Délais de paiement : recrudescence des gros retards en France

Les retards de paiement ont globalement reculé depuis l'automne 2020, selon le dernière enquête du cabinet Altares pour passer de 14,4 jours à 12 jours à la fin du premier semestre 2023. Dans le même temps, les gros retards de paiement supérieurs à 30 jours sont en recrudescence. Parmi les mauvais élèves figurent les entreprises de plus de 1.000 salariés.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Les nuages noirs de l'automne s'amoncellent au-dessus de l'économie française. Entre la remontée des prix du pétrole et le coup de frein de l'activité, les entreprises et les ménages traversent une période de fortes turbulences. Dans ce contexte morose, les retards de paiement risquent de s'allonger dans les mois à venir. Actuellement, le délai de paiement est d'environ 12 jours dans l'Hexagone selon la dernière étude d'Altares dévoilée ce mardi 26 septembre contre 14,4 jours à l'automne 2020.

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Mais derrière cette moyenne, il existe de fortes disparités. Au tableau des mauvais payeurs, figurent en premier lieu les entreprises de plus de 1.000 salariés avec près de 18 jours de retards de paiement au second trimestre 2023. A l'inverse, les entreprises de moins de 50 salariés apparaissent dans le haut du tableau avec un retard inférieur à 12 jours. « Au cours de ce premier semestre 2023, dans un contexte de ralentissement de l'activité conjugué à une inflation toujours forte et des taux d'intérêt plus élevés, l'étau s'est resserré sur les trésoreries et a contrarié les bonnes intentions observées en 2022 », a déclaré Thierry Millon directeur des études chez Altares.

De plus en plus de bons payeurs mais...

Le rebond économique post-pandémie en 2021 et 2022 a permis aux entreprises de raccourcir leur délai de paiement. Résultat, la proportion de bons payeurs a atteint un niveau historique à 49,3% contre 35,8% au T1 2020. Cette hausse spectaculaire s'explique en partie par de meilleurs résultats pour les retards de moins de 30 jours. Le ratio est passé de 58,4% à 43% en trois ans.

A l'opposé, le pourcentage des entreprises ayant des retards de paiement supérieurs à 30 jours ont augmenté passant de 5,8% à 7,6%. Cette légère hausse témoigne des difficultés des entreprises à régler leurs clients à temps.

La Bretagne sur le haut du podium, l'Ile-de-France en bas de tableau

Sur le plan géographique, la Bretagne fait la course en tête avec 8,9 jours de retard de paiement. Viennent ensuite les Pays de la Loire (9 jours) et la Nouvelle Aquitaine (9,9 jours). « Ces régions avaient déjà réussi à maintenir des retards voisins de 11 jours durant l'été 2020 alors que la moyenne nationale dépassait 14 jours », soulignent les auteurs de l'étude. A l'opposé, l'Ile-de-France fait partie des mauvais élèves avec 17,4 jours de retard de paiement. Arrivent ensuite la Corse (13,4 jours), la Provence-Alpes-Côte d'Azur (12,7 jours) et les Hauts de France (12,7 jours).

Les petites structures « sont un point d'attention » selon la banque de France

Ces retards de paiement devraient provoquer des tensions sur la trésorerie des entreprises. Pour l'instant, les économistes n'ont pas tiré la sonnette d'alarme sur les défaillances d'entreprise. « Mais les petites structures sont un point d'attention »,a souligné Guillaume Richet-Bourbousse, chef de l'observatoire des entreprises à la Banque de Francelors d'une récente réunion à l'OFCE. « Plus les structures sont petites, plus elles vont payer cher leur crédit », a-t-il poursuivi. La poursuite du resserrement de la politique monétaire en zone euro pourrait faire des dégâts dans les rangs des entreprises les plus fragiles.

Grégoire Normand
Commentaires 9
à écrit le 26/09/2023 à 9:40
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Et le gouvernement, ce donneur de leçon, est-il toujours cet amour de bon payeur dont il se vante?

à écrit le 26/09/2023 à 9:36
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"Parmi les mauvais élèves figurent les entreprises de plus de 1.000 salariés" Difficulté de trésorerie?🤔 ou opportunisme avec le resserrement monétaire?🤣dès l'instant où un cash flow non négligeable reste déposé et rémunéré avec un taux d'intérêt =>a...

le 26/09/2023 à 15:02
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En usage dans la grande distrib où les revenus des excédents de trésorerie rapportent plus que la marge nette sur chiffre d'affaires !!! d'où l'intérêt d'étirer les délais de paiements ...mais chut Michel Edouard le défenseur de la veuve et l'opprim...

le 27/09/2023 à 15:46
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Absolument, j'avais eu écho d'entreprises faisant presque davantage de profits sur les intérêts bancaire que sur leur coeur de métier... Et puis dans certains cas, c'est une technique de gestion à part entière avec des fournisseurs fragiles et facile...

à écrit le 26/09/2023 à 9:05
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12/14 jours...un retard de paiement ? J'aurai bien aimé être payé dans ce temps là. C'était plutôt 60 jours fin de mois et les relances sous toutes ses formes "bouffaient" un temps précieux !

le 26/09/2023 à 9:50
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La grande distribution, c'est de mémoire 120 jours...

le 26/09/2023 à 12:19
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@reponse de o Faut il en déduire que les grandes surfaces paient à 120 jours fin de mois (et non pas date de facture)+ 12 jours, soit environ 160 jours après l'émission de la facture? 5 mois de trésorerie, plusieurs centaines de millions placés, ça ...

à écrit le 26/09/2023 à 8:40
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C'est bien connu qu'en France, le donneur d'ordre ne traitent pas les fournisseurs comme des partenaires, mais comme des vassaux... Et forcément, tout le monde a envie de travailler pour le donneurs d'ordre, simple question de bon sens!

à écrit le 26/09/2023 à 8:11
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A quand la fin des impôts, de tous les impôts, sur les entreprises afin d'instaurer un véritable impôt sur les fortunes et patrimoines personnels ? Boostons les entreprises et bridons les riches ! C'est ça la clé mais oligarchie en déclin, en faillit...

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