Gérald Darmanin appelle à un « New Deal » pour le nickel de Nouvelle-Calédonie

En visite en Nouvelle-Calédonie, le ministre de l'Intérieur a annoncé le lancement d'une mission gouvernementale pour remettre à plat la filière calédonienne du nickel. Celle-ci accumule les déficits depuis une dizaine d'années, mais s'avère stratégique alors que s'accroissent les tensions autour des matières premières.
En visite en Nouvelle-Calédonie, Gérald Darmanin s'est exprimé sur l'avenir de la filière du nickel.
En visite en Nouvelle-Calédonie, Gérald Darmanin s'est exprimé sur l'avenir de la filière du nickel. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Richesse naturelle stratégique, le nickel abonde en Nouvelle-Calédonie. Cela n'empêche pas la production locale de connaître des difficultés et d'enchaîner les pertes. Actuellement en visite sur le « Caillou » pour relancer les discussions politiques sur l'avenir de ce territoire français du Pacifique, Gérald Darmanin s'est exprimé sur le sujet. Le ministre de l'Intérieur a appelé à un « new deal » avec une remise à plat de la filière et une fin des aides d'Etat.

« On voit que les usines et le modèle économique ne fonctionnent pas très bien, malgré le courage des salariés », a observé le ministre devant la presse à l'issue d'une visite de la Société Le Nickel (SLN), telle que le rapporte l'AFP. Il a annoncé qu'une mission commandée par le gouvernement se rendrait en Nouvelle-Calédonie ces prochains jours pour dresser un état des lieux économique, social et environnemental de l'activité. Elle devra ensuite proposer ce « new deal » pour la filière d'ici fin 2023.

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Le rôle de l'Etat français

En dépit de tensions sociales fortes entre syndicats et direction de la SLN en amont de sa visite, Gérald Darmanin a prévenu que l'on « ne donnera plus d'argent aux usines de Nouvelle-Calédonie, sachant que ce n'est pas notre compétence, tant qu'il n'y aura pas de projet industriel pensé et réfléchi », rappelant que l'Etat avait soutenu le secteur à hauteur de 2 milliards d'euros sur les six dernières années.

Paris ne semble pourtant pas prête à abandonner cette richesse. La Nouvelle-Calédonie compte près d'un quart des réserves mondiales de nickel. Gérald Darmanin a rappelé lui-même l'importance de ce minerai pour l'avenir du Caillou, mais aussi de la France dans le contexte de tensions internationales actuelles : « La question de la souveraineté du nickel pour notre pays se pose de manière générale, ainsi que la place de la Nouvelle-Calédonie dans cette souveraineté ».

Cette question devient aujourd'hui particulièrement prégnante. Le territoire se trouve aujourd'hui dans un statu quo 35 ans après les accords de Matignon, qui définissait un statut juridique provisoire, et un peu plus d'un an après la victoire définitive du « non » lors du troisième référendum sur l'indépendance qui découlait de ces mêmes accords.

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Pertes structurelles

En attendant, les trois usines de nickel de Nouvelle-Calédonie affichent toutes des déficits importants depuis près de dix ans. Premier producteur mondial de ferronickels, l'un des composants de l'acier inoxydable, la SNL enchaîne les pertes et les plans de sauvetage.

Il y a quelques jours encore, la SLN a communiqué un résultat net négatif de l'ordre de 250 millions d'euros pour 2022, avec d'importantes pertes de trésorerie de l'ordre de 70 millions d'euros. Cette situation a obligé la société à mettre en place un « Plan de progrès d'urgence » fin 2022 avec pour objectif de réaliser des économies à hauteur de 83 millions d'euros. En sus, elle a dû en appeler à l'Etat en février pour obtenir un prêt de 40 millions d'euros. Deux mesures d'urgences qui, selon elle, devaient permettre « d'écarter à court-terme le risque de cessation de paiement ». Cela ne devrait que repousser le problème, peut-être à fin 2023, voire avant. Face à la contestation du personnel, le plan d'économie a en effet été suspendu après un accord conclu vendredi soir entre la direction et l'intersyndicale.

Bien que la filiale du groupe Eramet ait invoqué « des intempéries exceptionnelles et une très forte augmentation des coûts énergétiques liés au contexte international » pour expliquer ces pertes de 2022, dans les faits cette situation semble se répéter année après année. En 2016, Eramet et l'Etat avaient déjà accordé un prêt de trésorerie de 525 millions d'euros mais, avec l'accumulation de pertes, celui-ci a été épuisé en 2021. De même, la SLN avait déjà lancé un plan de sauvetage en 2019.

En 2022, Eramet a annoncé qu'il allait investir 250 millions d'euros d'ici 2025 en Nouvelle-Calédonie, dans le cadre d'une convention avec le gouvernement local pour « une nouvelle trajectoire » de long terme. Ces annonces n'empêchent pas les représentants du personnel de s'interroger aujourd'hui sur les intentions du groupe Eramet en Nouvelle-Calédonie. L'industriel a en effet réalisé des investissements massifs dans le projet Weda Bay nickel en Indonésie, centré sur la production de nickel pour les batteries.

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Commentaires 5
à écrit le 05/03/2023 à 9:08
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Un pays très désindustrialisé géré par des communicants ne voit pas très bien ce qu'il pourrait faire avec du nickel..

à écrit le 04/03/2023 à 21:00
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"le modèle économique ne fonctionnent pas très bien, malgré le courage des salariés" On est bien en France, même avec une mine d'or on perdrait de l'argent !

à écrit le 04/03/2023 à 18:19
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Un "New Deal" pour entretenir les business défaillants des colons ultramarins (békés, caldoches, gros-blancs, etc) tandis que le rejet de l'empire français en Afrique est consommé...

à écrit le 04/03/2023 à 16:56
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Il peut rester à sa place ce Ministre. Il est ministre de l'Intérieur et pas de l'Economie.

à écrit le 04/03/2023 à 15:37
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"depuis une dizaine d'année," années Il faudrait produire du nickel pour batteries plutôt que pour les casseroles, mais si ça demande trop d'investissements, ça va être difficile. 20% du nickel mondial se trouve là mais ça ne le rend pas 'rentable' ...

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