À Marseille, l’effet JO doit jouer les prolongations

La vice-capitale olympique, qui accueille les épreuves de voile et certains matchs de foot, espère générer un effet d’entraînement de tout le tissu économique local.
Le « Belem », le dernier trois-mâts français, amènera la flamme olympique d’Athènes à Marseille le 8 mai 2024.
Le « Belem », le dernier trois-mâts français, amènera la flamme olympique d’Athènes à Marseille le 8 mai 2024. (Crédits : © ANNE-SOPHIE NIVAL/HANS LUCAS)

Le regard des amateurs de sport sera tourné dès le mois de juillet vers le stade Vélodrome pour les épreuves olympiques de football, mais il le sera aussi vers la baie de Marseille, retenue pour accueillir dix épreuves de voile. Avec pour point de départ le stade nautique du Roucas-Blanc, déjà habitué à l'organisation de diverses compétitions et assez logiquement choisi pour la qualité de ses infrastructures. Mais pour être à la hauteur des attentes olympiques, le réaménagement du bassin, la réorganisation des 17 000 mètres carrés d'espaces extérieurs et la construction de 7 000 mètres carrés de bâti ont été nécessaires, dotant donc Marseille d'un stade nautique moderne - où le Pôle France de voile est installé - grâce aux 44 millions d'euros investis, un financement auquel les collectivités - Ville, métropole, département, Région - ont contribué aux côtés de l'État ou de l'Agence nationale du sport. Un équipement flambant neuf, pensé pour durer, notamment pour démocratiser après 2024 la pratique de la voile et former à la protection du monde marin.

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Une notion d'héritage qui dépasse cependant le cadre strict du sport. Car l'aventure olympique a aussi titillé l'intérêt du monde économique, qui a déjà mesuré l'effet transformation opéré il y a dix ans par MP2013, lorsque Marseille a été capitale européenne de la culture. Jean-Luc Chauvin, président de la chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille-Provence, est le premier à avoir exhorté les entreprises à répondre aux marchés publics liés à l'événement, créant fin 2022 AMP24, un club d'entreprises pour les accompagner en ce sens. En 2019, un fonds de dotation voit également le jour. Ce Fonds Héritage, parti du constat que 50 % des sportifs membres de l'équipe de France vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, a mis en place un programme de mécénat spécifique. Avec un double enjeu : celui de soutenir financièrement les athlètes dans leurs perspectives olympiques mais aussi d'anticiper leur reconversion. Medinsoft, l'association qui regroupe les entreprises du numérique, a ainsi formé une vingtaine de sportifs, voyant là l'occasion de combler ses besoins en matière de compétences. « La filière fait face à des nombreux besoins en recrutement, non comblés, note sa présidente, Stéphanie Ragu, qui espère que les entreprises impliquées trouvent un vivier de talents à recruter. Nous avons également besoin de féminiser cette filière et de sensibiliser très tôt, les plus jeunes. »

À l'horizon : les Jeux d'hiver de 2030

Six mois avant le début des JO, le Fonds Héritage a déjà levé 550 000 euros et su convaincre de s'impliquer de grands groupes et PME implantés localement, tels Sodexo Plus, Onet, Fidal, CMA CGM (propriétaire de La Tribune Dimanche), Hammerson, Sofitel Marseille Vieux-Port, GNB Events... permettant le soutien de 15 athlètes.

Mais son horizon est bien plus lointain et se projette déjà à 2030, année des Jeux olympiques d'hiver, que la France devrait organiser. Entre-temps, d'autres rendez-vous jalonnent le calendrier. « Nous continuons à œuvrer et accompagner les 140 athlètes français installés dans le Sud pour les prochaines échéances que sont Milan 2026 et Los Angeles 2028, indique Nicolas Leccia, chargé du développement du Fonds Héritage. Il faut du temps pour impacter les entreprises. D'ailleurs, trois autres régions françaises s'inspirent de notre initiative et sont en train de déployer aussi un fonds de dotation. Les grands événements doivent également servir à mettre en place une véritable politique sportive, avant, pendant et après les Jeux olympiques. » Et, au-delà des images de la Méditerranée et de Marseille diffusées dans le monde entier - toujours agréable en matière de visibilité et d'impact d'image -, ce sont pas moins de 100 millions d'euros de retombées économiques qui sont espérés pour la deuxième ville de France, qui sera durant quelques semaines une vraie vice-capitale olympique.

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