Les USA ne jugent plus les colonies israéliennes "contraires" au droit international

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Les usa ne jugent plus les colonies israeliennes non conformes au droit[reuters.com]
(Crédits : Yara Nardi)

WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis ne considèrent plus que les colonies israéliennes en Cisjordanie sont contraires au droit international, a annoncé lundi le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, revenant sur la position officielle affichée depuis 1978 par Washington sur cette question.

Cette décision de l'administration de Donald Trump sonne comme une victoire pour le Premier ministre israélien sortant Benjamin Netanyahu et un feu vert implicite de Washington à la construction par l'Etat hébreu de nouvelles colonies juives dans les territoires palestiniens occupés.

Depuis 1978, la politique américaine sur cette question s'appuyait sur un avis juridique contraignant du département d'Etat considérant les colonies israéliennes comme "non conformes" au droit international.

Devant des journalistes au département d'Etat, Mike Pompeo a estimé que la position des Etats-Unis sur les colonies en Cisjordanie, capturée par Israël en 1967, avait manqué de cohérence, puisque le président Jimmy Carter les avais jugées contraires au droit international mais que son successeur Ronald Reagan ne les considérait pas comme intrinsèquement illégales.

"L'établissement d'implantations civiles israéliennes n'est pas, en soi, contraire au droit international", en a conclu le chef de la diplomatie américaine.

Benjamin Netanyahu s'est immédiatement réjoui de cette décision, qui "corrige une erreur historique", a-t-il dit.

Les Palestiniens ont exprimé leur indignation.

"Les Etats-Unis ne sont ni qualifiés ni autorisés à nier les résolutions internationales et n'ont aucun droit de donner une quelconque légitimité aux implantations israéliennes", a déclaré Nabil Abou Roudeineh, porte-parole du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

"LOI DE LA JUNGLE"

Le négociateur palestinien Saeb Erekat a estimé que l'administration Trump menaçait de "remplacer le droit international par la loi de la jungle".

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2017, Donald Trump a déjà reconnu Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu et l'annexion par Israël du plateau du Golan.

Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, a déclaré que ce changement de ligne de Washington aurait de "dangereuses conséquences", rappelant que les colonies enfreignaient le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

L'Union européenne a réitéré sa position selon laquelle les colonies sont illégales et réduisent les perspectives d'une paix durable. "L'UE appelle Israël à cesser toute activité de colonisation, conformément à ses obligations de puissance occupante", a déclaré la porte-parole de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Mike Pompeo a assuré que cette décision ne visait pas à préjuger du statut définitif de la Cisjordanie, que les Palestiniens espèrent intégrer à un futur Etat dans le cadre d'une solution négociée.

"C'est aux Israéliens et aux Palestiniens de négocier", a déclaré le secrétaire d'Etat américain.

Comme les précédentes décisions de Donald Trump sur Israël, cette initiative devrait séduire les évangélistes américains, qui forment une part importante de l'électorat du président.

Elle pourrait aider aussi Netanyahu dans sa quête compliquée d'un nouveau mandat à la tête du gouvernement israélien, alors que son rival Benny Gantz s'efforce de constituer un cabinet.

Les Etats-Unis n'ont toujours pas dévoilé leur plan de règlement du conflit israélo-palestinien qu'ils promettent depuis des mois.

Les Palestiniens, qui ont rompu leurs discussions avec les Américains depuis la décision sur Jérusalem, jugent que ce plan conçu notamment par le gendre de Donald Trump Jared Kushner est voué à l'échec en raison des positions pro-israéliennes du président des Etats-Unis.

(Steve Holland et Matt Spetalnick, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)