L'incroyable putsch des Bleus

Les joueurs ont refusé de s'entraîner dimanche par solidarité avec Anelka, exclu la veille pour avoir insulté Raymond Domenech. Le numéro deux de la FFF démissionne. L'ambiance est explosive.

Ce dimanche, en début d'après-midi, les joueurs arrivent normalement sur le terrain d'entraînement de leur hôtel. Deux cent cinquante supporters sont là pour les accueillir. Devant la nuée de caméras et de photographes, ils se montrent disponibles et souriants avec leurs fans. Mais les poignées de mains et les autographes laissent rapidement place à de nouveaux rebondissements. Alors que la séance est sur le point de débuter, Patrice Evra discute avec Raymond Domenech. Robert Duverne, le préparateur physique, amorce à son tour une discussion avec le capitaine des Bleus. Le ton monte immédiatement entre les deux hommes. Domenech intervient carrément pour les séparer. Duverne rebrousse chemin, ulcéré, et jette violemment son chronomètre.

" Pas le droit "

« Patrice Evra est venu m'annoncer que les joueurs ne participeraient pas à l'entraînement, explique-t-il peu après sur RMC. Je me suis énervé car on joue un match capital dans deux jours (contre l'Afrique du Sud, Ndlr) et on n'a pas le droit d'anéantir nos dernières chances. Je n'ai pas eu de clash avec Patrice, je suis quelqu'un d'entier. J'ai réagi vivement car j'étais déçu. »

Suite à cette altercation, les Bleus stoppent l'entraînement et se réfugient dans leur bus. Une réunion est alors improvisée durant une trentaine de minutes, rideaux tirés, à l'abri des regards. Le temps de rédiger un communiqué que le sélectionneur lira dans la foulée, tout orgueil oublié, aux 200 journalistes présents. Le visage tiré, Domenech indique que les joueurs « refusent de s'entraîner par solidarité envers Nicolas Anelka. »

Une décision que Jean-Louis Valentin, le directeur délégué de l'équipe de France, n'encaisse pas. Pour lui, c'en est trop. A bout de nerfs, il annonce sa démission. « Allez demander aux joueurs, ils ne veulent plus s'entraîner ! C'est un scandale, s'insurge-t-il. C'est un scandale pour les Français, pour la Fédération, l'équipe de France, et les jeunes qui sont ici. Ce qui s'est passé est inacceptable. En ce qui me concerne, tout est terminé. Je démissionne. Je ne suis pas le porte-parole des joueurs. Je quitte la Fédération et mes fonctions. Je suis écoeuré et dégouté. »

Sans dire un mot, les Bleus quittent les lieux, officialisant la prise de pouvoir des joueurs sur l'autorité fédérale... et sur leur sélectionneur. Dans l'intimité de leur bunker-hôtel, ils prennent tout de même la peine de s'entraîner un peu en fin d'après-midi. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy demande à Roselyne Bachelot de suivre le déplacement des Bleus à Bloemfontein lundi afin de lui rendre compte de l'évolution d'une situation de plus en plus incontrôlable. à la veille d'une rencontre décisive, l'équipe de France sombre dans le n'importe quoi.

 

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