La promesse présidentielle d'une baisse du chômage se complique sérieusement. Lors de sa campagne présidentielle, le candidat d'En Marche avait expliqué que le chômage devrait baisser en deça de la barre symbolique des 7%. Plus de trois ans après cette annonce, la conjoncture économique s'est sérieusement détériorée. L'onde de choc provoquée par la pandémie mondiale ne cesse de faire trembler l'économie tricolore. Si les derniers chiffres de l'Insee publiés ce jeudi 13 août indiquent une baisse en trompe l'oeil du chômage pendant le confinement, les autres indicateurs (sous-emploi, halo, taux d'emploi) révèlent les dégâts colossaux de cette maladie infectieuse sur le marché du travail.
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De multiples plans sociaux et licenciements
Airbus, Renault, Air France... depuis le printemps, la liste des plans de licenciement et des restructurations ne cessent de s'allonger sur le territoire français. Si le chômage partiel et les prêts garantis par l'Etat (PGE) ont permis de limiter dans un premier temps la casse économique et sociale, les mesures de déconfinement et la moindre prise en charge du chômage partiel par l'Etat et l'Unedic ont plongé de nombreuses entreprises dans la torpeur. Selon un récent décompte de la direction de la recherche statistique du ministère du Travail (Dares), plus de 275 plans de sauvegarde de l'emploi ont été enregistrés par l'administration entre le premier mars et le 19 juillet. Ce qui entraînerait la suppression d'environ 43.000 postes. "C'est plus du double par rapport aux suppressions envisagées sur la même période en 2019", indiquent les statisticiens. Cette procédure ne concerne que les entreprises de plus de 50 salariés.
Des PME et TPE licencient à tour de bras
Il est encore difficile d'avoir une évaluation précise de l'ampleur des dégâts sur le marché du travail. Dans leur travaux, les statisticiens évoquent plus de 2.000 "petits licenciements collectifs" sur la période précitée. Là encore, la récession risque de frapper de plein fouet de nombreuses PME et TPE, des indépendants qui sont parfois dépendants de plus grands groupes. Pour ces catégories, la Dares ne fournit pas d'estimation du nombre de postes supprimés mais le recul durable de l'économie tricolore pourrait faire des ravages. Dans une récente note, les économistes de l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estimaient qu'entre le 17 mars et le 5 juillet, plus de 650.000 postes avaient été détruits. De son côté, la Banque de France estime les destructions d'emplois pour 2020 à près de un million.
Vers un taux de chômage historique ?
Bien que les Etats en Europe ont réagi relativement rapidement pour mettre en oeuvre des mesures pour protéger les revenus des salariés, beaucoup de travailleurs en contrat à durée limitée, en travail temporaire ou de multiples indépendants ont déjà perdu leur travail ou une grande partie de leur activité. Le spectre d'un chômage de masse a ressurgi seulement quelques semaines après le début de la crise. Avec les nouvelles mesures sanitaires sur le territoire français (port du masque obligatoire dans certaines communes et certaines zones), beaucoup de secteurs risquent à nouveau d'être affectés. Selon une projection de la Banque de France rendue publique au mois de juin, le taux de chômage en France pourrait frôler les 12% au cours du premier semestre 2021. Ce qui serait un record.