Assurance-chômage : un impact "massif" pour la moitié des chômeurs indemnisés

Parmi les personnes frappées par ces nouvelles règles, 9% ne toucheront aucun droit après avoir perdu leur emploi et 16% verront une baisse de leur indemnité quotidienne.
Grégoire Normand
Selon une étude publiée mardi par l'Unédic, régime gestionnaire de l'assurance chômage, la réforme aura un impact négatif par rapport aux règles antérieures sur l'indemnisation d'un entrant sur deux lors de la première année de son application. Cette étude confirme les craintes des syndicats.
Selon une étude publiée mardi par l'Unédic, régime gestionnaire de l'assurance chômage, la réforme aura un impact négatif par rapport aux règles antérieures sur l'indemnisation d'un entrant sur deux lors de la première année de son application. Cette étude confirme les craintes des syndicats. (Crédits : Reuters/Charles Platiau)

Le big bang de l'assurance-chômage pourrait faire des dégâts. Selon des simulations de l'Unedic publiées ce mardi 24 septembre au soir, 50% des demandeurs d'emploi indemnisés seront concernés par ces changements de règles au cours de la première année de mise en œuvre. Sur les 2,6 millions d'allocataires inscrits et indemnisés par Pôle emploi, environ 1,3 million seraient frappés.

En plein milieu de l'été, le gouvernement a publié les décrets d'application des mesures controversées d'indemnisation des chômeurs. Après l'échec des négociations entre les partenaires sociaux en début d'année, le gouvernement avait repris la main sur les modalités d'indemnisation qui prévoient entre autres un durcissement des conditions d'accès pour les nouveaux entrants, une modification du calcul de l'indemnité et une dégressivité pour les revenus supérieurs à 4.500 euros. "C'est une réforme d'une ampleur inédite" a insisté la présidente de l'organisme paritaire, Patricia Ferrand, lors d'un point presse. "Les deux principales mesures sont la modification des conditions d'affiliation d'accès ou de rechargement et la modification du calcul de l'allocation via le salaire de référence" a rappelé Pierre Cavard, directeur des études. Cette réforme devrait intervenir en deux temps (novembre 2019 et avril 2020).

> Lire aussi : Assurance-chômage : le gouvernement dévoile son plan de bataille

Un durcissement des conditions d'accès

L'allongement de la durée nécessaire pendant la période de référence et les modifications des règles de rechargement des droits pourraient laisser des travailleurs sur le carreau. Il faudra avoir travaillé six mois lors des 24 derniers mois contre 4 mois sur 28 auparavant. L'une des premières conséquences est que le nombre de demandeurs d'emploi susceptibles d'ouvrir leurs droits va baisser.

Concrètement, les demandeurs toucheront le droit au même moment, mais verront leur durée d'affiliation baisser. Cela s'explique par le passage de la durée d'affiliation de 28 à 24 mois. "Cette mesure a pour effet de réduire la durée du droit, car l'affiliation, à partir de laquelle la durée du droit est calculée, est recherchée sur une période plus courte" expliquent les auteurs de la note. Cette nouvelle mesure ne doit s'appliquer qu'aux personnes qui vont voir leurs contrats de travail se terminer le premier novembre 2019 ou après. "Toutes les ouvertures de droit associées à une date de fin de contrat antérieure au 1er novembre 2019, principalement des rechargements, se feront encore sur la réglementation actuelle, à savoir la convention 2017".

Baisse de l'indemnité pour 850.000 demandeurs

L'autre mesure qui devrait avoir de fortes répercussions est la modification, à partir d'avril 2020, du calcul de l'indemnisation, que l'exécutif jugeait trop favorable aux personnes travaillant de manière discontinue. Quelque 850.000 nouveaux entrants, qui avaient des périodes non travaillées entre deux contrats, auront une allocation mensuelle plus faible de 22% en moyenne (de 905 à 708 euros). Elle baissera même de 50% (de 868 à 431 euros) pour 190.000 personnes qui travaillaient entre un quart et un mi-temps.

Les chiffres communiqués par l'organisation permettent de dresser le portrait-robot des personnes les plus frappées par le durcissement des conditions d'affiliation. Ainsi, 32% seraient âgés de moins de 25 ans et 59% auraient entre 25 et 49 ans. Ainsi, la population des jeunes déjà fortement touchée par le chômage pourrait connaître une paupérisation croissante.

> Lire aussi : Pour les jeunes, l'accès à l'emploi reste un calvaire

Par ailleurs, les hommes seraient en majorité touchés (55% contre 45% pour les femmes). Sur l'ensemble des demandeurs indemnisés, la catégorie la plus touchée serait celle affiliée entre 4 et 6 mois (52%). 12% des chômeurs de très longue durée (supérieure à 24 mois) pourraient également voir leurs indemnités modifiées. Enfin, ce sont ceux qui touchaient un salaire journalier de référence situé entre 1.400 et 2.000 euros qui devraient être les plus touchés en proportion (50%).

Des finances dans le vert

Les nouvelles règles décidées par l'exécutif devraient permettre aux finances de l'assurance-chômage de se redresser avec une montée en charge progressive calculée par les services de l'Unedic. En 2019, l'impact financier positif serait de l'ordre de 10 millions d'euros avant d'atteindre 2,05 milliards en 2022. Les modifications des conditions d'ouverture des droits et la baisse du salaire journalier de référence pour un bon nombre de chômeurs permettraient à elles seules d'économiser 2,3 milliards d'euros. En contrepartie, l'ouverture des droits pour de nouveaux profils tels que les démissionnaires ou les indépendants entraîneraient des dépenses supplémentaires de l'ordre de 440 millions d'euros.

