Après la RATP, les avocats : sur les retraites, la parole est à la défiance

L'exécutif voulait une concertation apaisée sur sa réforme des retraites, c'est mal engagé : après un premier "coup de semonce" à la RATP, une mobilisation massive des avocats est prévue lundi, tandis que le gouvernement multiplie les entretiens avec les syndicats pour déminer le terrain.
La projet de réforme des régimes spéciaux alimente une nouvelle manifestation, celle des avocats, qui prévoient de déserter une très grande majorité des audiences ce lundi.
La projet de réforme des régimes spéciaux alimente une nouvelle manifestation, celle des avocats, qui prévoient de déserter une très grande majorité des audiences ce lundi. (Crédits : Regis Duvignau)

Après un vendredi noir dans les transports parisiens, place au défilé de robes noires lundi dans la capitale : le Conseil national des barreaux (CNB), qui appelle à un rassemblement à 13h00 place de l'Opéra, s'attend à une "mobilisation extrêmement forte" des avocats contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. Une manifestation doublée d'une grève des audiences qui s'annonce très suivie, avec au moins 138 des 164 barreaux français "mobilisés" selon la Conférence des bâtonniers, qui tient à jour une carte sur son site internet.

Partout ou presque, les avocats ont décidé de ne plaider aucune affaire et de demander le renvoi des procès. Il n'y aura pas non plus de commis d'office, de consultations gratuites ni de permanences pénales. Seule exception, le contentieux de la liberté (garde à vue, détention provisoire...) restera assuré. Désertant les palais de justice, "des trains entiers d'avocats monteront vers Paris" prévoit la présidente du CNB, Christiane Feral-Schuhl.

Ils seront ainsi 250 à faire le voyage depuis Lille, a indiqué à l'AFP le bâtonnier Jean-Baptiste Dubrulle. Sur Twitter, le barreau de Toulouse promet une présence "en grand nombre" et celui de Lyon donne "rendez-vous place de l'Opéra". A Paris, où exerce près de la moitié des 70.000 avocats français, la bâtonnière Marie-Aimée Peyron fait état d'une "mobilisation sans précédent", car "c'est l'avenir de la profession qui est en jeu".

Le "système universel" promis par le chef de l'Etat doit en effet se traduire par une forte hausse des cotisations "que bon nombre d'entre nous ne pourrons pas supporter", affirme-t-elle. Cette réforme doit aussi entraîner la disparition de la caisse nationale des barreaux (CNBF) et ses 2 milliards d'euros de réserves financières dont Mme Feral-Schuhl craint la "spoliation".

 "Lever les inquiétudes"

 Des arguments pris au sérieux par le gouvernement: le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, et la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, recevront dès mardi matin les responsables du CNB, de la CNBF et de la Conférence des bâtonniers.

Un rendez-vous parmi beaucoup d'autres, car les avocats ne sont pas les seuls à vouloir conserver leur régime particulier. Partageant les mêmes revendications, les syndicats de pilotes de ligne, hôtesses et stewards se sont joints à leur rassemblement, ainsi que plusieurs organisations de médecins, infirmières et kinés.

Pour contenir la fronde, le Premier ministre, Edouard Philippe, a chargé M. Delevoye de rencontrer "d'ici le 15 octobre" les représentants des 42 régimes amenés à s'éteindre, pour "dresser un état des lieux" et "fixer un calendrier de travail".

"Il y a des solutions pour chacune des professions", avec "des durées de transitions adaptées à chacun des cas", assure le haut-commissaire, qui veut "lever les inquiétudes injustifiées". Un message également adressé aux enseignants, qui verront leur ministre, Jean-Michel Blanquer, et M. Delevoye "fin septembre, début octobre", selon une source syndicale.

Dans le même temps, la concertation avec les centrales syndicales et patronales, débutée il y a près de 2 ans, va reprendre jusqu'au mois de décembre pour tenter de trouver enfin un accord sur l'âge de départ ou la durée de cotisation.

Le haut-commissaire va enchaîner les entretiens : lundi avec le Medef, la CFDT et la CPME, mercredi avec l'Unsa, jeudi avec la CFE-CGC et la FNSEA, vendredi avec l'U2P, la semaine suivante avec la CFTC... Des consultations citoyennes s'étaleront en parallèle de fin septembre à la fin de l'année, via des réunions publiques et une plateforme numérique.

Toutes ces discussions doivent déboucher sur un projet de loi, qui sera "connu avant les municipales" de mars selon M. Delevoye et, quoi qu'il en soit, voté "d'ici l'été prochain" d'après M. Philippe. En attendant, le dialogue passera aussi par la rue: Force ouvrière et la CGT, qui n'ont pas encore de rendez-vous programmé avec le haut-commissaire, manifesteront respectivement samedi 21 et mardi 24.

