Coup de rabot sur les dépenses publiques : la croissance française risque d'être amputée, alerte l'OFCE

La croissance du PIB français va être pénalisée par les coupes sur les dépenses que prévoit le gouvernement, indique l'OFCE. Elles permettraient néanmoins de faire baisser légèrement le déficit en 2024, alors que les prévisions du gouvernement demeurent au-dessus de celles de l'observatoire.
La croissance du PIB de la France va être amputée de 0,2 point en 2024 puis de 0,6 point en 2025 par les plans d'économies du gouvernement (photo d'illustration).
La croissance du PIB de la France va être amputée de 0,2 point en 2024 puis de 0,6 point en 2025 par les plans d'économies du gouvernement (photo d'illustration). (Crédits : © Johannes Eisele / Reuters)

C'est l'une des conséquences aux coupes budgétaires prévues par le gouvernement : la croissance du PIB de la France va être amputée de 0,2 point en 2024 puis de 0,6 point en 2025 par ces plans d'économies, a estimé ce mercredi l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

En effet, le dérapage du déficit public à 5,5% du PIB en 2023, contre 4,9% estimé par le gouvernement, a poussé ce dernier à couper dans certaines dépenses. Sur le long terme, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a rappelé début mars l'objectif d'« un retour au déficit sous les 3% » en 2027, soit l'objectif européen, et dit viser « un budget à l'équilibre en 2032 » ce « que nous n'avons pas connu depuis 1974 ».

L'exécutif a ainsi acté par décret 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'Etat en 2024, et promis 20 milliards de coupes supplémentaires en 2025, élargies cette fois aux collectivités et aux dépenses sociales. Il a néanmoins affirmé à plusieurs reprises qu'il n'envisageait pas d'augmenter les impôts.

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« La croissance française est attendue à 1,2% »

Sauf que ces économies contribuent à l'abaissement de la prévision de croissance de l'OFCE pour 2024, à 0,5% contre 0,8% anticipé jusqu'alors, le gouvernement tablant pour sa part sur 1%. Concernant 2025, « la croissance française est attendue à 1,2% », soit un demi-point de moins que la prévision du gouvernement (1,7%), ajoute l'OFCE dans ses « Perspectives 2024-2025 ».

Dans l'immédiat, l'observatoire table sur une croissance de 0,1% au premier trimestre 2024 puis de 0,2% au deuxième. « Au troisième trimestre 2024, un léger pic de croissance (0,3%) est attendu en raison de l'effet tourisme lié aux Jeux olympiques à l'été 2024, suivi d'un reflux au quatrième trimestre (0,1%) ». La croissance redémarrerait plus franchement en 2025, avec une progression du PIB de 0,4% à chaque trimestre.

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La future baisse des taux ne devrait pas beaucoup aider

D'autant que la baisse des taux d'intérêt, attendue de pied ferme par les marchés, ne devrait pas avoir de conséquences importantes sur la croissance pour le moment. Certes, elle aura un effet positif sur l'activité, mais elle restera « contrainte par les nouveaux ajustements budgétaires prévus par le gouvernement (...) en plus de la suppression totale des boucliers tarifaires » sur les prix de l'électricité, pointe l'OFCE.

Pour rappel, la Banque centrale européenne (BCE) avait augmenté ses taux pour tenter de juguler l'inflation. Le taux sur les dépôts, qui fait référence, campe ainsi depuis octobre 2023 à son niveau record de 4%, de quoi impacter lourdement ménages et entreprises. Le conseil des gouverneurs de la BCE devrait baliser le terrain jeudi lors de sa réunion de politique monétaire, mais ne devrait néanmoins pas encore toucher aux taux. Une perspective que l'institution monétaire laisse planer pour juin, selon les déclarations concordantes de plusieurs ténors de la banque.

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Faire baisser le déficit

Les mesures d'économies auraient au moins le mérite de faire baisser le déficit à 5% du PIB en 2024 et à 4,4% l'année d'après, d'après l'Observatoire. Un chiffre qui demeure bien au-dessus de l'objectif européen de 3%. D'après Mathieu Planeéconomiste à l'OFCE, passer à 3% de déficit avec une croissance faible (1,2% ou 1,3%) représenterait un effort total de 70 à 80 milliards d'euros, expliquait-il à La Tribune fin mars.

