Le casse-tête de Bercy pour assurer la viabilité de la filière néo-calédonienne du nickel

Lors de son déplacement à Nouméa, le président de la République avait promis un projet nickel d'avenir. Objectif, assurer la rentabilité des usines qui exploitent ce minerai, les trois sociétés réalisant la production subissant des pertes majeures. L'enjeu est de taille puisque le nickel est un composant indispensable dans le cadre de la transition énergétique, notamment dans la fabrication de véhicules électriques.
La production des trois métallurgistes « pourrait théoriquement représenter jusqu'à 85% des besoins des giga-usines françaises de batteries en 2030, ou 14% des besoins de l'UE en 2035 », relève le rapport de l'Inspection générale des finances.

La filière du nickel néo-calédonienne va-t-elle réussir à relever la tête ? En grande difficulté, malgré l'importance stratégique de ce métal dans la transition énergétique, elle sera au cœur de « réunions de travail » cette semaine et dès ce lundi au ministère de l'Economie et des Finances. Ces discussions interviennent dans un cadre où sera discuté plus largement l'avenir de l'archipel, alors que le gouvernement souhaite mettre à la même table indépendantistes et non-indépendantistes.

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« L'objectif est d'essayer de mettre en œuvre les orientations données » par le président Emmanuel Macron lors de son déplacement à Nouméa fin juillet. A Nouméa, le chef de l'Etat avait promis un « projet nickel d'avenir » pour rendre rentables les usines qui exploitent ce minerai. A la clé, un financement de l'Etat pour une « refonte de la filière énergétique » afin de fournir une électricité « compétitive » et « décarbonée ».

Un secteur non-rentable

La filière du nickel en Nouvelle-Calédonie est de facto en mauvaise posture. Un audit de l'Inspection générale des finances (IGF) et du Conseil général de l'économie (CGE), rendu public le 1er août, a questionné la stratégie concernant le nickel, laquelle ne permet pas aux entreprises qui extraient ce composant d'être rentables.

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Alors que le nickel est l'un des métaux stratégiques les plus demandés sur les marchés mondiaux, les trois sociétés qui assurent sa production en Nouvelle-Calédonie (la Société le Nickel / SLN, Koniambo Nickel SAS et Prony) subissent des pertes depuis douze ans, selon le rapport de début août. Or, elles emploient 5.035 salariés, soit 7,5% du total des salariés du secteur privé de l'archipel.

Fin août, la présidente de Prony Resources (PR) a ainsi attiré l'attention du personnel sur les risques liés à la dégradation de la trésorerie de l'entreprise d'ici novembre « si aucune action n'est engagée ». Après une mauvaise production pour l'année 2022, le métallurgiste installé dans le sud de l'archipel tient jusqu'à présent le rythme lui permettant d'atteindre son objectif de 36.000 tonnes pour l'année 2023.

Augmenter la production

Mais le coût des garanties environnementales ainsi que « des dépassements budgétaires » auront pour conséquence « un creux de trésorerie en novembre 2023 si aucune action n'est engagée », a écrit Béatrice Pierre, présidente de Prony Resources, dans un courrier adressé à ses salariés le 4 août dont l'AFP a obtenu copie. « Un plan social n'est pas prévu dans l'immédiat mais si aucun accord de refinancement n'est trouvé à hauteur du besoin de trésorerie ce n'est pas à exclure », a-t-elle averti.

Selon le rapport de l'Inspection générale des finances, la « défaillance simultanée » des trois entreprises « conduirait à une augmentation du chômage sur le territoire d'environ 50% » (à 16%), à un « déséquilibre » des comptes sociaux de la Nouvelle-Calédonie et à des coûts environnementaux importants.

Pour assurer la viabilité du secteur, le document plaide pour des « transformations profondes » de la filière, via notamment une « intégration verticale » avec des acteurs européens, et la création d'une « agence des participations de Nouvelle-Calédonie » pour rationaliser l'actionnariat public en le réduisant progressivement. Plus concrètement, les entreprises doivent pouvoir augmenter la production de leurs usines pour atteindre leur capacité nominale tout en réduisant leurs coûts, élevés au regard de la concurrence internationale, selon le rapport, qui préconise par ailleurs la conversion de deux usines de production de ferronickels essentiellement utilisés dans les alliages inoxydables à la production de nickel utilisable dans les batteries.

« 14% des besoins de l'UE en 2035 »

Enfin, l'énergie utilisée par les industriels calédoniens est particulièrement carbonée et représente un coût largement supérieur aux unités de production de leurs concurrents indonésiens.

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Les investissements nécessaires sont chiffrés à 4,15 milliards d'euros pour la conversion des deux centrales à charbon existantes en centrales à gaz, un développement de l'énergie photovoltaïque, des stockages via des batteries et des stations de transfert d'énergie par pompage. Des solutions coûteuses qui ne pourront être prises en charge que par l'État, a reconnu le président Emmanuel Macron à Nouméa fin juillet.

La question du financement va toutefois devenir incontournable. La production des trois métallurgistes « pourrait théoriquement représenter jusqu'à 85% des besoins des giga-usines françaises de batteries en 2030, ou 14% des besoins de l'UE en 2035 », relève le rapport de l'Inspection générale des finances.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 04/09/2023 à 13:52
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Bonjour, bien oui, les salaires sous très élevé et la rentabilité au travail est Minimum... Bien sûr ils ne faut pas le dire.... Nous avons la un monopole ou presque et les entreprises ne sont pas rentable....

à écrit le 04/09/2023 à 10:57
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Oui , c'est exactement ça ! quand il y a u problème, c'est bien connu, il faut appeler soit Bercy ou UE pour que celui ci soit réglé . Encore un truc qui va couter un bras et qui ne marchera pas

à écrit le 04/09/2023 à 9:19
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En effet une véritable avancée écologique comme on peut le constater sur la photographie. C'est comme par chez moi et les élus locaux qui on ne sait bien pas pourquoi en fait remplacent des zones naturelles par des zones artificialisée naturellement.

à écrit le 04/09/2023 à 8:34
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On subventionne une production qui sert surtout a payer grassement les indépendantistes kanakes et qui n'ont aucune envie de faire des efforts.

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