Commentaires 17
à écrit le 16/09/2019 à 17:54
Signaler
Les regimes très généreux (par rapport aux autres :cf différence entre un chauffeur de bus a Lyon et à Paris) sont en grande partie financées par l' impot donc en partie par des travailleurs qui bossent jusqu' a 62 ans pour payer des retraites dès ...

le 16/09/2019 à 20:12
Signaler
Du coup on mets tout le monde sur un pied d'égalité? Le conducteurs de bus RATP avec celui de Vierzon mais aussi celui qui est militaire: qu'importe que leurs vies/ risques /loyers ont peu à voir. Puis pourquoi l'employé de Banque ou de la Chimie ...

à écrit le 16/09/2019 à 15:58
Signaler
Qui va pleurer sur la retraite des avocats Demandez leur avis aux éboueurs de mon quartier.. des dizaines de milliers de personnes ne touchent pas une retraite équivalente au minimum vieillesse! Et vo us voudriez qu'on pleure avec les avocats ? Un ...

le 16/09/2019 à 19:03
Signaler
Tout les avocats ne sont pas avocats d affaires pour les multinationales à Paris. Il y a beaucoup d avocats qui traitent de "petits"' procès de particuliers (civil ou autre). Il ne leur est pas possible demander des hononaires correspondant réellem...

à écrit le 16/09/2019 à 12:02
Signaler
Avant de faire une loi fourre tout il fallait en premier abolir les privileges de secteur comme RATP qui sont payes par le contribuable ,,,,,,?? ET surtout ne pas faire une fausse reforme comme celle de l'assurance chomage ou tout,le monde connai...

le 17/09/2019 à 8:06
Signaler
Ces vilains employés RATP à 1800 euros/mois en 3x8 sont donc des privilégiés alors que les pauvres toubibs à 5000/mois (eux aussi payés par l'argent public de la SS) sont des victimes. Peut on aborder le débats avec une vision, et un vocabulaire, pl...

à écrit le 16/09/2019 à 9:11
Signaler
Hum... deux milliards à prendre !

à écrit le 16/09/2019 à 5:34
Signaler
Pensez un peu, 2 milliards disponibles immediatement dans les caisses des avocats. L'etat predateur ne reculera certainement pas. Videz les comptes et fissa.

le 17/09/2019 à 8:11
Signaler
Sans le système de compensation la retraite des agriculteurs et celle des artisans aurait fait faillite ! Il est donc normal que les professions aux effectifs en hausse (avocats, fonction territoriale) compensent celle en baisse.

à écrit le 15/09/2019 à 15:31
Signaler
Même chose avec les médecins. L’État essaie de mettre la main sur leur caisse de retraite en très bon état (7 milliards de réserves), en prétendant qu'elle est mal gérée !! C'est un simple hold-up pour défenestrer des médecins qui se dévouent pour l...

le 16/09/2019 à 15:35
Signaler
Fallait qu'ils lisent le programme, c'était dedans : « Il faudrait regrouper l'ensemble des régimes sociaux en un seul, commun aux salariés, employeurs et indépendants, qui offrirait les mêmes droits et obligations aux uns et aux autres. » ...

à écrit le 15/09/2019 à 9:44
Signaler
ON Y EST !! chaque profession va regarder devant sa porte ! et se demander, non pas si cette réforme est bonne POUR LA FRANCE ! mais si elle est bonne pour elle. Ce phénoméne va inévitablement se développer pendant cette période : illustration ave...

à écrit le 14/09/2019 à 18:05
Signaler
Face à autant d'égoismes corporatifs , une seule solution : gouverner par ordonnances comme Mitterand l'avait compris .

à écrit le 14/09/2019 à 16:16
Signaler
Sur la photo d'illustration figurent des magistrats (gants, ceinture, toque) et non des avocats...

à écrit le 14/09/2019 à 12:50
Signaler
Les Notaires ont leur caisse, séparée de celle des clercs de notaires, sans doute à cause des niveaux de revenus différents. Si tout le monde gagne 10 000/mois, c'est plus aisé à gérer qu'abonder une caisse générale où certains ne gagnent que 1 000 e...

le 14/09/2019 à 18:43
Signaler
Les clercs et employés de notaire bénéficient d'un régime spécial de retraite, géré par la caisse de retraite et de prévoyance des clercs et employés de notaires (CRPCEN). Un décret (n°2011-1112) du 16 septembre 2011 a précisé les conséquences de la ...

le 15/09/2019 à 9:34
Signaler
Depuis 2004 la retraite de base est commune de celle des professions libérales et c'est d'ailleurs une retraite par points qui ressemble déjà beaucoup à ce que voudrait instaurer le gouvernement (age minimum à 62 ans, taux plein à 67 ans, surcôte et ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.