Cette libraire nomade tourne à vélo pour sensibiliser à la lecture

Adeline Barnault sillonne l’Essonne à bicyclette et organise des distributions de livres de seconde main pour (re)donner le goût de la lecture aux Massicois.
Adeline Barnault dans la forêt de Villebonsur-Yvette (Essonne).
Adeline Barnault dans la forêt de Villebonsur-Yvette (Essonne). (Crédits : © Rémy Artiges)

Si les habitants du plateau de Saclay connaissent la silhouette d'Adeline Barnault, jeune femme brune de 38 ans, c'est que depuis 2018 ils croisent sa bicyclette sur le marché de Villebon-sur-Yvette, dans les Amap et dans les villages environnants. L'objectif de sa librairie nomade baptisée Cultureuil ? Faire tomber les murs, aussi bien physiques que symboliques, qui entourent le livre. « Le fait que je me déplace et que j'aille au-devant des personnes permet de les libérer de la timidité ou de l'appréhension qu'ils ont parfois à pénétrer dans les lieux culturels comme les musées, les bibliothèques ou les librairies. »

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Un constat que l'ancienne étudiante en histoire et en médiation culturelle a eu tout le temps de mûrir en travaillant huit ans dans une librairie de Gif-sur-Yvette : « Je voulais toucher d'autres gens que les habitués des lieux culturels. » Il y a deux ans, cette grande voyageuse, vététiste depuis l'enfance, qui a pour auteurs préférés Jim Harrison, Joseph Boyden ou encore Henry David Thoreau, s'est inspirée de la distribution de paniers de légumes à prix réduit pour proposer des livres à des familles de Massy.

Favoriser l'économie circulaire

Grâce au soutien financier du bailleur social Les Résidences Yvelines Essonne, « près d'une trentaine de familles ont reçu gratuitement un tote bag fabriqué par [Adeline] à l'aide de vieux draps de grand-mère, avec dedans cinq ou six livres [qu'elle] avai[t] choisis en fonction des goûts de chacun ». Mme Alves, l'une des résidentes, a très vite saisi l'occasion : « Je lis trois ou quatre livres par mois, mais je suis maintenant à la retraite et ça a un coût... Mes deux petits-enfants de 6 ans ont, eux aussi, reçu des livres d'histoires et ils étaient ravis ! » Adeline, adepte de la décroissance, préfère distribuer plutôt que vendre pour « favoriser l'économie circulaire et le zéro déchet ». Les livres qu'elle donne - des albums jeunesse, des polars, des romans, de la science-fiction, des essais et des bandes dessinées - sont tous de seconde main. « Ce qui encourage ceux qui les reçoivent à les faire circuler. » Mme Alves a ainsi échangé ou déposé dans des boîtes à livres les ouvrages qu'elle a reçus « pour qu'ils profitent à d'autres ». Soucieuse de s'adapter à son public, Adeline peaufine son dispositif d'année en année.

En 2023, elle a ainsi ouvert ses distributions à tous, posant ses tréteaux et ses piles de livres au pied des immeubles devant le centre social de Massy : « Il fallait voir le sourire des enfants ! S'ils avaient pu prendre dix livres, ils l'auraient fait. Cela m'a confirmé que si les gens n'ont pas de livres chez eux, ce n'est pas forcément qu'ils n'en veulent pas ! » La plus belle des rétributions pour celle qui se paie actuellement moins que le smic et qui cherche des financements afin de rendre son activité pérenne (« pourquoi pas une fondation ? ») : que des gens la contactent entre deux distributions parce qu'ils sont en panne de lecture !

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