Assurance-chômage : le gouvernement revient à la charge

Lors d'une réunion avec les partenaires sociaux mercredi 30 septembre, le gouvernement a expliqué sa volonté de poursuivre sa réforme contestée de l'assurance-chômage malgré la récession. L'entourage de la ministre du Travail Elisabeth Borne se dit prêt à faire "quelques adaptations".
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

C'est un dossier explosif qui avait été mis sur pause. Avec la pandémie, le Premier ministre Jean Castex avait affirmé au milieu de l'été que la réforme de l'assurance-chômage serait reportée au premier janvier 2021. Ce dossier, présenté au coeur de l'été 2019 par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe et l'ex-ministre du Travail Muriel Pénicaud avait suscité de multiples inquiétudes dans les rangs des demandeurs d'emploi et des syndicats. En effet, le projet du gouvernement prévoyait notamment un durcissement des conditions d'accès aux indemnités de l'assurance-chômage, de nouvelles règles de calcul pour le salaire journalier de référence et une dégressivité des indemnités pour les plus hauts salaires.

Seulement quelques mois après le passage du premier volet de la réforme en novembre 2019, l'épidémie de Covid-19 plongeait l'économie tricolore dans une violente récession avec plus de 700.000 destructions d'emplois au cours du premier semestre. Résultat, les partenaires sociaux ont été conviés au ministère du Travail ce mercredi 30 septembre pour aborder un cycle de discussions portant notamment sur les contours des règles de l'assurance-chômage à appliquer au premier janvier prochain. "Le but de cette réunion était de réinstaurer une logique de dialogue. Beaucoup de partenaires sociaux étaient déçus des dernières discussions sur la convention et de l'intervention de l'Etat" explique l'entourage de la ministre du Travail Elisabeth Borne. Au menu, le système de bonus malus, la dégressivité, le calcul du salaire journalier de référence, et le rechargement des droits.

Discussions sur l'adaptation de la réforme

La crise a bouleversé le marché du travail depuis le printemps avec la montée en puissance du chômage partiel et l'inscription au chômage de milliers de CDD, saisonniers et intérimaires. Face à cette tempête, le gouvernement avait décidé de revenir aux règles de l'ancienne convention signée par les partenaires sociaux. "Le contexte économique et social a fortement évolué. Cette réforme nécessitait d'être adaptée à ce contexte. Le Premier ministre avait décidé de mettre sur pause quatre dispositifs. Dans quelle mesure on remet en route ces dispositifs ? La question était à régler ce mercredi : sur ces quatre dispositifs, comment fait-on pour les adapter sachant que les entreprises connaissent des difficultés ? Par exemple, le système de bonus-malus appliqué à sept secteurs particulièrement touchés par la crise est-il encore adapté ? Du côté des demandeurs d'emploi, il faut une adaptation. Nous avons dit aux partenaires sociaux que nous ne voulons pas revenir sur l'existence des règles présentes dans la réforme, ni leur philosophie. Il faut peut être revoir leurs paramètres comme celle sur la dégressivité des droits ou la durée d'affiliation, le calcul des indemnités" assure-t-on dans l'équipe de la ministre. "Le but est de savoir quelles vont être les règles à appliquer à partir du premier janvier 2021".

Du côté des syndicats, les craintes subsistent. Interrogé par La Tribune, le secrétaire confédéral de Force ouvrière (FO) en charge de l'emploi, Michel Beaugas a exprimé mardi dernier ses doutes sur l'efficacité d'une telle réforme en période de crise. "L'assurance-chômage doit être discutée, ce n'est pas le moment. Avec le système proposé par le gouvernement, on va baisser le nombre de chômeurs indemnisés alors que seulement 52% des demandeurs sont effectivement indemnisés. Avec cette crise, il faut maintenir un haut niveau de protection des salariés. Je pense par exemple aux saisonniers qui ont particulièrement subi les effets de la crise au printemps au moment du confinement et pendant l'été". Chez les organisations patronales, Eric Chevée (CGPME) a répondu à l'AFP. "On a compris qu'on resterait dans les cadres établis et qu'on modifierait les paramètres. Aujourd'hui c'était un tour de table où chacun a rappelé ses lignes rouges".

Le spectre du chômage de masse

Renault, Bridgestone, Airbus, Air France, Sanofi....les annonces de plans de licenciement et de fermetures de sites se multiplient depuis le début de la crise laissant planer un automne noir sur le front social. Déjà, les contrats courts, intérimaires et saisonniers ont servi de variables d'ajustement au cours du printemps et de l'été. Les emplois plus stables et qualifiés pourraient être les prochains sur la liste à subir de plein fouet les effets terribles de la récession. La plupart des économistes redoutent une montée importante du chômage dans les mois à venir. "On s'interroge sur l'évolution du taux de chômage en France dans les prochains trimestres. On s'attend à une hausse mais de quelle ampleur ?" a expliqué l'économiste de BNP-Paribas Hélène Baudchon lors d'un point presse ce mercredi 30 septembre. Les craintes d'un chômage important restent élevées. C'est un point crucial," a-t-elle ajouté. Dans une enquête rendue publique récemment, l'Unedic, rappelait que 73% des Français estiment que le marché du travail s'est dégradé.

> Lire aussi : Chômage : les craintes des Français s'amplifient

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 01/10/2020 à 18:58
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Toujours pareil une "réforme" n'est pas une adaptation mais une vue de l'esprit dans la prospective!

à écrit le 01/10/2020 à 11:33
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le problème du jour..... trouver des solutions pour les 750 000 jeunes qui entrent dans la vie active en ce moment.... et réorienter massivement les budgets formations pour les salariés en rade ou qui vont perdre leurs emplois d ici 3 ou 6 mois.........

à écrit le 01/10/2020 à 11:03
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Pour le gouvernement Macron et en général pour les politiciens de tous bord non aucun problème pour augmenter la rémunération de la fonction publique en maintenant leur privilège et s’abstenir de toutes réformes des administrations publiques. Tellem...

à écrit le 01/10/2020 à 10:33
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l'entourage se dit prêt a quelques adaptations !!!! Trop fort! Bientôt ils vont nous dire qu'il suffit de traverser la rue, alors que le système s'éffondre. En terme d'analyse systèmique, nous allons pouvoir assister a des choses dont ils n'aur...

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