Approche long/short, pour bénéficier des hausses... et des baisses

Au lieu de tirer parti de la seule progression des marchés, la stratégie long/short, héritée du monde des hedge funds, permet de profiter à la fois des hausses et des baisses des valeurs boursières.
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Guillaume Jonchères, président de Cogefi Gestion et gérant du fonds Sarbacane, explique que son objectif est de « travailler les marchés actions à la hausse comme à la baisse ». En effet, dans les fonds long/ short, qui exploitent la stratégie du même nom, les valeurs ou les indices peuvent être indifféremment en positions acheteuses (long) ou en positions vendeuses (short). La position long est gagnante lorsque les valeurs sont en hausse. La position short l?est lorsque les valeurs sont en baisse. En combinant les deux, on peut obtenir de bons résultats. Ainsi, pour exploiter cette stratégie, Sarbacane a acheté Siemens et vendu Schneider, il a acheté Holcim (valeur suisse du secteur cimentier) et a vendu Lafarge. Acheter un titre et vendre simultanément une valeur identique du même secteur est appelé pair trading. C?est une variante de l?approche long/short, souvent employée par les gestionnaires, car elle leur permet de travailler des thématiques et de réduire le risque.
Véritable atout, la gestion long/short gagne donc sur les deux tableaux, à l?achat et à la vente. « Alors qu?un gérant classique sera contraint d?écarter de son uni- vers d?investissement les sociétés jugées trop chères, nous pouvons les vendre et ainsi tirer parti d?un repli. Cette stratégie multiplie les possibilités de générer de la performance », explique Patrice Courty, le gérant du fonds Moneta Long/Short. Parmi ses opérations les plus récentes, on peut citer, côté long : EADS, Safran, et, côté short : Iliad, Edenred. Plus spécifiquement, en pair trade, il a acheté easyJet et vendu Air France. Les gérants du fonds Acropole Long/Short Convexité ont quant à eux recours à une stratégie visant à s?exposer au risque action et à le couvrir contre des indices. En septembre dernier, l?équipe de gestion a pris la décision de vendre Capita qui était parvenu à son objectif de cours (720 pences) et KPN, car elle anticipait de mauvaises nouvelles sur le marché néerlandais. Elle a en revanche profité de la baisse de septembre pour prendre des positions sur de grandes valeurs qui se trouvaient déjà au niveau de mars 2009 (Cap Gemini) ou très en deçà (Lafarge, Alstom, Deutsche Telekom, EON) et dont les valorisations paraissent extrêmement basses. Elle a aussi renforcé ses positions sur Salamander (exploration pétrolière) après avoir rencontré la direction qui a détaillé un programme de forage très prometteur au quatrième trimestre. Elle a acheté aussi Melia Hôtel en obligations convertibles et Brenntag (distribution de produits chimiques) sur des considérations de valorisations très attractives.
« La période actuelle de grande incertitude économique et de volatilité sur l?en- semble des classes d?actifs nous oblige à repenser le risque et à rechercher des sources de revenu indépendantes des orientations prises par les marchés », conclut Anne-Laure Frischlander, directeur général de BNY Mellon AM France, qui propose depuis peu le BNY Mellon Absolute Return Equity, un nouveau fonds d?investissement long/short.
Au final, bien que développée il y a soixante ans pour aider les gérants à s?émanciper des fluctuations de marché, la stratégie long/short n?a que récemment trouvé les moyens techniques et réglementaires de se démocratiser au profit du plus grand nombre. Cette démocratisation se fait exclusivement via la gestion collective, dans la mesure où un vrai talent et des compétences pointues sont nécessaires pour la mise en ?uvre d?une telle gestion.

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