
Les nuages noirs de l'automne s'amoncellent au-dessus de l'économie française. Entre la remontée des prix du pétrole et le coup de frein de l'activité, les entreprises et les ménages traversent une période de fortes turbulences. Dans ce contexte morose, les retards de paiement risquent de s'allonger dans les mois à venir. Actuellement, le délai de paiement est d'environ 12 jours dans l'Hexagone selon la dernière étude d'Altares dévoilée ce mardi 26 septembre contre 14,4 jours à l'automne 2020.
Mais derrière cette moyenne, il existe de fortes disparités. Au tableau des mauvais payeurs, figurent en premier lieu les entreprises de plus de 1.000 salariés avec près de 18 jours de retards de paiement au second trimestre 2023. A l'inverse, les entreprises de moins de 50 salariés apparaissent dans le haut du tableau avec un retard inférieur à 12 jours. « Au cours de ce premier semestre 2023, dans un contexte de ralentissement de l'activité conjugué à une inflation toujours forte et des taux d'intérêt plus élevés, l'étau s'est resserré sur les trésoreries et a contrarié les bonnes intentions observées en 2022 », a déclaré Thierry Millon directeur des études chez Altares.
De plus en plus de bons payeurs mais...
Le rebond économique post-pandémie en 2021 et 2022 a permis aux entreprises de raccourcir leur délai de paiement. Résultat, la proportion de bons payeurs a atteint un niveau historique à 49,3% contre 35,8% au T1 2020. Cette hausse spectaculaire s'explique en partie par de meilleurs résultats pour les retards de moins de 30 jours. Le ratio est passé de 58,4% à 43% en trois ans.
A l'opposé, le pourcentage des entreprises ayant des retards de paiement supérieurs à 30 jours ont augmenté passant de 5,8% à 7,6%. Cette légère hausse témoigne des difficultés des entreprises à régler leurs clients à temps.
La Bretagne sur le haut du podium, l'Ile-de-France en bas de tableau
Sur le plan géographique, la Bretagne fait la course en tête avec 8,9 jours de retard de paiement. Viennent ensuite les Pays de la Loire (9 jours) et la Nouvelle Aquitaine (9,9 jours). « Ces régions avaient déjà réussi à maintenir des retards voisins de 11 jours durant l'été 2020 alors que la moyenne nationale dépassait 14 jours », soulignent les auteurs de l'étude. A l'opposé, l'Ile-de-France fait partie des mauvais élèves avec 17,4 jours de retard de paiement. Arrivent ensuite la Corse (13,4 jours), la Provence-Alpes-Côte d'Azur (12,7 jours) et les Hauts de France (12,7 jours).
Les petites structures « sont un point d'attention » selon la banque de France
Ces retards de paiement devraient provoquer des tensions sur la trésorerie des entreprises. Pour l'instant, les économistes n'ont pas tiré la sonnette d'alarme sur les défaillances d'entreprise. « Mais les petites structures sont un point d'attention »,a souligné Guillaume Richet-Bourbousse, chef de l'observatoire des entreprises à la Banque de Francelors d'une récente réunion à l'OFCE. « Plus les structures sont petites, plus elles vont payer cher leur crédit », a-t-il poursuivi. La poursuite du resserrement de la politique monétaire en zone euro pourrait faire des dégâts dans les rangs des entreprises les plus fragiles.