Les débats avec la ministre dans l'impasse, selon les syndicats

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Les debats avec la ministre dans l'impasse, selon les syndicats[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Simon Carraud

PARIS (Reuters) - Les syndicats de cheminots reçus jeudi par la ministre des Transports, Elisabeth Borne, ont quitté la table des négociations sur un constat d'échec, estimant n'avoir avancé sur aucun des points à l'ordre du jour, dans une ambiance tendue.

Visiblement déçus par la réunion qualifiée de "mascarade" par la CGT, les leaders syndicaux ont, pour plusieurs d'entre eux, prédit un durcissement de la grève face à un gouvernement déterminé à jouer la montre sans négocier sur le fond.

La table ronde de plus de six heures a été "pénible et inutile", a déclaré à sa sortie Laurent Brun, de la CGT Cheminots.

"Nous sommes donc fondés à dire que cette réunion a été une véritable mascarade dans laquelle la ministre s'est contentée de critiquer ou de faire des remarques sur les propositions des organisations syndicales, sans apporter elle-même de propositions et de contenu", a-t-il ajouté.

"Nous sommes donc extrêmement déçus de cette réunion et extrêmement mécontents que les revendications des cheminots n'aient pas été entendues".

Une nouvelle table ronde entre les syndicats et la ministre des Transports est prévue vendredi.

"Aujourd'hui il n'y a plus de débats avec les organisations syndicales, le gouvernement renvoie au débat avec les parlementaires", a dit Eric Santinelli, de Sud Rail.

"Le gouvernement refuse de repartir à zéro", a-t-il ajouté, alors que les principales dispositions ont commencé à être adoptées en commission à l'Assemblée nationale. [nL5N1RH3Q3]

"Le gouvernement, l'Etat avancent à marche forcée pour essayer de nous asphyxier", a renchéri Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa Ferroviaire. "Le mouvement social risque bien de se durcir."

"IL N'Y A AUCUNE RÉPONSE"

Les syndicats, qui demandent au gouvernement de soulager la SNCF d'une partie au moins de ses 47 milliards d'euros de dette, disent n'avoir rien obtenu sur ce point non plus.

Le gouvernement estime en effet que cette question se posera dans un second temps seulement, une fois que la compagnie ferroviaire aura entamé sa mue, comme l'a répété le Premier ministre, Édouard Philippe, jeudi sur France Inter. [nL5N1RI115]

Qu'il s'agisse de l'ouverture à la concurrence ou du transfert des personnels, les syndicats n'ont constaté "aucune avancée de la part du gouvernement donc on est bien loin des négociations qui sont annoncées", a rapporté pour sa part François Grasa, de Force ouvrière.

Autour de la table où avaient pris place les syndicats CGT, CFDT, Unsa, Sud-Rail et FO, l'ambiance était "plutôt tendue", ont rapporté plusieurs participants.

A la question de savoir si la réunion de jeudi était de nature à peser sur la grève reconductible entamée cette semaine à la SNCF, François Grasa a jugé que le mouvement risquait de "s'amplifier" dans la mesure où "justement, il n'y a aucune réponse."

Roger Dillenseger a appelé cheminots et usagers à "se mobiliser si on veut faire plier le gouvernement qui aujourd'hui n'a pas de grain à moudre et n'a pas l'intention de changer sa feuille de route".

Après deux jours de grève en début de semaine, une partie des cheminots devrait de nouveau cesser le travail pendant deux jours à partir de dimanche.

Selon un sondage Odoxa réalisée avec Dentsu Consulting pour France Info et le Figaro, 57% des Français jugent que ce mouvement de grève n'est "pas justifié".

Une autre enquête Elabe réalisée pour Les Echos, Radio Classique et l'Institut Montaigne montre que les trois quarts des sondés (76%) estiment que l'ouverture à la concurrence des lignes de train sera "une bonne chose pour les usagers".

(Edité par Elizabeth Pineau)