Baisse de l'attractivité de la France, le moral des investisseurs américains flanche

Coup dur pour la France. L'attractivité de l'Hexagone s'est effritée aux yeux des entreprises américaines présentes en France. Le climat social et le coût du travail ont miné le moral des investisseurs américains l'année dernière, selon le 24e baromètre de la Chambre de commerce américaine en France (AmCham).
Grégoire Normand
La chambre du commerce américaine recommande de maintenir le cap des réformes.
La chambre du commerce américaine recommande de maintenir le cap des réformes. (Crédits : Reuters)

Les nuages s'amoncellent au-dessus de l'économie française. Après une année 2023 au ralenti, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait marquer le pas cette année. Le gouvernement a fini par réviser sa prévision de croissance à 1%, mais il reste au-dessus de la plupart des instituts de prévision. En zone euro, la croissance fait également du surplace, plombée par les vastes difficultés de l'économie allemande.

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Dans ce climat troublé, les entreprises américaines portent un regard mitigé sur l'image de la France. « Il y a un certain nombre de bonnes nouvelles. La France a toutes les cartes en main pour être attractive », a déclaré Marc-André Kamel, associé et directeur chez Bain & Company et vice-président de l'AmCham France, lors d'un point presse ce mercredi 28 février.

« Dans un contexte turbulent et chahuté, il y a cependant quelques messages d'alerte. L'attractivité de la France s'est érodée. Certaines faiblesses historiques de la France, comme le coût du travail et les difficultés administratives, remontent à la surface », a-t-il énuméré.

Pour rappel, « les Etats-Unis restent le premier investisseur étranger en France »À l'Elysée, l'attractivité est un thème particulièrement scruté par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, et son entourage. Le président en a d'ailleurs fait un axe majeur de sa politique économique en baissant la fiscalité sur le capital depuis son arrivée au pouvoir en 2017. Mais force est de constater que « l'attractivité s'est effritée ».

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Un regard plus négatif

Les résultats du baromètre dressent un tableau plus pessimiste que l'année dernière sur le regard des entreprises américaines dans l'Hexagone. En 2023, 52% des investisseurs interrogés avaient une perception bonne (45%) ou excellente (7%) de la France. C'est 6 points de moins qu'en 2022 (58%) et 12 points de moins qu'en 2021 (64%). À l'époque, la reprise post-Covid avait dopé l'optimisme des entreprises étrangères implantées en France. Mais, même avant la crise sanitaire, le point de vue des investisseurs américains étaient bien plus favorables.

En parallèle, les entreprises étrangères portent un regard plus critique sur la France. Ainsi, 48% des interrogés ont une perception moyenne (38%) ou mauvaise (10%). En 2022, cette proportion s'élevait à 41% et 37% en 2021.

« Les perspectives économiques sont meilleures que l'année dernière en raison du ralentissement de l'inflation, la baisse espérée des taux d'intérêt, les plans d'investissements publics. Certains secteurs connaissent du dynamisme comme l'aérospatial, la défense, le tourisme. Mais on n'est pas revenu à l'euphorie de 2021 et 2022 », ajoute Marc-André Kamel.

Il faut, en outre, rappeler que sur le front social, l'année 2023 a marqué l'entrée en vigueur de la réforme contestée des retraites après un printemps particulièrement électrique. Après les multiples manifestations et grèves, le gouvernement Borne avait échappé de peu à la motion de censure dans un parlement au bord de l'explosion.

Coût de la main-d'œuvre et climat social

Les répondants ont salué la qualité de la main d'œuvre, le système de formation professionnelle et les capacités d'innovation en France. En revanche, les investisseurs américains pointent le coût global de la main d'œuvre, la législation sociale, le climat social, la complexité administrative et réglementaire.

« La disponibilité de la main d'œuvre, le climat social et la stabilité politique font partie des priorités d'amélioration », souligne Marc-André Kamel.

S'agissant des collaborateurs étrangers, ils plébiscitent la qualité de vie et la culture, l'accès aux services de santé ou encore les infrastructures. En revanche, « le premier irritant pour les collaborateurs des entreprises américaines est le climat social. Le deuxième irritant est la fiscalité des particuliers », pointe le spécialiste du luxe.

La France ne prépare pas aux métiers d'avenir ?

Parmi les autres points faibles évoqués, figure le retard de la France pour préparer les jeunes aux métiers d'avenir. « Le système éducatif français ne prépare pas assez aux enjeux de demain, selon une grande partie des répondants. Il y a un écart entre les besoins de recrutements et les formations sur la transition écologique, le numérique » , souligne Marc-André Kamel. Résultat, les pénuries de main d'œuvre restent un sujet de préoccupation aux yeux des investisseurs américains.

