Discussions sur une trêve au Caire, frappes meurtrières à Rafah

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Des palestiniens inspectent le site d'une frappe israelienne a rafah[reuters.com]
(Crédits : Hatem Khaled)

par Nidal al-Mughrabi

LE CAIRE (Reuters) - Au moins 40 Palestiniens ont été tués et plusieurs autres blessés par des frappes aériennes israéliennes sur trois maisons à Rafah, ont déclaré lundi des médecins, alors qu'une nouvelle session de pourparlers en vue d'une trêve s'est tenue au Caire entre le Hamas et les médiateurs de l'Egypte et du Qatar.

Dans la ville de Gaza, dans le nord de l'enclave palestinienne, l'aviation israélienne a bombardé deux maisons, faisant au moins quatre morts et là aussi plusieurs blessés, selon les autorités sanitaires locales. Deux personnes - deux frères - sont mortes dans la seconde maison.

Une attaque israélienne sur le camp de réfugiés d'Al Nuseirat a tué trois Palestiniens, dont un journaliste local, selon les autorités sanitaires et le Hamas, ajoutant que six autres personnes ont été tuées dans d'autres zones du centre de la bande de Gaza par d'autres frappes israéliennes.

Interrogé sur les frappes aériennes de la nuit à Rafah, un porte-parole de l'armée israélienne a déclaré que les avions de combat avaient frappé des cibles "où des terroristes opéraient dans une zone civile du sud de la bande de Gaza", sans donner plus de détails.

"Les forces de défense israéliennes continueront à déjouer les activités terroristes et à protéger les civils israéliens conformément au droit international", a ajouté le porte-parole.

L'armée israélienne a fait état de la mort de deux soldats dimanche dans le centre de l'enclave.

Le bras armé du Hamas, le Jihad islamique, a déclaré avoir tiré des roquettes vers Israël lundi.

Israël considère Rafah comme le dernier bastion du Hamas dans la bande de Gaza. L'Etat hébreu évoque depuis plusieurs semaines un assaut imminent contre cette ville proche de la frontière avec l'Egypte où se sont réfugiés plus d'un million de Palestiniens déplacés par le conflit déclenché par l'attaque du mouvement islamiste dans le sud d'Israël le 7 octobre.

Les Nations unies et de nombreux pays appellent Israël à s'abstenir d'un tel assaut, redoutant une catastrophe humanitaire.

Quelques heures après les attaques aériennes menées par l'armée israélienne à Rafah, la télévision d'Etat égyptienne a rapporté que la délégation du Hamas a quitté Le Caire lundi soir pour Doha et qu'elle reviendra en Egypte avec une réponse écrite à la proposition israélienne de cessez-le-feu, sans avancer de date.

La délégation du Hamas s'est rendue au Caire pour discuter d'une nouvelle proposition de cessez-le-feu, assortie d'une libération d'otages, avec les médiateurs égyptiens et qataris.

Le président américain, Joe Biden, s'est entretenu au téléphone avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour discuter de l'avancée des discussions sur un accord de cessez-le-feu et des dangers d'une escalade militaire dans la bande de Gaza, selon la présidence égyptienne.

Les efforts de médiation de l'Egypte et du Qatar sont soutenus notamment par les Etats-Unis. Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, se trouve à Ryad avec le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné.

Les deux hommes devaient rencontrer ce lundi leurs homologues du Qatar, de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de la Jordanie pour évoquer l'avenir de la bande de Gaza, en marge du Forum économique mondial.

Stéphane Séjourné a dit à Reuters que "les choses avancent mais il faut toujours être prudent dans ces discussions et négociations". "La situation à Gaza est catastrophique et nous avons besoin d'un cessez-le-feu", a-t-il ajouté.

BLINKEN PRESSE LE HAMAS, CHOUKRI OPTIMISTE

Le chef de la diplomatie américaine a pressé lundi le Hamas d'accepter la proposition "extraordinairement généreuse" d'Israël, présentée samedi.

"La seule chose qui se dresse entre le peuple de Gaza et un cessez-le-feu, c'est le Hamas. Ils doivent prendre une décision, et le faire rapidement. (...) J'espère qu'ils vont prendre la bonne décision", a dit Antony Blinken lors du Forum.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a dit avoir bon espoir que la nouvelle proposition sur la table soit acceptée.

"La proposition a pris en compte les positions des deux parties, puisé de la modération chez les deux parties, nous attendons une décision finale", a-t-il dit dans le cadre du Forum de Ryad.

Un responsable palestinien, proche des négociations, a dit à Reuters que "les choses se présent[ai]ent mieux cette fois" mais s'est refusé à tout pronostic sur l'imminence d'un accord.

Les responsables du Hamas qui ont parlé à Reuters n'ont pas précisé la teneur des dernières propositions de leur mouvement mais une source proche des pourparlers a dit à Reuters que le groupe palestinien devait réagir à la dernière offre de trêve présentée samedi par Israël.

D'après cette source, ce plan prévoit un accord sur la libération de moins de 40 otages toujours retenus dans la bande de Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Dans un deuxième temps, la trêve devrait se traduire par une "période de calme durable", une formule de compromis définie par Israël en réponse à la demande du Hamas d'un cessez-le-feu permanent.

Dans ce cadre, Israël accorderait une liberté de déplacement entre le nord et le sud de la bande de Gaza et engagerait un retrait partiel de ses troupes, selon cette source.

"Le Hamas a des questions et des demandes de précisions au sujet de la réponse israélienne à sa proposition, que le mouvement a reçue vendredi de la part des médiateurs", a dit un responsable du Hamas à Reuters, laissant ainsi entendre qu'aucune position officielle ne serait arrêtée dans l'immédiat.

(Nidal Al Mughrabi, avec Andrew Mills et John Irish; version française Camille Raynaud, Bertrand Boucey, Sophie Louet et Zhifan Liu, édité par Kate Entringer et Tangi Salaün)