Bronca des syndicats

Quelques syndicats sont vent debout contre ce nouveau décret. Dans un communiqué diffusé mardi, la CGT a annoncé qu'elle allait déposer un recours devant le Conseil d'État pour contester le décret d'application publié le 26 juillet. La confédération emmenée par Philippe Martinez s'est réjouie que "plusieurs organisations (CGC, FO et Solidaires) aient déjà pris la même décision".

"Cette réforme « pour la précarité » (pour citer le lapsus très révélateur de la ministre du Travail Muriel Pénicaud) a été imposée par le gouvernement, dans le mépris le plus complet des organisations syndicales et dans l'indifférence totale des conséquences désastreuses que ces nouvelles règles auront sur les plus précaires" a déclaré le syndicat de Montreuil.

De son côté, la CFDT a estimé dans un communiqué publié ce mercredi matin que "les craintes étaient donc justifiées. Voilà des mois que la CFDT s'alarme de l'effet désastreux qu'aurait l'application de la réforme d'assurance-chômage sur les demandeurs d'emploi".

Grégoire Normand
Commentaires 15
à écrit le 26/09/2019 à 16:42
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Un ministre garde son salaire 6 mois, je crois ... même avec d'autres revenus (il est vite recasé!)

à écrit le 26/09/2019 à 10:53
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Avec ce nouvel avatar sur le chômage, au moment ou les entreprises annonces des faillites avec des dizaines de milliers d'emplois supprimés, auxquels il convient d'ajouter les autres dizaines de milliers d'emplois supprimés chez les PME sous traitant...

le 26/09/2019 à 15:45
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C'est moins l'effondrement du pays que la mise a sac du système social. Depuis le début de son mandat, macron axe ses actions de restrictions sur les chômeurs. Ce qui est bien minable et permet de comprendre qu'il n'a d'autres pollitiques que cel...

à écrit le 26/09/2019 à 10:45
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Faire justice en étant injuste c'est la vision des pharisiens! Les cotisations devraient être proportionnelles pour des indemnités forfaitaires! Au lieu de vouloir faire l'inverse!

à écrit le 25/09/2019 à 23:30
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les actionnaires et hauts fonctionnaires autres qui dilapides la richesse contrairement aux autres qui ont cotiser toujours des réformes dans ce pays pour faire reculer les droits du peuple !!!!! mal finir !!!!! vivement 2022

à écrit le 25/09/2019 à 23:29
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les actionnaires et hauts fonctionnaires autres qui dilapides la richesse contrairement aux autres qui ont cotiser toujours des réformes dans ce pays pour faire reculer les droits du peuple !!!!! mal finir !!!!! vivement 2022

à écrit le 25/09/2019 à 21:46
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6 mois sur 24 mois, cela évite de donner droit au chômage à tous les étudiants qui bossent pendant leurs études dès le passage de leurs derniers examens. Bien sûr, ils cotisent mais avoir droit à 4 mois de chômage à son entrée réelle sur le marché du...

à écrit le 25/09/2019 à 17:25
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N'est pas suffisant pour compenser les contribuables: la dette d'Unedic 34 milliard euro.

à écrit le 25/09/2019 à 17:10
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cette réforme incitera les chomeurs à rechercher au plus vite un travail au lieu de se complaire dans le confort de polemploi et attendre au chaud pour cette recherche . Excellent De la part d'un ancien chomeur

le 25/09/2019 à 17:58
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Mouais enfin, sans vouloir te froisser, rien ne te garantie que tu vas pas y retourner. Et peut-être que là tu te sentiras concerné et comprendra l'aberration de cette loi. Je te rappelle quand même que tu cotises pour bénéficier de cela avec ton ...

le 26/09/2019 à 0:58
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Quand tu étais au chômage, tu étais bien indemnisé? Trop facile de cracher sur la gueule des gens.

le 26/09/2019 à 15:52
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Et gonzague le chomeur peut te dire qu'avoir ce discours avec 300 000 emploi existant et 5 millions de chômeurs, disons qu'au minimum une méconnaissance des chiffres, mais je pense plus qu'il s'agit d'une forme de poujadisme primaire qui consiste a l...

à écrit le 25/09/2019 à 16:16
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Les économies se feront toujours sur les plus pauvres, ce sont ceux que l'on peut affligé sans qu'ils puissent s'enfuir ou riposter. Rappelez vous, c'est toujours le plus faible qui en prend plein la gueule dans les cours de récré, le monde des adult...

le 25/09/2019 à 17:31
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Nous sommes le pays le plus redistributif du monde et ça ne marche pas: nous attirons et nous fabriquons de la misère. Les plus profiteurs dans notre pays sont tellement bien mélangés aux plus faibles que aider les derniers revient desormais à incit...

le 26/09/2019 à 15:54
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Merci de le préciser, car je trouve minable les choix politiques de cette nature, mais encore plus lorsque c'est un haut fonctionnaire qui le fait alors qu'il est protégé du chômage et qu'il n'a bossé que trois ans en réalité a l'âge de 40 ans...... ...

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