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Toujours sur le plan éducatif, « les dirigeants américains estiment que la réforme des lycées professionnels ne va pas assez loi pour résorber le déficit de profils techniques », rapporte l'expert. « Certaines filières ont clairement été abandonnées ».

Face à ce constat, « il faut maintenir le cap des réformes », estime Natacha Rafalski, présidente de l'AmCham France et présidente de Disneyland Paris. « La France est le pays le plus attractif en Europe. Il est important de célébrer les succès de la France ». Reste à savoir si Paris va conserver cette première place.

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Grégoire Normand
Commentaires 14
à écrit le 29/02/2024 à 9:46
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quand on dit d'un petit qu'il a tout pour reussir, et qu'il a toutes les cartes en main, ca veut dire qu'il est en echec

à écrit le 29/02/2024 à 9:21
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L'intervenant a raison, la France a toutes les cartes en main pour être attractive. Mais il y n'y a aucun engagement pour simplifier le stock de normes et de surtranspositions. Résultat, une économie paralysée ou personne n'investit.

à écrit le 28/02/2024 à 22:49
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Qui a décrété que plaire à la finance américaine était une obligation ?

à écrit le 28/02/2024 à 19:54
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Pendant un moment, j'ai cru que les investisseurs étrangers abandonnaient la france à cause des grèves, des manifestations, des syndicats nationalistes, et des ouvriers jamais satisfaits et eternel jaloux des autres. Mais c'est à cause des fiscalites...

à écrit le 28/02/2024 à 16:26
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Macron, le meilleur d'entre nous, est arrivé à faire, voir à dépasser, en temps de paix, ce que nos pires ennemies nous on infligé en temps de guerre . Bravo à lui .

à écrit le 28/02/2024 à 16:05
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La France n'est effectivement pas les États-Unis où il leur a fallu 834.2 milliards de dollars de dette au troisième trimestre 2023 pour faire croître leur économie de 334.5 milliards de dollars, soit exactement 2.5 dollars de dette pour chaque dolla...

le 28/02/2024 à 17:51
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En effet la croissance des USA risque de prendre un coup quand il faudra baisser le déficit. Je ne veux pas faire faire des comptes d'épicier sur votre raisonnement qui touche le bon point. mais pour évaluer l'impact sur la variation du PIB plus que...

à écrit le 28/02/2024 à 15:20
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@gonzague. Vous avez compris l'essentiel, car le Court-Termisme demeure boulonné dans la logique même de nos économies et a ses effets pervers. Les règles comptables et les nouvelles pratiques financières que nous nous sommes donnés ("Nous" est bien ...

à écrit le 28/02/2024 à 15:13
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Bon, et bien c'est une bonne nouvelle. Moins la France sera attractive, et moins de gens voudront venir y vivre, on sera enfin tranquilles

à écrit le 28/02/2024 à 14:24
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Et pourtant ! pfizer et bien d'autres ont reçus des quantité d'argent colossales ! 170 milliards d'euros sont donnés chaque année pour les entreprises ! toute la petite musique qui consiste a avaler les capitaux du système est de mieux en mieux hu...

le 28/02/2024 à 15:03
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@gonzague. Vous cherchez aussi à nous dire que l'action Pfizer cotait à 35.53$ le 22 mai 2020, pour côtoyer ensuite les 59.48$ le 17 décembre 2021, avant de retomber progressivement jusqu'à 26.89$ le 27 février 2024? Ben moi je n'ai jamais vu ça dura...

le 28/02/2024 à 15:18
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@Raymond Je pense aussi qu'en 2024, les commandes qu'ils aaient se sont arrêtés pour les us, même si les polonais le voulait mais pfizer lui non. Donc j'imagine aussi que les contrats que nous n'avons pas (van der leyen) et son sms, ne nous permette...

le 28/02/2024 à 17:55
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Cher Raymond, depuis longtemps nous avons tous vendu Pfizer pour acheter Novo Nordisk (Ozempic et Wegovy...) et Eli Lilly(idem)..cette dernièrei vaut maintenant 4 fois Pfizer.

le 28/02/2024 à 20:51
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@Adieu BCE. Oui mais ça ne change pas la donne sur l'arbitrage de Pfizer au temps de la pandémie (avec un transfert de la prime de risque de cette "innovation" sur l'État). Un arbitrage purement spéculatif sur une "innovation" tout aussi spéculative ...

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