens alpages, au détriment des logements pour les personnes du cru.

Vibrer de bien-être au milieu des sapins

La « perle des Vosges » fut ainsi surnommée en 1835 par Abel Hugo, le frère de Victor. De quoi faire frémir de curiosité les Parisiens, qui y affluèrent pour se promener autour d'une série de lacs, miroirs aux mille reflets bleutés bordés de cascades et ceints de forêts... Le succès fut tel que le premier office de tourisme de France y vit le jour en 1875, il y a presque cent cinquante ans. En 1944, les belles villas et les grands hôtels furent réduits en cendres par les Allemands, qui dans leur fuite détruisirent 85 % de la ville.

L'écrin naturel de Gérardmer n'a rien perdu de sa splendeur. À pied ou en raquettes au cœur du massif des Vosges, on inspire à pleins poumons cet air fleurant bon la sève de pin qui nous fait vibrer de bien-être. La croûte de neige crisse sous les pas, des buissons de myrtilles courent le long de murets de pierre ancestraux. Peu avant le col des Bas-Rupts, à 800 mètres, trois fermes vosgiennes s'échelonnent à la lisière des bois.

Autrefois, dans la montagne comme dans la vallée, chaque famille avait son champ de lin devant sa porte. On le filait et tissait durant l'hiver. Les toiles étaient lessivées à la cendre de bois puis étendues sur les prés, blanchies par la lune et le soleil... Cette technique a été reprise de façon industrielle au XIXe siècle, faisant de Gérardmer une ville référente du textile. « L'acidité de l'eau a aussi compté, en cette terre de sapins, ainsi que l'arrivée d'industriels alsaciens après l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne en 1871 », précise Paul de Montclos, PDG de Garnier Thiebaut, l'une des grandes adresses de linge de maison de la région. La production perdure, mais à prix plus élevés que la concurrence internationale, revers d'une fabrication locale. Dans l'entrepôt, les étiquettes des destinataires font voyager : le Ritz-Carlton de Macao, le Crown de Sydney, le Cheval Blanc à Paris... Pour ce dernier établissement, Bernard Arnault, patron de LVMH, a testé lui-même plusieurs marques de draps à l'aveugle. Garnier Thiebaut l'a emporté, promesse d'un doux repos après tous ces frissons.

Palmarès

Les résultats de la 31e édition du Festival du film fantastique seront connus à partir de ce soir, sous la présidence de l'écrivain Bernard Werber pour les longs-métrages et de l'auteur de polars Bernard Minier pour les courts-métrages. L'annonce sera suivie de la projection des deux films primés par le jury, dont font partie cette année l'acteur Clovis Cornillac et le réalisateur Jean-Paul Salomé.

Programme des films, tables rondes et expositions sur festival-gerardmer.com/2024

Carnet d'adresses

Confiserie géromoise

Ces bonbons des Vosges sont fabriqués à Gérardmer à base d'huile essentielle de sapins du coin, sous les yeux des clients. D'autres ont pour arômes naturels la cerise, le miel, voire la gentiane pour une pastille « Gueule de bois »... Ouverte il y a dix ans par deux frères de Gérardmer, Manuel et Justin Wexler, cette fabrique artisanale bio emploie quinze salariés. 680, route d'Épinal, Gérardmer. Tél. : 03 29 50 22 12.

Ferme-auberge de la Mexel

Dans l'assiette, chaque midi sauf le samedi : du lard, du pâté lorrain ou du fumé vosgien, servi avec des râpés de pomme de terre ou une soupe maison. La viande vient de la ferme de Brigitte et Claude Voirin, en cuisine et en salle, rustique comme il faut avec ses tables en bois autour d'une cheminée. Menu du jour 18 euros, repas vosgien 27 euros. 66, chemin de la Mexel, Gérardmer. Tél. : 03 29 63 39 36 et 06 83 39 58 31.

Maison du munster

Cette nouvelle boutique de munster affiné à Gérardmer présente un film ludique de vingt-cinq minutes sur les secrets de sa fabrication, suivi d'une dégustation, 5 euros pour les adultes, 2 euros pour les enfants. Planches au déjeuner à partir de 11 euros.

Zone artisanale du Rain Brice, Le Tholy. Tél. : 03 29 23 95 84.

La ferme du bien-être

Ça sent le sapin et, là, c'est bon signe. Sous forme de pastille, de savon ou d'huile essentielle bio pour en diffuser le parfum, se décongestionner ou aromatiser une crème brûlée... Trois paysans herboristes se sont associés pour cultiver une trentaine de plantes médicinales - menthe, thym, arnica... - à 700 mètres d'altitude. 698, route d'Épinal, Le Beillard, Gérardmer. Tél. : 03 29 61 40 85.

Chez Mémé

En plein centre-ville, ce café nous plonge dans une ambiance des années 1950 avec ses chaises en Formica et ses collections de boîtes anciennes. Kyrielle de bonbons vendus à l'unité : les spectateurs du festival font leurs provisions avant chaque projection ! 5, place Albert-Ferry, Gérardmer. Tél. : 03 29 63 11 66.

Les Jardins de Sophie

Hôtel quatre étoiles niché dans la forêt à 8 kilomètres de Gérardmer et dix minutes de la station de ski. Un rendez-vous cosy à l'esprit chalet chic, doté d'un spa avec salle de sport, piscine, sauna et hammam. Restaurant gastronomique à la carte inspirée par le terroir vosgien.

Double à partir de 206 euros.

Route du Valtin, Xonrupt-Longemer. Tél. : 03 29 63 37 11.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.