Covid-19 : plus de 1.500 patients en réanimation, des "couvre-feux territorialisés" envisagés

Le nombre de patients admis en réanimation a donc rejoint le niveau de la fin mai. Et le pire est à venir selon les autorités médicales et sanitaires. Pour endiguer cette deuxième vague qui est donc bien là comme le martèle Jean Castex, le gouvernement cherche des solutions comme des reconfinements locaux, le recours massif au télétravail, et... des couvre-feux territoriaux. Pour autant, le Premier ministre soutient qu'il faut garder les lieux d'enseignement ouverts, alors que c'est là que se trouve une majorité de clusters, dixit Santé Publique France.
Jérôme Cristiani
Mardi matin, l'exécutif, hormis les reconfinements localisés évoqués par Jean Castex hier, envisagerait une autre piste radicale : des couvre-feux territorialisés, qui seraient mis en place dans les zones les plus touchées par le coronavirus.
Mardi matin, l'exécutif, hormis les reconfinements localisés évoqués par Jean Castex hier, envisagerait une autre piste "radicale" : des couvre-feux "territorialisés", qui seraient mis en place dans les zones les plus touchées par le coronavirus. (Crédits : Reuters)

Ce matin, Le Parisien titre : "Deuxième vague de Covid-19 : à l'hôpital Bichat, on s'attend à voir la «foudre» tomber" : en effet, alors que Toulouse et Montpellier viennent mardi matin de passer à leur tour en zone d'alerte maximale, le nombre de patients traités en réanimation en France pour une infection au Covid-19 a franchi dans la journée de lundi le seuil des 1.500, une première depuis le 27 mai dernier.

Dans son communiqué d'hier soir, Santé Publique France explique la situation en ces termes:

"En France métropolitaine, la circulation virale se poursuit à un niveau élevé. Le nombre de cas confirmés, les taux de positivité des prélèvements notamment chez les personnes présentant des symptômes sont en augmentation."

L'institut s'alarme par ailleurs non seulement de la recrudescence des "clusters" mais également de leur sous-estimation :

"Le nombre de cluster reste à un niveau élevé, et sont très certainement sous-estimés dans un contexte de circulation virale élevé, du fait des délais de validation et de signalement mais aussi de la baisse du taux de dépistage et donc de l'identification des cas index."

Plus de 8.600 patients hospitalisés

Le nombre total de patients hospitalisés dépasse 8.600, à 8.671, pour la première fois depuis le 29 juin, montrent les données publiées par les autorités sanitaires.

La France a enregistré lundi 8.505 nouveaux cas de contamination en 24 heures, contre 16.101 la veille, pour un total de 743.779 depuis le début de l'épidémie, et 96 nouveaux décès, pour un total de 32.825 morts, selon les chiffres publiés par l'agence Santé Publique France (SPF).

Lire aussi : Covid-19: Lille, Lyon, Grenoble et Saint-Etienne passent en zone d'alerte maximale

Le taux de positivité progresse

Le nombre de nouvelles hospitalisations sur les sept derniers jours s'établit à 5.350, dont 929 en réanimation, précise SPF sur son site. Le taux de positivité atteint 11,8%, contre 11,5% dimanche.

Face à cette situation, le gouvernement cherche de nouveaux moyens d'endiguer la reprise de l'épidémie liée au nouveau coronavirus.

Ainsi, lundi, évoquant une situation "très difficile" face à la "réalité d'une deuxième vague" épidémique, le Premier ministre, Jean Castex, n'a pas exclu d'ordonner des reconfinements localisés dans le pays où la crise sanitaire va durer selon lui plusieurs mois encore.

Lire aussi : Castex n'exclut pas des reconfinements locaux et veut relancer StopCovid

Poursuite des hospitalisations et hausse des décès à venir

Santé Publique France constate que le nombre de décès reste en-deçà du pic de la première vague du printemps dernier, mais prévient que la situation peut rebasculer dans le mauvais sens dans les prochaines semaines:

"Au niveau national, les nouvelles hospitalisations, les admissions en réanimation pour COVID-19 et les nombres de décès restent actuellement à des niveaux modérés en comparaison à la situation observée en mars-avril 2020, mais l'augmentation de la circulation du virus, en particulier chez les personnes les plus âgées, fait craindre la poursuite des hospitalisations et des décès dans les semaines à venir."

