La deuxième séquence gouvernementale, celle de l'annonce de nouvelles mesures pour ralentir les chiffres du Covid, est en marche. Après avoir fait le constat que « le couvre-feu (n'était) pas suffisant face aux variants du coronavirus » par la voix du ministre Olivier Véran, l'exécutif se rapproche de l'échéance d'une intervention pour annoncer une nouvelle stratégie. Tout l'enjeu pour lui, face à un rejet latent de la population d'un troisième confinement, est de préparer les esprits.
Or, c'est loin d'être acquis. Sur Twitter, un mouvement d'opposition aux prochaines restrictions émergeait sous les hashtags #JeNeMeConfineraiPas et #DesobeissanceCivile, comme le relevait la plateforme de veille des réseaux sociaux Visibrain. D'autres récurrences de termes ont été observées telles « Liberté » pour dénoncer une entrave aux libertés des citoyens, #DictatureSanitaire, #JouvreMonResto, #Resistance. Depuis vendredi 22 janvier, 219.387 messages ont ainsi été publiés sur le site de microblogging, selon Visibrain.
L'exécutif est face à son dilemme. Emmanuel Macron pourrait annoncer ce week-end ou lundi ces mesures, qui feront l'objet d'un débat et d'un vote symbolique au Parlement la semaine prochaine, a-t-on appris de plusieurs responsables politiques ayant participé jeudi à des réunions avec le Premier ministre Jean Castex.
Le conseil scientifique recommande de laisser les écoles ouvertes
Quelles formes prendront ces nouvelles restrictions ? C'est tout l'enjeu de ces prochains jours, même si, face au risque de saturation des hôpitaux et à la déprogrammation d'opération, les options de l'État sont limitées.
Deux scénarios semblaient sortir du lot cette semaine : un confinement seulement les week-ends - qui semble toutefois insuffisant face aux bilans sanitaires locaux -, ou encore l'allongement des vacances de février avec l'interdiction des déplacements inter-régionaux.
« Il est évidemment possible de réfléchir à allonger les vacances d'un côté ou de l'autre. Mais notre objectif est que les enfants puissent continuer à apprendre », a confirmé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, alors que le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer milite plutôt pour « préserver les calendriers autant qu'on peut ».
Point clé pour les foyers avec enfants qui bouleverse l'organisation des salariés, surtout ceux en télétravail : la fermeture des écoles. Le conseil scientifique reste, lui, ce vendredi favorable à l'ouverture des écoles en France malgré l'arrivée de variants.
« Nous recommandions, y compris avec les variants, la poursuite de l'ouverture des écoles, parce qu'il y a d'autres enjeux (...) qui sont des enjeux sociétaux et en particulier pour les enfants qui sont issus des classes les plus fragiles ou socialement défavorisées. Nous restons pour l'instant sur cette position. (...) Les enfants sont aussi un facteur de transmission mais ils ne sont pas un facteur de transmission particulièrement impliqué dans la transmission de ces variants », selon les propos de son président Jean-François Delfraissy, rapportés par Reuters.
Et les commerces ?
Des discussions sont également en cours sur un éventuel durcissement du protocole sanitaire dans les commerces, notamment les grandes surfaces alimentaires, a indiqué le président de l'enseigne Système U, Dominique Schelcher.
Une chose reste acquise : la succession des concertations menées à Matignon par Jean Castex ont fait émerger « un consensus autour de la fragilité de la situation épidémique, et un second consensus qui découle directement du premier, (...) la nécessité de prendre des mesures supplémentaires pour freiner la circulation du virus dans les prochains jours », a rapporté le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue des réunions.
L'hypothèse d'un troisième confinement a constamment plané sur les échanges.
Un week-end décisif
« Sincèrement rien n'est décidé. Il y a une borne à samedi pour faire un point sur les effets du couvre-feu », a indiqué une source gouvernementale. De fait, sont attendus les résultats du couvre-feu à 18h avec deux semaines de recul (c'est à dire ce week-end), et de nouvelles données sur la propagation des variants anglais et sud-africain plus contagieux.
Les variants du virus, qui se sont diffusés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud et qui représenteraient désormais un dixième des cas en France (2.000 par jour), « sont susceptibles d'entraîner une vague épidémique très forte, plus forte encore que les précédentes compte-tenu de (leur) forte contagiosité », a mis en garde le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d'un point presse jeudi après-midi.
Chaque jour apparaissent de nouveaux indicateurs de dégradation économique: ainsi, la construction de logements a baissé de 6,9% en 2020 et la tendance s'annonce encore pire pour les mois à venir, selon des chiffres officiels de jeudi du gouvernement. La veille, les chiffres de l'emploi ont montré que le nombre de chômeurs a augmenté de 7,5% en 2020 par rapport à l'année précédente.
Les hôpitaux ont enregistré 11.219 nouvelles hospitalisations de malades du Covid-19 sur les sept derniers jours, contre 11.271 mercredi. Parmi eux, 1.800 ont dû être admis dans un service de réanimation, contre 1.789 la veille (total sur sept jours).
Alors que certaines régions sont désormais en situation de pénurie de vaccins, le ministère de la Santé prévoit que 2,4 millions d'injections seront réalisées en février, dont 1 million de premières injections, contre 1,35 million de doses au total au cours du premier mois de la campagne de vaccination.
(Avec AFP et Reuters)