Le gouvernement, qui tablait jusqu'ici sur un recul du déficit à 4,4% dès 2024, doit justement actualiser ses prévisions ce mercredi. Selon nos informations, dans le nouveau programme de stabilité annuel que le ministère des Finances va présenter en Conseil des ministres le 17 avril prochain, le déficit inscrit sera probablement de 5,1 ou 5,2%. Une pression supplémentaire sur les épaules du gouvernement à quelques jours du verdict des agences de notation, Fitch, Moody's et Standard & Poor's. La crédibilité de l'Hexagone en dépend.

Enfin, « après trois ans de baisse, la dette publique (...) repartirait à la hausse en 2024 et 2025. Elle atteindrait 112,8% du PIB en 2025, après 111,9% en 2024 et 110,6% en 2023 », anticipe l'OFCE.

(Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 11/04/2024 à 9:34
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Les politiciens veulent faire croire au public que l’économie ne peut croître que grâce à de nouveaux dettes. Mais la dette ne rend pas plus riche. Ils doivent être remboursés avec intérêts. Les prêts sont souvent gaspillés pour des projets inutiles ...

à écrit le 11/04/2024 à 8:38
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Une croissance dans la "sécurité" serait bienvenue pour permettre la confiance en l'avenir ! ;-)

à écrit le 11/04/2024 à 8:36
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Une croissance de sécurité serait bienvenue pour permettre la confiance en l'avenir ! ;-)

à écrit le 11/04/2024 à 7:55
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cela fait plus de 40 ans que la France vie au dessus de ses moyens il va bien falloir un jour rembourser la dette perdre 50 milliard par an en interre de dette c est de la folie cela serait plus utile en investissement de centrale electrique ou de...

à écrit le 10/04/2024 à 14:41
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Ben oui, a partir du moment ou l'objectif de ces gens est de transférer l'argent des impôts dans le paiement de la dette, mais attention ! le fait d'avoir contracté de la dette a taux variable, a fait du coup que nous payons une dette ou plutôt les i...

à écrit le 10/04/2024 à 13:58
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C'est en effet compliqué, le déficit étant le carburant de l'économie de services plus riche en emplois que l'industrie, le problème de l'économie française étant qu'elle sait créer de la valeur OU des emplois, mais pas les deux, la baisse du taux de...

à écrit le 10/04/2024 à 13:00
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Bonjour, avec une dette qui ce compte en milliards... Ils me semblent importants d'arrêt de vivre au dessus de nos moyens... Donc l'ons réduits la classe politique, la représentation parlementaires, le nombre de fonctionnaires, les aides sociales et...

le 10/04/2024 à 13:22
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ON PEUT COMMENCER PAR:1/ ARRETER LE CLIENTELISME DROITE-GAUCHE ET METTRE TOUT LE MONDE A L IMPOT 47% DE LA POPULATION NE LE PAYE PAS CE QUI N EXISTE NULLE PAR AILLEURS...2/METTRE TOUTES LES ENTREPRISES SUR LE MEME PIED D EGALITE FISCALE : MULTINATION...

le 10/04/2024 à 13:26
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ON PEUT COMMENCER PAR:1/ ARRETER LE CLIENTELISME DROITE-GAUCHE ET METTRE TOUT LE MONDE A L IMPOT 47% DE LA POPULATION NE LE PAYE PAS CE QUI N EXISTE NULLE PAR AILLEURS...2/METTRE TOUTES LES ENTREPRISES SUR LE MEME PIED D EGALITE FISCALE : MULTINATION...

le 10/04/2024 à 14:34
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Réponse à écart : tout le monde paye la tva, les taxes sur les carburants. L'impôt sur le revenu est marginal il ne sert qu'à rembourser les intérêts de la dette. Si l'on ne paye pas d'impôt sur le revenu c'est qu'on est non imposable parce que n'aya...

le 10/04/2024 à 17:42
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@Menon le passage de l'ISF à l'IFI a, en soi, représenté une perte de recettes fiscales d'environ 3 milliards d'euros. Il nous restera donc à faire 147 milliards de coupes de prestations sociales et de depenses courantes de l'état et des collectivi...

le 10/04/2024 à 18:33
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AdieuBCE : il y a bien plus de marges pour baisser les retraites que pour baisser des minimas sociaux pour aider des gens dont le principal tort est d'être nés bien trop tard pour bénéficier des aubaines juteuses dont ont bénéficié les retraités actu...

à écrit le 10/04/2024 à 12:01
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