Mardi le colonel Muammar Kadhafi a tenu un discours de plus d'une heure à la télévision nationale qui pourrait être le dernier de son règne brutal de plus de 41 ans sur la Libye. « Je suis un combattant, un révolutionnaire de tentes... Je vais mourir comme un martyr, au bout du compte », a-t-il dit alors que le pays s'enfonce irrémédiablement dans la guerre.

Les exportations de pétrole sortant de Libye seraient désormais bloquées, selon des sources citées par l'agence Reuters. « On nous a fait savoir que les importations et les exportations sont bloquées et que c'est un cas de force majeure », a déclaré un trader spécialisé dans le pétrole. Les ports de Benghazi, de Tripoli et de Missourata sont paralysés. La Libye est le troisième producteur de pétrole d'Afrique, après le Nigeria et l'Angola. La troisième économie de la zone euro, l'Italie, dépend pour 20 % de son approvisionnement en or noir des livraisons libyennes. Les autres pays producteurs de pétrole réunis dans l'Opep pourraient toutefois augmenter leur extraction pour compenser le manque créé par le chaos libyen. « Nous sommes particulièrement préoccupés par la Libye, car c'est un membre de l'Opep et un important producteur de brut », a souligné Mohammad Ben Zaën al-Hameli, ministre de l'Énergie des Émirats arabes unis, en marge d'une réunion du Forum international de l'énergie (IEF) à Ryad. Le premier producteur mondial et pilier de l'Opep, l'Arabie saoudite, est prêt « à réagir immédiatement ». Le conflit pourrait toutefois perdurer. Muammar Kadhafi déclare ne pas être « président à démissionner » et exhorte ses partisans à attaquer dans la rue les révoltés, à « nettoyer la Libye maison par maison ». Utilisant un argument qui, par le passé, a fonctionné auprès des chancelleries occidentales, le leader libyen a averti que l'instabilité dans son pays « donnerait une base à al-Qaïda ». Il a fait directement référence aux répressions d'il y a vingt ans en URSS et en Chine, citant la place Tiananmen en 1989.