Stop au relâchement, pour Jean Castex, la deuxième vague est là

Hier, sans exclure des reconfinements locaux, Jean Castex a exhorté les Français à plus de vigilance face à une "deuxième vague forte" de Covid-19, sur FranceInfo sur le plateau de Salhia Brakhlia.

"Nous sommes dans une deuxième vague forte", a prévenu le Premier ministre lundi sur franceinfo, sur fond d'envolée des nouveaux cas positifs et d'hôpitaux guettés par la saturation, surtout en Ile-de-France.

"Il ne peut plus y avoir de relâchement", a averti M. Castex, pour qui "les Français ont considéré un peu trop vite, malgré les discours que nous tenions, que ce virus avait disparu".

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"Rien ne doit être exclu quand on voit la situation dans nos hôpitaux", a également prévenu le chef du gouvernement à propos de la possibilité de reconfinements locaux.

Castex veut garder les écoles ouvertes

Pour autant, le Premier ministre justifie certaines exceptions au retour des restrictions en termes de contacts sociaux, concernant le maintien de l'ouverture des établissements scolaires, et ce, malgré les avertissements de Santé Publique France qui prévient que le milieu scolaire est l'endroit où se trouve une majorité de clusters :

"Garder les enfants à l'école, c'est une des priorités du gouvernement, c'est capital, c'est une chance", a martelé le Premier ministre, hier soir, invité sur le plateau Franceinfo par Salhia Brakhlia

Ce qui n'est pas du tout du goût des syndicats d'enseignants, lesquels disent ne pas se sentir en sécurité sur leur lieu de travail en ce moment, redoutant une recrudescence des contaminations.

La solution "radicale" de couvre-feux territoriaux

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a confirmé lundi soir qu'il "pourrait y avoir des mesures supplémentaires" pour lutter contre l'expansion de l'épidémie dans les villes les plus touchées, sans en dire plus.

Mardi matin, l'exécutif, hormis les reconfinements localisés évoqués par Jean Castex hier, envisagerait une autre piste "radicale" : des couvre-feux "territorialisés", qui seraient mis en place dans les zones les plus touchées par le coronavirus.

Selon RTL, le gouvernement réfléchirait au "couvre-feu comme moyen radical de limiter les contacts et les interactions sociales, puisque le gouvernement ne peut pas légalement interdire les dîners ou les fêtes en famille."

Couvre-feux en Allemagne: un coup dur à l'économie locale

Pour rappel, l'Allemagne a instauré le couvre-feu dans plusieurs grandes villes dont Berlin (dès samedi soir entre 23h et 6h), Francfort (dès vendredi soir entre 22h et 6h) et Cologne (samedi) jusqu'au 31 octobre ce qui signifie la fermeture de tous les établissements recevant du public (bars et restaurants...) pendant ces horaires, avec la stricte prohibition de la vente d'alcool : ce coup d'arrêt à la vie nocturne concerne tous les magasins sauf les pharmacies et stations-service (vente d'alcool interdite).

À Berlin, il s'agit d'un nouveau coup très dur pour l'économie de la ville: pour mémoire, les clubs à eux-seuls ont rapporté plus de 1,5 milliard d'euros à la ville en 2018. Mais la situation épidémique est inquiétante dans la capitale, avec plus de 400 nouveaux cas quotidiens. Berlin est désormais classée "zone à risque".

Allocution mercredi du président de la République

Un Conseil de défense aura lieu, peut-être dès mardi matin, avant l'interview d'Emmanuel Macron demain soir: en effet, l'Élysée a fait savoir que, peu avant 20 heures, mercredi 14 octobre, Emmanuel Macron doit s'exprimer à la télévision sur TF1 et France 2 pour évoquer la crise sanitaire.

(avec Reuters et AFP)

Jérôme Cristiani
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