Anna Cabana s’en va t’en guerre contre la bonne conscience

Dans son livre « Les comédies de la bonne conscience », Anna Cabana s’en va t’en guerre contre le politiquement correct
(Crédits : Astrid Di Crollalanza)

J'ai bien connu Anna Cabana au Point où je l'avais engagée en 2007 sur le conseil de mon cher et vieil ami Jean-François Kahn, son employeur d'alors à Marianne, qui m'avait dit : « Je ne peux plus la supporter, mais elle est formidable, elle te plaira ! » Une fois de plus, JFK avait raison : Anna Cabana (aujourd'hui à La Tribune Dimanche) est une journaliste sans œillères, paradoxale, pleine de panache, qui n'en fait toujours qu'à sa tête, et avec laquelle je me suis tout de suite bien entendu. Elle fait partie de cette génération de femmes qui révolutionnent l'écrit, comme Marie-Laure Delorme (Paris Match) ou Anne Rosencher (L'Express). Elle a compris que la politique est un art de combat avec une forte dimension romanesque. D'où cette façon de gratter l'écorce et d'entrer dans la vérité des personnages.

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Dans Les Comédies de la bonne conscience, Anna Cabana s'attaque à un sujet qui concerne toutes les époques, aux sommets de l'État comme dans la vie quotidienne : la tartufferie. Molière avait traité ce mauvais travers avec l'immense Tartuffe et on en rit encore. Mais, aujourd'hui, l'hypocrisie a fait de tels progrès dans le monde et notamment en France qu'on se demande s'il ne faut pas en pleurer. Cet essai enlevé et personnel arrive à un moment où nous avons de plus en plus de mal à garder la tête hors des eaux montantes et, pour reprendre le sabir du Monde, « nauséabondes » de la bonne conscience.

Oui, ça pue dans tous les sens du terme et Anna Cabana est comme beaucoup d'entre nous : elle étouffe, elle suffoque devant la haine et la bêtise qui ont pris le masque du « politiquement correct », comme on peut le vérifier, en ce moment, avec le traitement du conflit entre Israël et Gaza par des grands médias, AFP en tête, qui laissent leurs obsessions et leurs préjugés écrire à leur place. Même si cet essai prend souvent des chemins buissonniers, voire primesautiers, il est ainsi d'une brûlante actualité alors que les repères et les valeurs semblent cul par-dessus tête.

« C'était mieux avant » : cette formule, Anna Cabana la reprend à son compte, non sans une certaine gêne, dans le prologue et l'épilogue de son livre. C'est qu'elle n'a pas connu, tant mieux pour elle, le temps où, dans les années 1960, puis 1970, les staliniens puis les maoïstes prétendaient faire la loi dans la presse, et pas seulement de gauche. Les nouveaux totalitaires n'ont pas encore gagné ; il suffit de résister, comme nous y invite Les Comédies de la bonne conscience. Qui peut croire que les épigones de Mediapart ne rejoindront pas, à plus ou moins long terme, les poubelles de l'Histoire pour y retrouver leur maître à penser Trotski, inventeur du Goulag soviétique et chantre de la Terreur communiste ?

La haine et la bêtise ont pris le masque du « politiquement correct »

Anna Cabana

Alors qu'Anna Cabana s'inquiétait de la nouvelle tyrannie de la transparence en politique, Laurent Wauquiez, l'un des principaux héros de ce livre avec Amélie Nothomb, lui a dit un jour : « C'est juste un mauvais moment populiste et voyeuriste à passer. Il n'aura qu'un temps. » Puis : « S'agripper à la défense du monde ancien serait vain. Il vaut mieux enfourcher la fureur des temps pour tenter de la maîtriser. » Même si sa réponse a indigné Cabana, Wauquiez a raison. Il n'y a aucune raison de désespérer. Si nous perdons les batailles à venir contre le wokisme, la nouvelle bigoterie des imbéciles, c'est parce que nous n'aurons pas su réveiller, trianguler, détourner, mobiliser. Les Comédies de la bonne conscience nous y aidera La bonne conscience est de toutes les époques. Responsable de la logistique de la « solution finale » contre les Juifs, Adolf Eichmann avait bonne conscience, comme on a pu l'observer pendant son procès en 1961 : exécutant les ordres de ses supérieurs, il avait fait son travail, que voulez-vous. L'« humoriste » radiophonique Guillaume Meurice faisait aussi son travail quand il a mentionné, lors d'une chronique à propos de Halloween, que, pour faire peur, « le déguisement Netanyahou » - que je ne soutiens pas, soit dit en passant - « marche pas mal ». « C'est une sorte de nazi, mais sans prépuce », a-t-il ajouté. Il faut bien faire rire aussi les antisémites, ce doit être dans le cahier des charges du service public, que demande le peuple ? Si on examinait la cervelle de ce « comique », on n'y trouverait sans doute que de la bonne conscience. Le rapprochement entre les deux individus est certes scabreux, mais convenons que le second ne l'a pas volé.

En attendant que Meurice découvre un jour, si c'est possible, les affres de la mauvaise conscience, lisez Les Comédies de la bonne conscience. C'est espiègle, léger, intelligent, profond. Du Cabana, quoi.

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Commentaire 1
à écrit le 05/11/2023 à 8:56
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FOG maintenant la vache, le gars qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous,l'intellectuel de service pro-système forcément, votre site économique a un parfum des années 90 ! Pas sûr que ça attire les internautes du tout hein... ^^

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