Bruno Le Maire au chevet du nickel calédonien

Lors d'une tournée des sites métallurgiques calédoniens dans le rouge, le ministre a confirmé que l'Etat apportera des aides financières à la transition énergétique du secteur. Il a suggéré une diversification des débouchés.
« La très forte croissance des capacités de production de nickel dans les pays de la région, notamment en Indonésie, augmente la concurrence sur le marché et pèse sur les prix du nickel », explique le ministère de l'Economie.
« La très forte croissance des capacités de production de nickel dans les pays de la région, notamment en Indonésie, augmente la concurrence sur le marché et pèse sur les prix du nickel », explique le ministère de l'Economie. (Crédits : Reuters Staff)

Le nickel calédonien va mal, et le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, en déplacement en Nouvelle-Calédonie du 25 au 27 novembre, se penche sur son sort.

« On ne peut pas attendre plusieurs mois. C'est une affaire de semaines. Il faut qu'on se retrousse tous les manches pour dégager une solution économique et financière dans les semaines qui viennent », a-t-il déclaré lors d'une tournée des sites métallurgiques calédoniens en difficulté.

Le ministre, cité par Franceinfo, a confirmé une promesse formulée par Emmanuel Macron en juillet, lors d'un voyage à Nouméa: l'État apportera des aides financières à la transition énergétique du secteur.

« Je pense que la révolution des véhicules électriques va s'accélérer et que diversifier les débouchés, asiatiques d'un côté, européens de l'autre, est une très bonne stratégie », a-t-il aussi suggéré sur le plateau de NC la 1ère samedi soir.

Des usines endettées

Trois usines métallurgiques traitant le nickel extrait sur l'archipel sont en effet dans le rouge.  L'industriel historique, la Société-Le Nickel (SLN), est fortement endettée (493 millions d'euros de dette financière nette fin 2022), et son actionnaire majoritaire, Eramet, a confirmé fin octobre qu'il n'injecterait pas plus d'argent dans sa filiale. Or la SLN a effectué en août le dernier tirage d'un important prêt de 60 millions d'euros consenti par l'Etat.

Prony Resources, dans le sud du territoire, est elle placée sous mandat ad hoc, avec un endettement qui atteignait fin 2022 149 millions d'euros. Enfin, l'usine de production de ferronickel Koniambo Nickel SAS, projet phare du rééquilibrage entre les provinces nord et sud, affiche une dette record de 13,7 milliards d'euros. La province nord en est actionnaire à 51%. Le groupe anglo-suisse Glencore, qui détient les 49% restants, a fait savoir en septembre par communiqué qu'il se retirerait du projet si « aucune nouvelle solution de financement n'est trouvée d'ici-là ».

La concurrence de l'Indonésie

Selon le ministère de l'Economie, l'activité d'extraction minière reste rentable en Nouvelle-Calédonie. L'activité d'extraction métallurgique est en revanche confrontée à plusieurs types de difficultés.

Tout d'abord, les usines n'opèrent pas à leur plein potentiel à cause de difficultés administratives qui compliquent l'approvisionnement minéral, ainsi qu'en raison de difficultés techniques. Ensuite, les usines payent leur électricité entre 150 et 200 euros du MWh: bien plus que les autres usines dans la région. Enfin, « la très forte croissance des capacités de production de nickel dans les pays de la région, notamment en Indonésie, augmente la concurrence sur le marché et pèse sur les prix du nickel », explique le ministère de l'Economie.

Une fermeture redoutée

Le scénario de la fermeture de ces usines est sérieusement envisagé par l'Inspection générale des finances, dans un rapport sur le secteur rendu début juillet. Selon ce rapport, la « défaillance simultanée » des trois entreprises « conduirait à une augmentation du chômage sur le territoire d'environ 50% » (à 16%), à un « déséquilibre » des comptes sociaux de la Nouvelle-Calédonie et à des coûts environnementaux importants. Le nickel est en effet un composant indispensable dans le cadre de la transition énergétique, notamment dans la fabrication de véhicules électriques.

Pour assurer la viabilité du secteur, le document plaide pour des « transformations profondes » de la filière, via notamment une « intégration verticale » avec des acteurs européens, et la création d'une « agence des participations de Nouvelle-Calédonie » pour rationaliser l'actionnariat public en le réduisant progressivement. Plus concrètement, les entreprises doivent pouvoir augmenter la production de leurs usines pour atteindre leur capacité nominale tout en réduisant leurs coûts, élevés au regard de la concurrence internationale, selon le rapport, qui préconise par ailleurs la conversion de deux usines de production de ferronickels essentiellement utilisés dans les alliages inoxydables à la production de nickel utilisable dans les batteries. Les investissements nécessaires sont chiffrés à 4,15 milliards d'euros.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 13/04/2024 à 0:30
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Henry, ton commentaire est interressant et marrant car tu parles de tes enfants mineurs et l'article en question traite du secteur minier. Bruno Machin est en train de déposséder la pays de la compétence Nickel. Pour sauver le secteur qui traverse un...

à écrit le 25/11/2023 à 19:14
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On a laissé Bruno Machin jouer avec les finances et maintenant nos enfants mineurs sont redevables de la taxe d'habitation. Mais arrêtez-le! Surtout qu'il ne touche plus à rien!

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