Solidarité : des week-ends participatifs pour reconstruire le territoire

Trois ans après la tempête Alex, qui avait ravagé la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), des bénévoles de l’association Les Week-Ends solidaires participent à reconstruire le territoire.
Des bénévoles de l’association Les Week-Ends Solidaires revégétalisent les berges de la Roya (Alpes- Maritimes), le 25 novembre.
Des bénévoles de l’association "Les Week-Ends Solidaires" revégétalisent les berges de la Roya (Alpes- Maritimes), le 25 novembre. (Crédits : © FRÉDÉRIC PASQUINI/HANS LUCAS POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Rendez-vous est donné à 7 h 40 en gare de Drap, sur les hauteurs de Nice. Repérables à leurs vestes vert fluo et leurs chaussures et sacs de randonnée, les bénévoles de l'association Les Week-Ends solidaires bravent le froid en ce samedi matin de novembre pour partir en opération « renaturation » de berges dans la vallée de la Roya. Deux wagons de train sont réservés à cette équipe hétéroclite d'une centaine de personnes composée de retraités, mères de famille, ados, cadres, demandeurs d'asile... De 10 à 86 ans, tous ont en commun des valeurs qui leur tiennent à cœur : solidarité, générosité et convivialité.

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L'association est née en octobre 2020 au lendemain du passage de la tempête Alex, qui avait fait 10 morts et détruit ponts, routes, campings dans les vallées de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya. Une catastrophe naturelle dont la violence a profondément marqué les Maralpins et dont les stigmates sont encore visibles aujourd'hui. À l'époque, Gil Marsalla, producteur de spectacles à l'arrêt en raison de la pandémie, lance un appel sur Facebook pour venir en aide aux sinistrés. « J'ai proposé d'affréter des camions le week-end pour faire monter des bénévoles et j'ai reçu plus de 5 000 réponses ! raconte-t-il. Je ne suis pas étonné. Les Niçois et les habitants du littoral sont attachés à leurs vallées. Certains y ont une maison secondaire, d'autres y ont passé leurs vacances enfants ou vont y randonner régulièrement... » Trois ans plus tard, la force solidaire est toujours là. Financés par le Secours populaire 06, le département des Alpes-Maritimes, la métropole Nice Côte d'Azur, la Région Sud et un collectif d'entreprises, les « WES », comme ils s'appellent entre eux, ont réalisé plus de 190 chantiers et effectué quelque 40 000 heures de travail pour évacuer la boue, construire une passerelle, remettre en état un camping ou les habitations de particuliers... Environ 1 500 bénévoles ont participé au moins une fois aux chantiers.

Faire de la Roya une vallée résiliente

Ce samedi, il s'agit de revégétaliser les berges de la Roya, qui s'étend le long de la frontière italienne, afin de les consolider. Dans cette rivière aux berges très minérales, la nature n'a pas encore repris ses droits. « L'idée est de planter arbres, arbustes et plessis pour créer des ripisylves, des haies de bord de rivière qui vont stabiliser les berges, lutter contre l'érosion et encourager la biodiversité », explique Angelo Smaniotto, agropaysagiste œuvrant au sein de Cultures en terrasses, un collectif qui prévoit un programme d'expérimentations similaires dans le territoire. Objectif : faire de la Roya une vallée résiliente et inspirante.

Après que les camions de pelles, brouettes et outils en tous genres ont été déchargés, les instructions sont données autour d'un petit déjeuner. « Nous avons besoin de 20 personnes pour aménager un chemin dans la pente, 6 pour chercher des branchages, 20 autres pour fabriquer des plessis... il faut aussi apporter de la terre, couper du bois, collecter des plants et faire des piquets, indique Gil Marsalla. Allez, c'est parti ! Et on n'oublie pas : WES un jour, WES toujours ! »

Les WES (Week-Ends solidaires), c'est :

190 chantiers

40 000 heures de travail

1500 bénévoles

Très vite, ganté et bonnet vissé sur la tête, chacun s'attelle à sa tâche. Nicole, 86 ans, venue de Saint-Laurent-du-Var avec sa fille Hélène, a choisi de collecter des plants. « C'est moins difficile physiquement ! sourit-elle. Chacun fait ce qu'il peut, on n'est pas à la mine ! » Imran, 10 ans, tente de manier la hache pour fabriquer un piquet sous l'œil attentif de sa mère, Mariane. « J'ai emmené mes enfants aujourd'hui, indique-t-elle. Ils sont mieux ici, en pleine nature, que devant des écrans. C'est enthousiasmant de voir l'énergie d'un groupe. On se sent utile et on avance très rapidement. » Pour Catherine et Rémy, un couple de retraités, la solidarité est une seconde nature. « Habitant sur le littoral, nous avons eu le sentiment en 2020 d'avoir été chanceux, avoue Catherine. Nous voulons aider et prendre notre place dans la société. Cela fait trois ans qu'on passe nos week-ends avec les WES et on s'est fait des potes ! Ce n'est que de la bienveillance. C'est ça, le secret du bien-vivre ensemble. »

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